Semaine du 24 mai 1999

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Le tueur transgénique


C
ette fois, ça y est, on en tient un. Un cas d'aliment transgénique qui a eu un impact dûment observé et mesuré.

 

Ces derniers mois, les aliments transgéniques ont été omniprésents dans l'actualité -du moins, en Europe, l'Amérique étant encore particulièrement distante là-dessus. Encore tout récemment, des scientifiques prenaient position dans le débat, soulignant à quel point toute panique était injustifiée, mais combien, en même temps, un manque d'études sérieuses se faisait cruellement sentir. Notamment sur un point capital: que se passerait-il en cas "d'évasion transgénique" -c'est-à-dire une plante altérée génétiquement dont les gènes s'échapperaient jusque chez les plantes "normales" du voisin?

L'étude publiée à la Une de la revue britannique Nature constitue apparemment une première: un cas où un pollen transgénique a causé du tort à une autre espèce vivante -en l'occurence, la chenille du papillon monarque, qui peut en être gravement affectée et ce, même si elle vit assez loin du champ "modifié".

Il s'agit plus précisément du pollen d'une espèce particulièrement répandue de maïs transgénique, dont les modifications génétiques ont pour but de le protéger des insectes nuisibles. Les chenilles qui s'en nourrissent perdent l'appétit, grandissent moins vite et meurent plus rapidement. Après quatre jours, ont constaté les chercheurs de l'Université Cornell, 44% des chenilles étaient mortes -contre aucune de celles qui n'avaient pas mangé ce pollen.

Les monarques ne constituent pas une espèce en voie de disparition, mais les environnementalistes ont rapidement conclu que si cette espèce de papillon a pu être ainsi affectée, d'autres insectes pourraient l'être tout autant, au point de débalancer la chaîne alimentaire.

Le maïs en question est appelé maïs BT (de Bacillus thuringiensis, la bactérie d'où provient le matériel génétique "étranger"), et est produit par les géants de l'agriculture Novartis AG, Pioneer Hi-Bred International et -encore elle- Monsanto. Les modifications génétiques conduisent ce maïs à produire une toxine qui tue les insectes européens ravageurs de cultures de maïs. La chenille ne fait pas partie des insectes censés être touchés. Approuvé aux Etats-Unis par la Food and Drug Administration, ce maïs est sur le marché depuis 1996, et représenterait à lui seul 25% des 80 millions d'acres de maïs plantés dans ce pays en 1998.

Il est important de souligner que ces chenilles n'ont pas été tuées par des gènes qui se seraient échappés dans la nature -la crainte majeure des environnementalistes- mais par le produit d'une plante altérée -en l'occurence, son pollen. Mais avec l'importance qu'a prise cette plante aux Etats-Unis, l'urgence d'intensifier les recherches se fait drôlement sentir.

L'argument des défenseurs de ce maïs n'a pas tardé: un "maïs BT" est beaucoup moins dommageable pour l'environnement et pour la santé que l'utilisation d'insecticides chimiques, qui constituait la norme jusqu'à tout récemment. Même l'auteur principal de l'étude de Nature, John Losey, souscrit à cette opinion: compte tenu que d'autres études ont prouvé il y a deux ans que le maïs BT ne causait aucun tort aux humains et aux mammifères, "je crois que les bénéfices connus du maïs BT l'emportent sur les risques potentiels".

Moins de 24 heures après la parution de l'étude, la Commission européenne annonçait qu'elle gèlerait, dans l'attente de plus amples informations, les procédures entreprises par la firme américaine Pioneer Hi-Bred pour exporter ce maïs en Europe. Les autorités européennes font l'objet d'intenses pressions des Américains pour accélérer les processus d'approbation de produits de ce genre: les Américains évaluent à 200 millions$ les revenus qui sont passés sous le nez de leurs fermiers l'an dernier, parce que des cultures transgéniques déjà bien établies aux Etats-Unis demeurent interdites en Europe.

Mais de leur côté, les Européens, et en particulier les Britanniques, pressent désormais les Américains d'interdire cette variété de maïs BT.

Si d'autres recherches devaient confirmer les résultats publiés dans Nature, déclare le président du comité aviseur sur l'environnement, il serait du devoir des autorités américaines d'agir immédiatement, notamment en retirant au producteur son permis pour cette variété de maïs.

Chose certaine, la nouvelle a eu un effet auquel la très austère revue Nature n'est pas habituée: son site web a craqué jeudi, sous la pression d'un trop grand nombre de visiteurs...

 

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