EN MANCHETTES SUR LE NET


Semaine du 28 juillet 1997


En manchettes la semaine dernière:
Pathfinder: Et maintenant?

A lire également cette semaine:
Le singe de 15 millions d'années

Accalmie sur Mir

Menace sur les Galapagos

Et notre nouvelle section:

Y a-t-il d'autres Terre? Y a-t-il de la vie ailleurs?


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Clonage: l'industrie salive

 


Ainsi donc, ils ont cloné une nouvelle brebis -et cette fois, nous annonçaient les journaux la semaine dernière, ils l'ont fait en la dotant d'un gène humain. Qu'est-ce que cela signifie?

 

Eh bien ça signifie un nouveau pas, et de taille, dans un secteur scientifique qui prend de plus en plus l'allure d'une industrie en pleine émergence: le fait qu'on ait autant parlé, la semaine dernière, des applications industrielles de cette découverte que de la découverte elle-même, en dit long.

Reprenons tout d'abord du début: la semaine dernière, l'Institut Roslin, en Ecosse, le même qui avait stupéfié le monde en février dernier en annonçant avoir réussi le premier clonage d'un animal adulte -la brebis Dolly- a annoncé jeudi, 24 juillet, qu'il avait cloné avec succès quatre brebis cette fois, toutes quatre à partir d'un animal adulte. Et cette fois avec un ajout, qui constitue l'événement: un gène humain.

Le gène en question a été choisi pour sa capacité à produire une protéine humaine dans le lait de ces brebis, lait qui pourrait ensuite être donné à des patients. L'Institut Roslin n'est pas allé jusqu'à dévoiler à quels patients, ni à quel usage était prévu cette protéine, mais deux exemples ont été évoqués par la presse la semaine dernière: les hémophiles et les personnes atteintes de maladies de la moëlle osseuse.

L'annonce, souligne le Daily Telegraph de Londres, intensifiera les pressions des groupes de défense des droits des animaux, qui réclament une étude approfondie des bienfaits des manipulations génétiques animales, avant d'aller plus loin.

Mais pour l'industrie pharmaceutique, le bienfait ne laisse aucun doute: Polly -c'est le nom de la nouvelle vedette, née le 9 juillet- parce qu'elle porte en elle cette "protéine thérapeutique", pourra la produire -grâce à son lait- en quantité beaucoup plus grande, et à un coût bien moindre, que ce que n'importe qui dans l'industrie aurait pu faire. Le bailleur de fonds de ce nouveau clonage est incidemment un géant de l'industrie, PPL Therapeutics.

Le rêve ultime: qu'un jour des brebis comme Polly ou des vaches transgéniques puissent produire avec leur lait n'importe quoi, depuis l'antithrombine, une protéine qui contribue à la coagulation du sang, jusqu'à l'albumine, utilisée dans le traitement des brûlures.
Enfin, le clonage intéresse également les éleveurs, qui y voient une façon d'obtenir des animaux qui produisent davantage de viande ou grandissent plus vite.


Pas de clonage humain

Il faut souligner que le fait de transférer une protéine humaine dans l'ovule de la brebis qu'on désire cloner n'a rien à voir avec le clonage humain, qui a fait l'objet de multiples débats depuis février, et d'un moratoire aux Etats-Unis. Il y a longtemps que des gènes humains sont utilisés dans la recherche scientifique. Il y a également longtemps que les manipulations génétiques sont devenues courantes, autant du côté des animaux que des végétaux -des légumes transgéniques ont fait leur apparition ici et là, sous contrôle étroit, dans certains marchés américains et européens.

En revanche, le véritable clonage humain, c'est-à-dire le prélèvement du noyau complet d'une cellule d'un être humain, pour le transférer dans une ovule fécondée, constituerait une marche bien plus imposante -et que, mis à part quelques illuminés à la Raël, personne n'a parlé de franchir depuis février.

Mais sans qu'il soit besoin d'en arriver là, le quadruple clonage écossais, survenant moins de cinq mois après l'exploit "Dolly", rappelle à quel point la recherche en biotechnologie évolue désormais à un rythme stupéfiant -peu importe les inquiétudes que l'on puisse avoir à son sujet.





Comment transformer une brebis en une usine à médicaments
Un graphique du Daily Telegraph.

L'Institut Roslin

Egalement parus sur le site de l'Agence Science-Presse:

La manchette du 24 février 1997: Le premier clone d'un adulte est né

La manchette du 3 mars 1997: Les clones secouent la planète

La manchette du 10 mars 1997: Le clonage secoué entre l'éthique et l'embargo.