Patience et longueur de temps...
(Agence Science-Presse) - Les cellules-souches
ont encore du chemin à faire, avant de devenir
le traitement-miracle qu'on nous promet. Après
une période optimiste, au cours de laquelle de
nombreuses études voyaient dans ces cellules
des propriétés inattendues, capables par
exemple de réparer des tissus de notre corps,
voilà que d'autres études vont dans le
sens exactement inverse.
Si elles avaient vraiment les qualités
quon leur prête, ces cellules pourraient
devenir la clef de traitements contre des maux tels
que lAlzheimer (en régénérant
littéralement des morceaux de cerveaux malades)
ou le Parkinson. Elles pourraient servir à faire
"pousser" des morceaux de peaux qui seraient
ensuite greffés sur des grands brûlés,
ou elles auraient pour objectif de "reboucher"
un muscle cardiaque endommagé à la suite
dune attaque.
Mais ont-elles vraiment ces capacités?
Pour le biologiste Irving Weissman, de lUniversité
Stanford (Californie), lui-même spécialiste
des cellules-souches, toutes les expériences
menées jusquici devront être reprises
à zéro, avant despérer voir
des médecins employer ces cellules comme traitements.
Trop dexpériences auraient été
menées, selon lui, avec des groupes danimaux
trop petits, ou suivant des méthodologies bâclées.
Dans leur hâte à publier, certains chercheurs
"nont peut-être pas été
aussi rigoureux quils auraient dû lêtre",
déclare prudemment, pour la revue Nature,
Tariq Enver, de lInstitut de recherche sur le
cancer, à Londres.
Rappelons quune cellule-souche est
une cellule dun embryon, qui ne sest pas
encore spécialisée et qui, pour cette
raison, pourrait devenir nimporte quoi: poumon,
rein, foie, morceau de peau, etc. Cela, au moins est
clair. Ce qui lest moins, cest jusquà
quel point certaines cellules adultes plus faciles
à obtenir, et au prix de moins de controverses-
ont aussi cette propriété. Par exemple,
lan dernier, une recherche qui avait obtenu beaucoup
dattention, signée Diane Krause, de lUniversité
Yale, avait rapporté quune cellule-souche
extraite de la moelle épinière dun
adulte, et dont la fonction normale est de produire
du sang, avait pu être amenée à
produire des fragments de rein, de poumon et de peau.
Aujourdhui, cest une des études que
remet en doute léquipe dIrving Weissman:
employant une méthode différente de sa
collègue, il nest arrivé à
produire que huit microscopiques cellules... avec trois
souris.
Rien de tout cela ne sonne le glas des
cellules-souches adultes. Mais les prochains chercheurs
qui seront tentés dannoncer des résultats
spectaculaires vont devoir jouer de beaucoup de prudence...