En manchette la semaine dernière:
Que le véritable humain se lève!
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Le jour où la lumière s'arrêta
Un rayon de lumière, ça ne s'arrête
jamais : c'est ce qui explique qu'on puisse voir, au télescope,
des étoiles situées à des milliards et des
milliards d'années-lumière. Si aucun obstacle ne
se met en travers de son chemin -un mur bien épais, par
exemple- un rayon de lumière peut traverser le cosmos
jusqu'à la fin des temps.
A moins qu'il ne tombe entre les mains de bizarres physiciens
de la planète Terre, fermement décidés à
l'arrêter en pleine course...
Voulez-vous discuter physique?
Discutez-en dans le forum Science-Presse/Médito
Cela paraît en effet difficile à croire pour
quiconque sait qu'il peut éteindre la lumière de
sa chambre, mais tourner l'interrupteur et arrêter un rayon
de lumière sont deux choses bien différentes. L'ampoule
électrique au plafond de votre chambre émet bel
et bien un jet de lumière théoriquement infini.
Par contre, avec ses pauvres 60 watts, ce jet de lumière
est d'ores et déjà voué à perdre
de sa puissance après peu de temps. Sans compter que ce
jet est envoyé dans une direction où, fatalement,
il finira par rencontre un obstacle qu'il ne pourra plus dépasser
-le lit ou le plancher.
Mais imaginons que vous dirigiez votre plafonnier vers le
ciel. Et que vous le remplaciez la faiblarde ampoule par un rayon
laser ultra-puissant. Une fois qu'il aura traversé l'écran
gazeux qu'est notre atmosphère terrestre, votre rayon
de lumière n'aura plus rien pour arrêter sa course
-à moins d'avoir l'incroyable malchance de "heurter"
un météorite. De sorte qu'il pourra ainsi gambader
à travers le cosmos, pendant des milliards d'années.
Plus le jet lumineux initial aura été puissant,
et plus longtemps il voyagera: il ne faut pas oublier qu'un rayon
lumineux est composé de ce qu'on appelle des photons ;
plus nombreux sont les photons, et plus le rayon durera longtemps,
compte tenu du fait qu'il perdra inévitablement quelques
photons en cours de route.
Or, qu'ont donc fait ces fameux physiciens dont il est question
cette semaine ? Ils
ont "lancé" un rayon de lumière... et
ils l'ont arrêté. Deux équipes, l'une
dirigée par Lene Hau de l'Institut Rowlands de science
à Cambridge (Massachusetts), l'autre par Ronald Walsworth,
du Centre Harvard-Smithsonian d'astrophysique, également
à Cambridge, ont accompli l'impensable, l'impossible,
l'inimaginable: la lumière, elle dont la vitesse de 300
000 kilomètres à la seconde constitue la limite
absolue de vitesse dans notre univers, s'est arrêtée,
en plein milieu du Massachusetts.
La première étude paraîtra
dans l'édition du 25 janvier de la revue britannique
Nature. L'autre, dans la dernière édition
de janvier du journal américain Physical Review Letters.
Encore Einstein
Petite explication. Quand Einstein nous dit que la vitesse
de la lumière, ce fameux 300 000 kilomètres à
la seconde, est une constante universelle, il parle de la vitesse
de la lumière dans le vide. La lumière ralentit,
lorsqu'elle passe au-travers d'un matériau assez dense
-par exemple, une vitre, ou de l'eau. Le ralentissement est infinitésimal,
presque impossible à percevoir, mais il est bel et bien
réel. C'est en vertu de ce principe de base qu'au cours
des dernières années, des chercheurs ont tenté
de ralentir encore plus la lumière. Et ils y sont arrivés:
la même Dr Lene Hau était derrière une expérience
qui, en février 1999,
avait stupéfait le monde scientifique, lorsqu'elle avait
ralenti un rayon lumineux à seulement 60 kilomètres
à l'heure, en le faisant passer à travers un magma
de sodium glacé. Et l'an dernier encore, le même
exploit, encore mieux: 1,6 kilomètre à l'heure.
La
clef, c'est le froid. Cette fois, les deux équipes
de chercheurs ont refroidi des atomes de sodium à une
température incroyablement basse: à peine quelques
millionnièmes de degré au-dessus du zéro
absolu (moins 273 degrés Celsius). Un milieu où,
pour prendre un langage... froid, "les effets de l'interférence
quantique sont importants, conduisant à un spectre extrêmement
large de réfraction non-linéaire" (ouf !).
Opaque à cette température, ce milieu est rendu
transparent -on veut tout de même bien que la lumière
passe- en l'illuminant au moyen d'un rayon laser. On envoie ensuite
le jet lumineux à tester -et on l'observe tandis qu'il
ralentit, ralentit, ralentit... jusqu'à s'immobiliser
complètement, en pleine course. Comme l'épée-lumière
dans Star Wars... En fonction de l'usage qu'on fait du
rayon laser, notre jet lumineux peut reprendre sa course, ou
s'arrêter encore.
Toute cette expérience, aussi étonnante soit-elle,
donne l'impression de n'être qu'un joujou pour physiciens
intéressés à jongler avec les théories
du monde qui nous entoure. Et, bon, en réalité,
c'est tout à fait ça.
Mais il y a un rêve, plus lointain: immobiliser ainsi
la lumière dans un environnement extrême pourrait
être une façon d'emmagasiner de l'information -les
fameux ordinateurs quantiques dont rêvent depuis longtemps
les informaticiens. On enregistre cette information dans notre
rayon lumineux, et on l'expédie dans une chambre à
sodium à moins 273 Celsius. Du moins, c'est ce qu'on fera,
le jour où on aura appris à emmagasiner de l'information
sur autre chose que des puces informatiques...
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