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Quand le célèbre climatologue James Hansen parle des dangers des sables bitumineux, tous les médias reprennent ses propos. Quand il écrit que le nucléaire cause moins de morts, on regarde ailleurs.

C’est ce qui s’est passé la semaine dernière quand ce scientifique, un des climatologues les plus connus du monde et un des plus engagés politiquement, a annoncé sa retraite. Ses dernières prises de position publiques, sur les risques d’extraction du pétrole des sables bitumineux, ont fait le tour du monde: il a lancé l’expression «game over for the climate», en référence au fait que si tout ce pétrole devait être sorti du sol où il dort depuis des millions d’années, la quantité de CO2 que cela ajouterait à l’atmosphère serait gigantesque.

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Ces propos ont contribué à l’intense mobilisation contre le pipeline Keystone, qui doit servir à exporter une quantité supplémentaire de pétrole albertain jusqu’aux raffineries et aux navires du Golfe du Mexique.

James Hansen a toutefois aussi publié la semaine dernière une étude dans la revue scientifique Environmental Science and Technology, qui évalue que l’usage de l’énergie nucléaire a sauvé près de 2 millions de vies, par rapport à ce qu’il en aurait coûté si toute cette énergie avait été produite, depuis 40 ans, par des centrales au charbon.

Quelque 1,84 million de morts, c’est beaucoup. Mais cette étude est pratiquement passée inaperçue dans les médias et la blogosphère.

Pareille «dissonance cognitive» est gênante, résume le journaliste et blogueur environnemental Keith Kloor. Le mouvement environnemental, et une bonne partie des médias avec lui, aiment James Hansen depuis longtemps, et avec raison: il a tenu tête au gouvernement Bush qui tentait de lui couper son droit de parole en 2006; à ce sujet, les scientifiques canadiens muselés par le gouvernement fédéral et qui se cherchent un modèle devraient lire le livre Censoring Science ; deux décennies plus tôt, en 1988, Hansen avait été le premier scientifique à mettre le réchauffement climatique à l’ordre du jour de la politique américaine.

Ces dernières années, les médias n’ont jamais été avares d’espace lorsqu’il intervenait, comme militant ou comme chercheur, sur les gaz à effet de serre causés par les carburants fossiles. Or, voilà que sur le nucléaire, tout à coup, ce que dit l'auteur devient beaucoup moins intéressant. C'est gênant.

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