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Pour se reconnaître entre elles et se différencier des intrus, les abeilles d’une même colonie partagent une sorte de «carte de membre», un parfum particulier constitué d’un cocktail de molécules faisant partie de leur peau (les hydrocarbures cuticulaires, ou CHC). Or, selon une étude récente, ce sont les microorganismes vivant dans l’intestin des abeilles qui seraient les principaux responsables de la composition particulière de ces cocktails.

— Zeyda Rodriguez Santana

Une équipe de chercheurs de l’Université Washington à Saint-Louis a voulu évaluer le rôle du microbiome intestinal des abeilles dans leurs mécanismes de reconnaissance. Pour ce faire, elle a analysé des échantillons d'intestins provenant de trois colonies différentes d’Apis mellifera, l’abeille à miel. Même si les types de microorganismes présents dans l’intestin des abeilles étaient assez communs d’une colonie à l’autre, leur abondance relative variait et pouvait causer une différence dans la composition cuticulaire des abeilles de chaque colonie. À chaque colonie correspondent donc un microbiome et un profil CHC spécifiques. 

Au sein de la colonie, les abeilles se partagent constamment de la nourriture et échangent en même temps leur microbiome. Ainsi, deux abeilles sœurs élevées dans des ruches différentes acquerront des microbiomes différents et, par conséquent, développeront des profils CHC distincts. De la même façon, deux individus qui ne sont pas apparentés, mais qui partagent un microbiome similaire, pourraient se reconnaître entre eux comme provenant de la même colonie. 

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Mais par quel mécanisme ces microorganismes, qui sont dans l’intestin, auraient-ils un effet sur les hydrocarbures présents dans la peau de l’abeille? «Chez l’abeille à miel, disent les chercheurs, le microbiome influence la production de molécules précurseures et l’expression de certains gènes dans l’hôte, soit les gènes qui interviennent dans la synthèse et le transport des hydrocarbures cuticulaires.» Autrement dit, le microbiome des abeilles modifie le message des gènes qui contrôlent les molécules présentes sur leur peau. 

D’autres experts sont également arrivés à des conclusions semblables en étudiant une espèce de fourmis coupe-feuille, ce qui suggère que le rôle du microbiome dans les mécanismes de reconnaissance chez les insectes sociaux pourrait avoir une origine ancestrale commune. 

Crédit photo: Terry Sharp / Pixabay https://pixabay.com/fr/photos/les-abeilles-ailes-insectes-miel-4845211/

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