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semaine du 9 août 2004



La course aux tricheurs

C'est comme une course aux armements: les scientifiques tentent de mettre au point de nouvelles méthodes pour détecter les athlètes qui se dopent, tandis que ceux-ci expérimentent de nouvelles méthodes pour échapper au radar.

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Hier, c'étaient les stéroïdes. Aujourd'hui, les hormones. Demain, sans doute, les gènes. Mais une fois qu'on a dit ça, on n'a pas dit grand-chose: les variations sont infinies et les procédés pour les rendre indétectables se multiplient à mesure que s'accroît le savoir en microbiologie, en endocrinologie ou en génétique. Il y a seulement 15 ans, il suffisait de suspendre le "régime" de stéroïdes assez longtemps avant une compétition pour qu'il n'en subsiste plus de trace dans l'urine. Aujourd'hui, les chercheurs doivent imaginer des technologies qui n'existent pas encore pour détecter des composés chimiques synthétiques qui n'ont pas encore été inventés, ou pour détecter des protéines tout à fait naturelles qui moussent la capacité du corps à se construire du muscle, entreposer du gras ou accumuler de l'oxygène.

Pour résumer, le combat se déroule sur trois fronts.

1. D'abord, les stéroïdes: jusqu'en 2002, les forces antidopages croyaient avoir gagné la bataille. A ce moment, en effet, les nouvelles techniques rendaient désormais possible d'en détecter même des quantités infinitésimales. Autrement dit, même si vous n'en preniez plus de des semaines, votre pipi pouvait vous trahir.

Et puis, arriva une révélation: des versions synthétiques de stéroïdes circulaient, capables d'échapper aux détecteurs puisque ceux-ci n'avaient pas été "calibrés" pour ces versions. L'Agence antidopage américaine recevait, en juin 2003, d'une source anonyme, une seringue usagée contenant du THG, un composé chimique jusque-là inconnu (voir ce texte).


2. Ensuite, les hormones. Si détecter des stéroïdes inconnus est déjà difficile, détecter des hormones qui sont naturellement produites par notre corps l'est plus encore! Rappelons en efet le principe: notre corps produit des hormones, comme l'EPO, produite par nos reins et qui stimule la production de globules rouges, de sorte que le sang transporte davantage d'oxygène. Ce qui devient drôlement important dans une activité sportive...

Or, le niveau de ces hormones fluctue d'heure en heure et d'une personne à l'autre; par exemple, les personnes vivant en altitude produisent davantage d'EPO, pour compenser le faible taux d'oxygène dans l'air; c'est de là qu'est venue l'idée des tentes à oxygène sous lesquelles dorment désormais plusieurs athlètes. Autre cas: l'hormone humaine de croissance fait partie d'un processus biochimique indispensable à la bonne marche de nos muscles et à l'élimination du gras; elle n'est donc pas produite à toute heure du jour et sa production varie en fonction de l'activité physique et de l'alimentation de chacun.

Résultat de ces fluctuations: la seule chance qu'ont les médecins anti-dopage est de détecter des "signaux secondaires": des traces indiquant que quelqu'un a joué avec la chimie naturelle de son? L corps. Mais que peuvent être ces signaux secondaires, où peut-on les trouver et comment déterminer leur fiabilité? Là-dessus, exception faite de l'EPO (les tests imposent notamment une limite au pourcentage de globules rouges), presque tout reste à inventer. À Athènes, de nouveaux tests seront en place à propos de l'hormone humaine de croissance.


3. Dernier front: les gènes. Les journaux ont commencé tout doucement, cette année, à évoquer cette perspective digne de la science-fiction. S'il est certain qu'aucun athlète olympique, à Athènes, n'est le résultat d'une manipulation génétique, ce n'est plus qu'une question d'années avant que quelques-uns ne soient prêts à risquer leur vie sur une thérapie génique: par exemple, pour activer un gène tel IGF-1, dont la tâche serait de stimuler la force musculaire.

Ces gènes-clefs sont en passe d'être tous identifiés; certains le sont déjà. Par contre, on ignore totalement quel impact aurait une pareille thérapie génique; car depuis 15 ans qu'elle est expérimentée, la thérapie génique a engendré nombre de promesses, mais fort peu de résultats positifs… et quelques échecs désastreux. Peu importe: il y a en effet fort à parier que dans un coin ou l'autre du monde, plusieurs athlètes-en-devenir n'auront pas la patience d'attendre... Et comment un test antidopage pourra-t-il bien détecter un gène altéré, alors que la science de la génétique elle-même n'en est qu'à ses premiers balbutiements?

 

 

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