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L’événement de 2024 sera une double invasion de cigales. Du moins, l’événement dans le monde des insectes: pour la première fois depuis 221 ans, deux couvées naîtront en même temps dans des régions du centre et du sud-est des États-Unis. Beaucoup de bruit en perspective.

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Il s’agit de ces cigales dites « périodiques » (Magicicada septendecim), à ne pas confondre avec les cigales annuelles parce que dans leur cas, de nouveaux groupes n’émergent qu’à des périodes de 13 ou de 17 ans. Comme ces groupes ou « couvées » (on en recense 15 aux États-Unis) ne sont pas synchronisés, certains ne se « rencontrent » que rarement. C’est le cas des couvées XIII (« de l’Illinois ») et XIX (« du sud »), qui doivent émerger ce printemps en même temps, une convergence dont la dernière remonte à 1803

Ces cigales reconnaissables à leurs yeux rouges et leurs ailes orangées sont inoffensives pour l’humain ou pour les animaux: elles ne piquent pas et ne transmettent pas de maladies. Entre deux « émergences », elles passent leur temps enfouies dans le sol, où elles se nourrissent de la sève des racines. C’est lorsque les températures, en avril ou mai, remontent entre 17 et 18 degrés que toute la population sort de terre.

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Ce qui pourrait représenter cette année des milliers de milliards d’individus, dans une zone couverte par 16 États américains. Quoique pas dans toutes les régions en même temps, puisque les États les plus au Sud atteindront les 17 à 18 degrés une à deux semaines avant les autres. Les cigales seront toutefois assez nombreuses pour qu’il y en ait jusqu’à 1000 à 2000 par mètre carré. Avec une cacophonie pouvant grimper jusqu’à 90 décibels, l’équivalent d’une rue très passante. 

C’est que, quelques jours après leur sortie de terre, les mâles se mettent tous à chanter en même temps pour attirer les femelles. 

Ce que les scientifiques n’ont pas élucidé, c’est quel signal permet à ces insectes de faire leurs calculs: autrement dit, comment savent-ils que 13 ou 17 années se sont écoulées. Mais on sait qu’une fois tout ce temps passé sous terre, leur vie est courte: un mois tout au plus, le temps de pondre leurs oeufs dans les branches d’arbres, et la plupart semblent ensuite mourir non loin de l’endroit où ils sont sortis. Ils ne volent pas beaucoup, et un grand nombre se font simplement écraser par des voitures ou des piétons… ou servent de déjeuner aux oiseaux. Un rapport de l’Université de l’Illinois rapporte que lors de l’émergence de 1990, des gens à Chicago « devaient utiliser des pelles à neige pour dégager les cigales mortes sur leurs trottoirs ». Ce qui n’est pas mauvais pour la nature, puisque ces cadavres forment ce que les biologistes appellent une nécromasse, qui va nourrir l’écosystème forestier.

Et pendant que les humains font le ménage, les larves sortent des oeufs, redescendent dans le sol et se font discrètes jusqu’au cycle suivant. 

Vidéo de Samuel Orr, 2013: The Return of Cicadas

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