L'événement de la semaine


Pour tout trouver
sur Internet!


Tous les médias
en un clin d'oeil!


Nos nouvelles brèves
  
  


Notre chronique de
vulgarisation scientifique!



Plus de 1500 questions





Hommage à...
Le monde delon GOLDSTYN
La science ne vous interesse pas?
Dossiers
Promenades






Le 13 décembre 2002



Publier sur Internet ne coûte pas moins cher

Mais la transition est inévitable

(ASP) - Il y a bien plus de ressemblances qu'on ne l'imagine entre un magazine "papier" et son équivalent sur Internet. La version papier coûte plus cher? Faux. La production est plus lente? Tout aussi faux.

Et même du côté du public le plus sympathique à une version électronique de ses publications préférées, la transition du papier à l'écran est très, très lente.

Ce public, c'est celui des universitaires et des chercheurs. Il y a 10 ans, ils furent les premiers à se précipiter sur Internet. Rapidement, leurs publications hyper-spécialisées (New England Journal of Medicine, Nature, Cell, etc.) ouvrirent des sites web. Et plusieurs, à la grande surprise des internautes, réussirent tout aussi vite à faire payer leurs abonnés. De là à croire que ces revues savantes seraient les premières à abandonner le papier au profit d'Internet, il n'y avait qu'un pas, que plusieurs franchirent allègrement.

Mais des habitudes de lectures ancrées depuis des siècles ne se défont pas aussi facilement, relatent Gérard Boismenu et Guylaine Beaudry dans Le nouveau monde numérique. Le cas des revues universitaires. L'exemple du Journal of Biological Chemistry est à cet égard instructif: en lançant une version Internet dès janvier 1995, la direction croyait si fort que l'imprimé serait rapidement abandonné par les lecteurs -l'information était disponible plus vite sur le web, et pour moins cher- qu'elle avait lancé en même temps une maison d'édition destinée à mettre en ligne d'autres publications.

Or, la demande pour la version papier n'a pas ralenti, et aujourd'hui, les deux cohabitent toujours. Nul ne se risque plus à prédire combien de temps il faudra avant que le papier ne soit abandonné.

Et il n'y a pas que les habitudes de lecture qui fassent obstacle. Ceux qui ont prétendu que la publication sur Internet réduirait les coûts à zéro ne savaient pas de quoi ils parlaient, reprochent les deux auteurs, qui furent respectivement directrice d'une maison d'édition universitaire et bibliothécaire à l'Université de Montréal.

Un magazine ne se résume en effet pas à des coûts d'impression et de poste: tous les frais de rédaction -le salaire du rédacteur en chef, celui des réviseurs, graphistes et autres employés, le loyer, le téléphone- sont toujours présents; et ils sont même, en réalité, plus élevés, puisqu'il faut leur ajouter l'entreposage des textes sur le web, l'achat des logiciels et de l'équipement de pointe, sans parler des webmestres et autres coûteux responsables informatiques. Et encore: les revues universitaires, elles, ne paient même pas leurs auteurs, puisque les chercheurs y publient pour la gloire avant tout...

Exprimé autrement: ce qui coûte cher, quand on produit une publication, qu'il s'agisse d'un livre, d'un CD, d'une revue savante ou du magazine 7 Jours, c'est la première copie. "Les coûts fixes ou de préparation de première copie dominent la structure des coûts pour la production des revues." Or, une publication sur Internet n'a justement à payer que la "première copie"... puisqu'il n'y en a pas d'autres!

Une transition inévitable

Le passage au numérique n'en est pas moins inévitable. C'est plutôt qu'on a fait fausse route en se concentrant pendant toutes ces années sur les mythiques économies financières. Dans le monde de la recherche universitaire, ce qui compte de plus en plus -à l'heure où la quantité d'information disponible double tous les 10 ans!- c'est l'accès plus facile et plus rapide à l'information et aux lecteurs -les collègues, les étudiants, les bibliothécaires, etc. Par ailleurs, dans l'univers des bibliothèques universitaires, ce qui devient dramatique, c'est la hausse des coûts d'abonnement à ces milliers de publications spécialisées. Or, sur ces deux plans, le numérique bat le papier à plates coutures.

C'est dans cette perspective que Boismenu et Beaudry ont contribué, depuis quatre ans, au montage du projet Erudit.org, dont leur livre contient en quelque sorte la justification.

Lancé en octobre, Erudit abrite pour l'instant une quarantaine de revues universitaires québécoises, la plupart en sciences humaines, et se fixe pour objectif initial d'atteindre les 300. Le site ouvre ses portes à toute revue qui souhaiterait y afficher son contenu, de quelque pays qu'elle soit. La direction d'Erudit, comme le couple Boismenu-Beaudry, ne se prononce pas sur la légitimité de rendre ces revues payantes ou gratuites: à chacune de décider de ses propres conditions d'accès, en fonction de sa politique éditoriale ou de ses objectifs financiers.

Le site, qui est le résultat d'une collaboration entre trois universités (Laval, de Montréal et UQAM) se donne également pour but de devenir un dépositaire de prépublications, c'est-à-dire des recherches complétées, mais qui n'ont pas encore été publiées par une revue dotée d'un comité de révision: comme ce processus peut prendre des mois, c'est une période au cours de laquelle l'auteur peut au moins assurer sa paternité sur son œuvre.

Enfin, Erudit ouvre la porte à l'archivage de thèses, un vieux rêve d'une petite poignée de bibliothécaires québécois qui, depuis des années, mettent l'épaule à la roue afin d'inciter leurs universités (surtout les universités Laval et de Montréal) à systématiser la mise en ligne des thèses que publient leurs étudiants, comme cela se fait depuis pas mal plus longtemps aux États-Unis: une façon d'éviter qu'une thèse de doctorat, une fois complétée, ne s'empoussière, au milieu de milliers d'autres, dans les rayonnages de la bibliothèque.

Pascal Lapointe

 

Guylaine Beaudry et Gérard Boismenu, Le nouveau monde numérique. Le cas des revues universitaires. Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 2002, 177 pages.

Retour au sommaire des nouvelles québécoises


Vous aimez cette capsule? L'Agence Science-Presse en produit des semblables -et des meilleures!- chaque semaine dans l'édition imprimée d'Hebdo-science et technologie (vous désirez vous abonner?).
Vous voulez utiliser cette capsule? Contactez-nous!

 

 

 

Sommaire des nouvelles québécoises


En manchette cette semaine

Les capsules de la semaine


LE KIOSQUE de la recherche au Québec
Les communiqués de presse, dans tous les champs du savoir!




 
Accueil | Hebdo-Science | Le Cyber-Express | Bibliothécaire Québécois | plan du site