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Le 8 avril 2002



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Le riz est-il un secret d'État?

(ASP) - La nouvelle est passée pratiquement inaperçue dans les médias: on a publié la semaine dernière la "carte" -le séquençage- du génome du riz. Mais cette publication était accompagnée d’une controverse, révélatrice de la façon dont fonctionne maintenant une partie de la recherche scientifique: je fais mon annonce, mais je garde jalousement les données qui peuvent me rapporter beaucoup d’argent.

En soi, il est vrai que le génome du riz, ce n’est plus une nouvelle. L’annonce officielle de la fin de son séquençage est déjà vieille de 14 mois (voir ce texte). Mais comme cela s’était passé avec le séquençage du génome humain, il a fallu une longue année avant que les résultats complets de deux séquençages distincts, sous la forme de deux articles, ne passent au-travers du filtre de publication d’une revue scientifique —dans ce cas-ci, la revue américaine Science.

Or, la revue Science a eu un arrangement très inhabituel avec les auteurs d’un des deux articles: elle les a autorisés à garder pour eux une partie des données —alors que l'usage veut qu’une revue scientifique exige que toutes les données pertinentes soient entièrement accessibles, seule façon de s’assurer qu’un autre chercheur, où que ce soit dans le monde, pourra contre-vérifier les résultats.

C’est exactement l’arrangement qui avait eu cours l’an dernier entre Science et les auteurs du séquençage du génome humain, la compagnie privée Celera. Et ce n’est pas un hasard si les auteurs sur la sellette, cette fois, appartiennent également à une compagnie privée, la suisse Syngenta. Le deuxième séquençage est l’oeuvre d’un groupe qu’on n’attendait pas il y a 14 mois: des chercheurs chinois, à l’Institut de génomique de Beijing.

Le "secret" ne pourra pas être gardé longtemps: un consortium international de décodage du génome du riz est à l’oeuvre depuis quelques années, coordonné par les Japonais. Il doit à présent rassembler les données de ces deux travaux et en publier une séquence complète d’ici la fin de l’année. Mais en attendant, cet arrangement spécial avec la revue Science retarde de plusieurs mois les travaux de tous les chercheurs "concurrents". Et en recherche génétique, à la vitesse où vont les choses, plusieurs mois, c’est une éternité.

La rumeur de cet arrangement courait depuis déjà quelques semaines et, comme nous l’écrivions en mars (voir ce texte), 22 éminents spécialistes du génome avaient écrit à la revue Science pour protester. Toutes les données, ont-ils dit, auraient dû être déposées dans la banque de données internationale GenBank, à l’instar de la majeure partie des données génétiques sur les plantes, les animaux et les humains, dévoilées ces dernières années.

Née en 1999, Syngenta est le résultat de la fusion des divisions agricoles des compagnies Novartis et AstraZeneca, deux compagnies qui sont depuis des années à l'avant-scène pour la production d'organismes génétiquement modifiés. Syngenta, a plusieurs fois répété son porte-parole, n’interdit pas aux autres chercheurs l’accès à ses données: ils y auront au contraire plein accès... à condition de s’engager à ne pas en tirer de profits.

Les données chinoises, elles, qui portent sur la variété de riz indica, ou riz au grain long (le séquençage de Syngenta porte sur le riz japonica, riz au grain rond), ont été entièrement déposées dans GenBank.

Et si le riz est aussi important, c’est parce qu’il y a effectivement beaucoup d’argent en jeu (un autre géant des biotechnologies est dans la course : Monsanto, lui qui avait publié il y a deux ans son propre brouillon de la carte du génome du riz). Car d’une meilleure connaissance de ces gènes pourrait découler la création de plants de riz mieux résistants aux intempéries, aux insectes, aux pesticides, ou capables de nourrir davantage de gens avec moins d’efforts. Le riz, pour plus de trois milliards de personnes, c’est le principal aliment —voire le seul. En Asie, avec l'accroissement de la population, la demande de riz pourrait augmenter de 70% au cours des 30 prochaines années.

Les optimistes voient dans le séquençage du riz le premier pas vers une nouvelle étape dans la lutte contre la malnutrition; les pessimistes y voient une nouvelle étape dans la lutte d'une poignée de multinationales pour s’accaparer le marché mondial de l’alimentation.

Le fait de vouloir garder secret le plus grand nombre de données le plus longtemps possible donne pour l’instant raison aux pessimistes...

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