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L'étoile des Rois mages
Qu'était donc ce signe céleste -cette "étoile
au Levant", dit Matthieu dans son Evangile- qui apparut
à ces trois observateurs de Babylone, et qui devait les
guider vers l'Enfant-Roi? Etoiles filantes, comètes, conjonctions
planétaires: toutes les hypothèses y sont passées.
Mais 2000 ans après l'événement, force est
d'admettre que le mystère de l'Etoile des Mages demeure
entier.
Croyez-vous à l'étoile
des Rois mages?
Discutez-en dans le forum Science-Presse/Médito
Si on ignore ce qu'était cette étoile, du moins
peut-on dire ce qu'elle n'était pas: ainsi, les astronomes
éliminent aujourd'hui rapidement les deux premières
hypothèses. Non, ce n'était pas une étoile
filante, car ces débris cosmiques (en fait, des météorites
qui brûlent en rentrant dans l'atmosphère) sont
trop éphémères (quelques fractions de secondes)
pour s'accorder avec le récit d'un objet persistant.
Non également à l'hypothèse d'une comète,
car s'il s'était vraiment agi d'un de ces objets promenant
dans le ciel leur queue longue de milliers de kilomètres,
tout le monde en Palestine l'aurait vu. Or, selon la légende,
seuls les Mages auraient aperçu le lumineux phénomène.
L'hypothèse la plus solide reste donc celle d'une conjonction
planétaire. Ce rapprochement très grand (de notre
point de vue d'observateur, sur Terre) de différentes
planètes entraîne une accentuation de la luminosité,
au point de créer dans le ciel un point d'une très
grande brillance.
En outre, on peut aujourd'hui reconstituer un tel événement.
La mécanique des corps célestes obéit en
effet à des cycles scrupuleusement précis: on peut
donc, grâce à des logiciels perfectionnés
-et même à des logiciels en vente dans le premier
magasin d'astronomie venu!- reconstituer le ciel tel qu'il apparaissait
à n'importe quel moment de l'Histoire.
Et de fait, on s'aperçoit en jouant à ce petit
jeu qu'il y a bel et bien eu une conjonction planétaire
spectaculaire à l'époque présumée
de la naissance de Jésus. La période jonchant l'an
3 et l'an 2 avant Jésus-Christ est le théâtre
d'une conjonction triple. D'abord, la planète Jupiter
croise deux fois une étoile très brillante nommée
Régulus. Quelques mois plus tard, en juin de l'an 2 av.
J.C., dans une autre partie du ciel, la même Jupiter croise
cette fois la planète Vénus.
En 1996, des astronomes utilisant un tout nouveau logiciel
mis au point par la NASA, ont même conclu que cette dernière
"rencontre" avait probablement été plus
"serrée" qu'on ne l'avait calculé jusqu'ici:
les deux planètes se seraient véritablement "fondues"
pour donner l'illusion de n'être plus qu'une seule et même
étoile.
Cet événement -une triple conjonction planétaire,
phénomène rare par rapport aux conjonctions simples-
aurait été de nature à fortement impressionner
les Mages, qui étaient des observateurs aguerris du ciel.
Et comme ils étaient aussi des grands prêtres au
service des rois, ils auraient nécessairement cherché
une signification à cet événement.
Or Jupiter était la planète des Rois. Et Régulus,
l'étoile des Rois... Comment ne pas y voir un signe...
royal?
Une seule petite mention de l'événement
Mais il y a un problème plus profond avec le récit
de l'étoile des Mages. Plus embêtant. Toutes ces
hypothèses prennent pour acquis que le récit des
Mages est véridique. Or, ce récit, aussi séduisant
soit-il, doit être pris avec circonspection. Car la question
demeure ouverte.
En astronomie, on a coutume de dire qu'un phénomène
astronomique -par exemple, la découverte d'un nouvel astéroïde-
n'est enregistré que lorsqu'il a été corroboré
par un deuxième astronome. Or, ce qu'on a ici, c'est une
seule et unique mention, dans l'Evangile selon Mathieu, mais
dans aucun des autres Evangiles. Une seule mention, avec fort
peu de descriptions de surcroît: le texte, après
tout, ne fait que
deux petits paragraphes.
André Myre, bibliste à la Faculté de
théologie de l'Université de Montréal se
tient lui aussi assez loin de l'histoire de l'Étoile.
"C'est vrai qu'on sait, sur tout ça, très
peu de choses. Et la tentation de chercher dans le passé
d'un grand Homme des signes qui auraient marqué son arrivée
est assez courante."
Ce n'est pas la seule chose qui reste floue ou imprécise
autour de la naissance du Christ. Par exemple, rien dans le texte
biblique ne fait mention du 25 décembre. On sait aujourd'hui
que c'est au IVe siècle qu'a été désigné
le 25 décembre comme anniversaire de Jésus, et
on sait même pourquoi : afin de concurrencer une fête
très populaire de l'époque, celle célébrant
le solstice d'hiver chez les Romains, ce moment de l'année
où les jours cessent de raccourcir. Une fête de
la lumière, quoi: beau symbole pour un Enfant-Roi né
sous une... bonne étoile !
Etoile, année imprécise, anniversaire déplacée:
pas étonnant devant tant d'incertitudes, que les tentatives
d'explications scientifiques entourant la naissance de Jésus
se cantonnent, aujourd'hui encore, dans des conditionnels prudents...
Luc
Dupont
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