Plutôt mourir que de dire la vérité
(Agence Science-Presse) - En Chine, tout
le monde sait quil ne fait pas bon dire des vérités
qui dérangent les autorités. Mais quand
cela en vient à concerner lépidémie
de sida, on sinterroge sur la santé mentale
de ceux qui gouvernent.
Les chiffres sont de plus en plus alarmants:
il y aurait peut-être là-bas, désormais,
un million de personnes infectées par le VIH,
le virus responsable du sida. Un rapport des Nations
Unies publié en juin parle plutôt dun
million et demi, et prévient que ce nombre pourrait
atteindre 10 millions à la fin de la décennie.
Le gouvernement chinois commence même à
en parler (voir ce texte),
et à mettre sur pied des campagnes de prévention
et dinformation, mais le tout se fait à
pas de loup.
Et voilà quun des plus visibles
militants de la lutte anti-sida dans ce pays est mystérieusement
porté disparu, depuis son arrestation à
la fin du mois daoût.
Wan Yanhai aurait été vu
en la présence dagents des forces de sécurité
deux semaines après sa disparition à Beijing,
affirment sa femme et ses collègues. Les autorités
chinoises se sont jusquici refusées à
tout commentaire. Mais si elles sont derrière
cette disparition, et si elles espéraient ainsi
faire taire les propos alarmistes sur lépidémie
de sida en Chine, elles se sont mises le doigt dans
loeil. La disparition de Wan Yanhai a plutôt
attiré les projecteurs de tous les groupes anti-sida
de la planète.
Ce qui narrange pas les choses pour
limage du gouvernement, cest que le taux
de prévalence dans des provinces du centre telles
que lAnhui et lHenan, suggèrent que
le virus se serait répandu à travers des
réserves de sang contaminé échappant
au contrôle des autorités. En août
2001, le ministre de la Santé avait admis que,
au Henan, des milliers de gens avaient été
infectés à travers des transfusions de
sang. Wan Yanhai avait été fort critique
sur la façon dont le gouvernement gère
ou ne gère pas- les réserves de
sang, allant jusquà accuser des fonctionnaires
locaux de tirer des bénéfices financiers
de ces réserves illégales de sang. Dès
juin dernier, le local de son groupe anti-sida, sur
le campus dun collège de Beijing, avait
été fermé par les autorités
en vertu dune loi sur les organisations non-gouvernementales.