Avec ce projet et surtout ce budget, on ne
sera jamais sur la Lune en 2018, affirment ces critiques.
Pas assez d'argent, pas de vision à long terme: c'est
bien beau se rendre sur la Lune, mais pourquoi? Le projet
de la NASA n'en fait nulle mention.
Pour Henry Vanderbilt, du groupe de pression
Space Access Society, la stratégie choisie
par la Nasa est même... dépassée! "C'est,
à la base, la même approche qu'Apollo: un vaisseau
(essentiellement) jetable, sur des réacteurs géants
fabriqués par la NASA, lancés quelques fois
par année par une armée d'employés
de la NASA et de sous-contractants. C'est Apollo 2.0."
Le plan, dévoilé la semaine
dernière par le directeur de l'agence spatiale
américaine Michael Griffin, s'appuie effectivement
sur une
capsule qui, dans un premier temps (en 2012 si
tout va bien) succéderait à la navette
comme véhicule pour transporter les astronautes
jusqu'à la station spatiale. En 2018 (si tout
se passe comme prévu), cette capsule, au sommet
d'un nouveau type de fusée porteuse, transporterait
quatre astronautes jusqu'à la Lune.
Le plan ouvre la porte à la possibilité
de construire ensuite une base lunaire habitée
en permanence, mais n'oblige pas la NASA à
s'avancer jusque-là, ce qui a été
la semaine dernière le principal catalyseur
des critiques: "une fois l'enthousiasme des premières
missions passé", la
porte est grande ouverte, en vertu de ce plan, à
son interruption par le Congrès, évalue
Vanderbilt dans son bulletin. Exactement comme
cela s'est produit avec Apollo il y a 40 ans: des
missions spectaculaires, mais sans vision à
long terme, avec pour résultat qu'il devint
facile pour les politiciens, en 1972, d'y mettre fin.
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*
Coût d'un retour sur la Lune: 105 milliards
$ sur 13 ans
*
Coût de la reconstruction suite à l'ouragan
Katrina: 200 milliards $ (estimation)
*
Coût annuel (2005), du programme de la navette:
4,5 milliards$
*
Coût en 2010 (estimation): 2,4 milliards$
La
NASA représente actuellement 0,7% du budget
fédéral
A
l'époque du programme Apollo, elle en représentait
4%
A
lire aussi:
Pourquoi
nous n'irons pas sur Mars (19 janvier 2004)
|
L'absence d'une base lunaire n'est pas le
seul élément disparu du projet qu'avait annoncé
en janvier 2004 le Président Bush: celui-ci faisait
alors référence à un retour sur la
Lune avant 2020, suivi d'une première mission habitée
vers Mars. Or, nulle mention de Mars n'a été
faite dans le projet déposé par la NASA et
pour cause: les estimations les plus prudentes faisaient
état l'an dernier d'une facture de 500 milliards$,
ce qui est loin, très loin au-delà du budget
de l'agence spatiale américaine (lire Pourquoi
nous n'irons pas sur Mars).
Le programme de retour sur la Lune, à
lui seul, coûtera 105 milliards$ d'ici 2018.
Mise à la retraite des navettes
Dans l'immédiat par contre, ce plan
rend encore plus concrète la mise à la retraite
prochaine des navettes spatiales. Elle est annoncée
pour 2010. La future capsule, ou Crew Exploration Vehicle
est appelée à les remplacer en 2012. Mais
plusieurs souhaitaient que la mise à la retraite
des navettes survienne beaucoup plus tôt.
En continuant à dépenser des
sous pour la navette, l'agence spatiale gaspille des milliards
de dollars qui pourraient être employés plus
judicieusement selon Robert Zubrin, lobbyiste qui défend
depuis une décennie l'idée d'une mission humaine
vers Mars.
"Compte tenu des fonds engloutis dans le programme
de la navette, il n'y a aucune façon crédible
d'accélérer le développement d'un Crew
Exploration Vehicle, à moins que le budget de la
NASA n'augmente davantage que prévu", ajoute, dans
les pages du New Scientist, le représentant
Sherwood Boehlert, directeur du Comité des sciences
de la Chambre des représentants.
Pour les autres au contraire, il n'est pas
question d'offrir une retraite prématurée
à la navette. Et
parmi eux, rapporte le Florida Today, il y a
des représentants républicains de poids: ceux-ci
invoquent les coûts (de 5 à 10 milliards$)
de rupture des contrats avec les firmes liées à
la navette, sans compter tous leurs électeurs qui
vivent de ces contrats.
Le programme de la NASA déposé
la semaine dernière prévoit une retraite de
la navette en 2010, et une diminution progressive des coûts
d'ici là: de 4,5 milliards$ en 2005 à 2,4
milliards$ en 2010. Mais le programme ne dit nulle part
comment il réduira ses coûts de moitié...
tout en maintenant quatre ou cinq lancements par année.
"Ce qu'ils développent vraiment", poursuit
Robert Zubrin en entrevue à la BBC, c'est de
l'équipement pour achever la construction de la station
spatiale pour moins cher. Mais si un nouveau président
arrive en 2009 et n'a aucun intérêt pour l'exploration
spatiale, "il pourra juste dire merci d'avoir rationalisé
la station spatiale et tout arrêter là.
Pascal Lapointe