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semaine du 4 mars 2002



Suivre les OGM à la trace


Il faut suivre les OGM à la trace, a conclu un aréopage de scientifiques américains la semaine dernière. Au moment même où des doutes sont soulevés sur le fameux maïs mexicain dont on avait dit, en novembre, qu’il avait été contaminé par les OGM...

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L’étude de l’Académie nationale des sciences des États-Unis (NAS) critique sévèrement la division du ministère de l’Agriculture responsable du suivi des nouvelles cultures destinées à l’alimentation: les normes qu’elle emploie pour approuver ou rejeter de nouveaux types de plantes, qu’elles soient génétiquement modifiées ou non, sont inappropriées. Et cette division, en plus de manquer de transparence, n’a pas la compétence scientifique nécessaire.

Cette division du ministère de l’Agriculture, appelée le Service d’inspection de la santé des animaux et des plantes, reçoit chaque année environ 1600 demandes, provenant souvent de firmes de biotechnologie, pour l’approbation de nouveaux types de végétaux ou d’animaux. Tout organisme génétiquement modifié (OGM) doit passer par ce processus... par lequel en réalité, note la revue Science, il suffit souvent de prévenir le Service qu’une nouvelle plante a été produite, et qu’elle satisfait aux normes de sécurité... Le Service a 30 jours pour répliquer, s’il a des objections. La grande majorité des 1600 demandes sont approuvées.

Pour le NAS, le Service doit donc de toute urgence recruter davantage d’écologistes et mettre en place un comité scientifique pour insuffler un peu de rigueur à ce processus.

Si ce processus d’approbation des demandes n’a jamais été modifié, c’est parce que le Service se préoccupe de la santé humaine et animale, et que, comme les partisans des OGM ont toujours pris soin de le souligner, jamais un OGM n’a pu être mis en cause dans un problème de santé, chez des animaux ou des humains. Mais ce rapport du NAS, dirigé par l’entomologiste Fred Gould, de l’Université d’État de Caroline du Nord, a contourné le problème, en introduisant un nouveau type de risque: le risque environnemental.

Par exemple, le risque qu’un maïs modifié génétiquement ne "contamine" les champs "normaux" voisins.

C’est justement ce qui avait été annoncé avec fracas, le 29 novembre dernier (lire Les OGM traversent les frontières): deux scientifiques de l’Université de Californie à Berkeley avaient publié une étude dans Nature où ils concluaient que la maïs mexicain, cultivé tel quel depuis 7000 ans, était de plus en plus "contaminé" par du maïs transgénique américain. A ce rythme, avançaient Ignacio Chapela et son étudiant David Quist, le maïs original n’existerait plus d’ici quelques décennies.

Or, comme quoi la tâche de suivre à la trace différentes espèces d’une même plante est tout sauf facile, on vient d’apprendre que la même revue Nature soupèse actuellement la nécessité de publier quatre textes qui critiquent sévèrement les conclusions de Chapela et Quist. Des courriels circulent abondamment dans les milieux spécialisés, accusant ces deux scientifiques de conflits d’intérêt. Un éditorial dans l’édition de février de la très spécialisée Transgenic Research affirme que les deux Californiens n’ont pas présenté de "preuves crédibles" pour justifier leurs conclusions.

Dès lors, une image se dessine, familière: le débat est en train de prendre un tournant politique, et il n’est pas difficile de deviner que dans les prochaines semaines, la politique et la polémique vont prendre le dessus sur la rigueur scientifique. Déjà, évalue Science, 144 groupes de pression pro-écologistes ont pris la défense de Chapela et Quist et ont affirmé, dans une déclaration conjointe, que c’est l’industrie biotechnologique qui tente de les réduire au silence. Leur déclaration a été publiée le 19 février. Le 21 février, les journaux mexicains rapportaient pourtant une conférence de presse tenue à Mexico, au cours de laquelle deux équipes de chercheurs associées au gouvernement, confirmaient les conclusions de l’équipe Chapela-Quist. Par la suite, par voie de courrier électronique, Elena Alvarez-Buylla Roces, biologiste à l’Université autonome de Mexico, qui était apparue aux côtés de Chapela lors de cette conférence de presse, affirmait à la revue Science que ces chercheurs mexicains n’avaient "toujours pas de réponses définitives corroborant ou non les résultats de Chapela".

La question reste posée: du maïs transgénique a-t-il vraiment envahi le Mexique? Ce qui paraissait clair le 29 novembre ne l’est plus du tout, parce que la méthode employée par Quist et Chapela pour étudier le code génétique de leurs échantillons de maïs (provenant de deux endroits près d’Oaxaca, en octobre et novembre 2000), méthode appelée PCR (en anglais, polymerase chain reaction), est sujette à caution: elle est tellement sensible, selon la biologiste moléculaire Marilyn Warburton, du Centre international d’amélioration du maïs et du blé (basé à Mexico), que des traces infimes de contaminants (par exemple, quelques gènes de blé provenant d’une expérience précédente dans le même laboratoire) peuvent fausser les résultats.

C’est sur la base de cette incertitude qu’au moins quatre groupes de chercheurs —Université de Washington, Université de Georgie, et deux équipes de l’Universit de Californie à Berkeley- ont envoyé ces quatre articles à Nature en décembre, critiquant la méthode employée par Chapela et Quist. Suivant la méthode habituelle de la revue Nature, trois "jurés" -des experts appartenant au même domaine- ont évalué la validité de ces articles. Depuis, la publication d’au moins un d’entre eux, peut-être plus, a été recommandée, selon les informations obtenues par la revue américaine Science.

Tout ce débat, quelle que soit sa tournure, confirme à tout le moins l’urgence des conclusions de l’Académie nationale des sciences: il n’existe à l’heure actuelle aucune instance, nationale ou internationale, possédant la compétence —ou les ressources- pour suivre à la trace les organismes génétiquement modifiés, surtout après leur sortie des laboratoires. Et encore moins après qu’ils aient été commercialisés: qui peut dire si une plante transgénique, qui a été jugée sécuritaire pour l’environnement après deux années d’études, l’est encore après avoir été distribuée à grande échelle dans des champs éparpillés aux quatre coins des Etats-Unis et du Canada? Ce type de suivi n’a encore jamais été fait.

 

 


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