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Le 20 février 2002



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Breveter le vivant, pourquoi faire?

BOSTON (ASP) - Quatre chercheurs, et pas un seul qui est parvenu à trouver un avantage aux brevets du vivant. Y aurait-il quelque chose de pourri au royaume de la recherche?

D’aucuns diront qu’avec un symposium intitulé Les brevets, la science et l’intérêt public, c’était couru d’avance: les organisateurs du congrès de l’Association américaine pour l’avancement des sciences savaient parfaitement, en choisissant ce titre, que le système des brevets n’a jamais été mis sur pied pour protéger l’intérêt du public, mais plutôt pour protéger les énormes investissements des compagnies privées. Sauf que le premier des conférenciers, Joshua Lesner, de l’École d’économie de l’Université Harvard, semblait vraiment s’être donné pour ambition de donner sa chance à ce système: passons en revue ses 150 ans d’histoire, s’est-il dit, et on verra bien dans quel sens il a évolué.

Et déjà, sa conclusion n’est pas à l’avantage du système: "les gains sont réduits dans les pays en voie de développement ; et encore plus modestes aux États-Unis". L’un dans l’autre, rien qui ne justifie que le gouvernement américain mette à ce point l’épaule à la roue pour défendre le système. "Les prétentions que le (système des brevets) va mousser la productivité américaine restent à démontrer." Même après 150 ans.

On peut alors deviner que lorsqu’on en arrive aux brevets sur le vivant, dont l’histoire est pas mal plus courte, les gains, si gains il y a, soient encore plus mitigés. Des études récentes ont révélé par exemple qu’un quart des chercheurs ont dit avoir été empêchés de faire un test de dépistage de telle ou telle maladie, parce que des brevets avaient été déposés sur les gènes correspondants. Près de la moitié n’ont pu développer ou valider un nouveau type de test, à cause d’un gène breveté. Bref, une découverte est là, à la portée de la main, qui pourrait améliorer les soins médicaux, ou la santé publique, mais on ne peut s’en servir, bloquée qu’elle est dans le processus tortueux de la commercialisation.

Certes, insiste lourdement Jon Merz, de l’Université de Pennsylvanie, on ne peut en aucun cas affirmer que cela a eu un impact durable sur la recherche scientifique. Mais les faits ne parlent pas en faveur du système de brevets...

Ce n’est pas tout. L’avocat Robert Weissman est revenu de quelques années en arrière, jusqu'à la loi américaine Bayh-Dole, qui avait jadis représenté une mini-révolution, puisqu'elle autorisait pour la première fois les universités à commercialiser les innovations réalisées chez elles, y compris celles qui réalisées grâce à des subventions gouvernementales -c'est-à-dire, dans les faits, la grande majorité des innovations.

Or, cette loi, qui constitue aujourd'hui une des assises du système de brevets sur le vivant, n'avait été adoptée qu'après un débat de cinq ans. La question était -et demeure toujours- hautement controversée: pour les défenseurs de cette loi, elle représentait la seule façon de contrer "l'invasion" japonaise dans l'économie. Pour les autres, si le gouvernement a subventionné une recherche scientifique, alors celle-ci demeure propriété du public.

Le débat n'est toujours pas réglé, mais la loi Bayh-Dole a eu des effets pervers, souligne Weissman: une innovation commercialisée devient du même coup trop coûteuse pour les pays en développement; et de nombreux scientifiques, juste pour se sentir en sécurité, se mettent à "sur-breveter" -autrement dit, ils déposent des brevets sur à peu près n'importe quoi ayant une vague possibilité de réussite, y compris sur un maximum de gènes et de protéines humaines et animales.

A ses yeux, certains secteurs de la recherche devraient être carrément écartés du système des brevets; il faudrait poser des limites au dépôt de brevets ultérieurs (par exemple, une personne déposant un brevet sur la protéine A ne devrait pas nécessairement être autorisée à en déposer ensuite sur toutes les protéines liées à celle-ci); les compagnies devraient avoir l'obligation de réinvestir une partie de leurs profits tirés d'un brevet sur le vivant.

Toutes des belles propositions sur papier, mais qui, en dépit d'un consensus étonnamment large dans la communauté scientifique, risquent d'entraîner d'autres très longs débats…

Pascal Lapointe

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