EN MANCHETTES SUR LE NET


Semaines des 7, 14 et 21 juillet 1997


En manchettes la semaine dernière:
Mir à la poubelle?

A lire également, notre nouvelle section:

Y a-t-il d'autres Terre? Y a-t-il de la vie ailleurs?


Retrouvez les manchettes des semaines précédentes



Qui sommes-nous?


Commentaires?



Retour au site de l'ASP

Répertoire des meilleurs sites scientifiques


Sommaire des magazines scientifiques



Publicité


En manchettes sur le Net est une production Agence Science-Presse

 

Et maintenant?


1. Qu'attendons-nous de Pathfinder?

 

Chose certaine, on n'attend pas de Pathfinder qu'il trouve de la vie. Et s'il y a une chose qu'on peut reprocher aux médias, c'est d'avoir entretenu l'automne dernier lors du lancement, et, bien souvent, d'entretenir encore, la confusion sur ce sujet chez une bonne partie du public.

Rappelons-le encore une fois: Pathfinder n'est pas équipée pour rechercher de la vie. Et si même elle l'était, comme les sondes Viking en 1976, elle aurait fort peu de chances d'en trouver: si la vie a déjà existé sur Mars, elle a dû, il y a plus d'un milliard d'années, se réfugier sous la surface, afin de rattraper les dernières gouttes d'une eau qui se raréfiait alors à un rythme dramatique. Et si jamais cette vie a pu survivre jusqu'à aujourd'hui, c'est toujours là, loin sous la surface, qu'elle se trouve probablement.

Pathfinder a plutôt pour mission de se pencher sur la météorologie, la géologie (analyse des roches aux rayons-X) et la chimie martiennes. La mini-jeep automatique, baptisée Sojourner (hauteur: 30 centimètres), le premier engin mobile à rouler sur Mars, qui est descendue de sa rampe après avoir donné plusieurs heures de sueurs froides aux techniciens à la suite d'une rupture des communications -la première d'une longue série- procède essentiellement à des analyses des rochers et du sol, dans un rayon maximal de50 mètres autour de Pathfinder.

La mini-jeep est contrôlée depuis la Terre, mais, compte tenu du délai de transmission -10 minutes et demi- a été programmée pour prendre elle-même certaines décisions lorsqu'elle rencontre des obstacles faciles.

Si ses analyses parvenaient à démontrer -mais c'est peu probable- que ces roches ont déjà été imbibées d'eau, alors un immense pas en avant aurait été franchi: on soupçonne depuis longtemps que de l'eau a déjà coulé sur Mars; on est presque sûr, depuis 30 ans, d'y reconnaître le lit d'anciennes rivières, disparues depuis des centaines de millions d'années.

Dès le premier lundi matin, 7 juillet, plusieurs journaux, à travers le monde, ont titré sur les conclusions de quelques savants qui, en observant les environs de Pathfinder, en ont conclu que de l'eau avait certainement coulé dans cette vallée: on y voit des roches apparemment arrondies par les flots, et des lignes, à l'horizon, qui seraient celles des sédiments abandonnés à mesure que le niveau de l'eau baissait.

Mais on n'a pas encore démontré cette présence d'eau. Peut-être la découverte de "la" preuve en reviendra-t-elle à Pathfinder. Peut-être à son successeur.

Et le jour où on aura eu confirmation qu'il y a jadis eu de l'eau sur Mars, on pourra chercher à répondre à la plus lancinante des questions: pourquoi s'en est-elle allée?

 


2. Où Pathfinder s'est-elle posée? Ce choix s'est-t-il révélé payant?

 

Ce n'est par hasard que les savants ont choisi Ares Vallis comme lieu pour "l'amarsissage": on croit qu'il s'agit du delta d'un ancien fleuve -c'est-à-dire l'endroit où un fleuve s'élargit avant de se jeter dans la mer. Et si tel est le cas, alors le cours d'eau a dû charrier des roches provenant de très loin. D'où, d'un point de vue géologique, un lieu beaucoup plus varié que celui qui avait accueilli les deux sondes américaines Viking, les derniers engins humains à s'être posés sur Mars, il y a 21 ans.

Dès le lendemain de "l'amarsissage", les spécialistes reconnaissaient que l'environnement leur apparaissait beaucoup plus intéressant que celui des sondes Viking. En particulier ces collines à l'horizon, qui font peut-être un kilomètre de haut. Et une grosse roche, pas très loin, qui semble ne pas être recouverte de cette poussière rouille qui caractérise le sol martien. C'est jusqu'à l'austère revue Science qui s'extasiait sur l'exploit, dans son édition du 10 juillet.


Barnacle Bill

Lundi, 7 juillet, Sojourner, à sa vitesse de pointe de... 2 mètres à l'heure, se mettait à la chasse aux premiers cailloux. Elle effectuait plus tard dans la journée son "premier contact": une petite roche (une vingtaine de centimètres) appelée "Bill Bernique" (en anglais, Barnacle Bill) qu'elle se mettait à "ausculter" aux rayons-X. Une opération de... 10 heures.

La conclusion de cette longue analyse: cette roche est... une roche.

Enfin bref, une roche tout ce qu'il y a de plus banal. Vous la ramasseriez sur Terre que vous n'y prêteriez même pas attention. Elle est composée à un tiers de quartz, et il semble qu'elle ait été soumise au cours de son histoire à une activité volcanique, ce qui n'est pas, en soi, une découverte, puisqu'on sait que Mars a déjà eu des volcans.

Pendant que Sojourner poursuivait sa patiente auscultation, les photos et les analyses du ciel effectuées par Pathfinder continuaient de rentrer: 1575 photos en quatre jours! -dont la moitié servait à compléter un panorama de 360 degrés, tout autour de la sonde. Deux semaines plus tard, le 18 juillet, un panorama en couleur allait suivre.

Une partie des analyses s'est également portée vers le ciel: on sait depuis les sondes Viking, en 1976, que s'il est de cette couleur rosée, c'est en raison de la poussière -la même poussière rouille qui couvre le sol- en suspension dans l'atmosphère. D'après Jeffrey Barnes, de l'Université de l'Oregon, cette couche de poussière s'éleverait jusqu'à 35 ou 40 km d'altitude.

Et il y a aussi les mesures de la température qui, là aussi, confirment, à peu de choses près (ça semble être plus froid qu'en 1976, dans la haute atmosphère), les analyses des sondes Viking: au sol, il fait entre moins 20 le jour et moins 100 la nuit. Et c'est actuellement l'été...


Yogi

Mercredi, 9 juillet, Sojourner se mettait en route vers une deuxième roche, plus grosse celle-là: Yogi (une vingtaine de roches ont reçu des noms tout aussi fantaisistes). A son allure d'escargot rachitique, il lui avait fallu auparavant presqu'une journée, uniquement pour en prendre des photos, et déterminer l'endroit sur la roche où placer son spectromètre à rayons-X.

Mais même à cette allure d'escargot rachitique, Sojourner a réussi l'exploit, jeudi... d'entrer en collision avec Yogi! C'est une fausse manoeuvre d'un technicien sur Terre qui a envoyé le véhicule tout contre la pierre, plutôt que d'y déployer son spectromètre. On a ainsi pu voir sur les photos le pauvre Sojourner, immobilisé, une de ses roues montées tout contre le rocher.

Mais à 2 mètres à l'heure, les dommages sont pour ainsi dire inexistants...

Ce n'est finalement que le samedi suivant, après près de deux jours d'immobilisation, que l'engin a pu être remis sur ses six roues. Les techniciens se sont accordés une journée de repos -notamment pour essayer de comprendre la raison de nouveaux problèmes de communication, survenus au cours de la fin de semaine puis, pour la 3e fois, le lundi suivant- après quoi Yogi a à son tour été "ausculté". Encore une opération de 10 heures.


Coupures de courant?

La Nasa a beau dire que Pathfinder constitue un test pour de nouvelles technologies, il n'empêche qu'elle n'aime pas parler de ses ennuis: la mission est tant et si bien montée en épingle que chaque problème de communication est balayé sous le tapis. Et pourtant, il saute au yeux que quelque chose n'est pas encore tout à fait au point: le 19 juillet, nouvelle rupture de la liaison avec la liaison avec la Terre, et celle-là a duré deux jours.

Sojourner annonçait être toujours en parfaite santé, stationné à côté d'une troisième roche, baptisée Scooby Doo. Mais les scientifiques étaient toujours incapables de dire ce qui n'allait pas dans leur matériel. Les hypothèses relatives à un bug informatique n'expliquaient pas tout.


Vous avez des questions sur la mission Pathfinder? Ecrivez-nous!

Dernière modification: 27 juillet


Retour à l'introduction

1. Qu'attendons-nous de Mars Pathfinder?

2. Où Pathfinder s'est-elle posée et pourquoi? Ce choix s'est-il révélé payant?

3. En quoi Pathfinder prépare-t-elle les missions suivantes?

4. Le module d'atterrissage rebaptisé Carl Sagan

5. Une mission habitée?

6. Ah, ces Amerloques...