La première en lice est la sonde
européenne Beagle 2 (voir
autre texte), qui a été lancée
avec succès ce lundi, 2 juin, et dont les plus
optimistes espèrent qu'elle fera des Européens
les premiers à découvrir de la vie sur
Mars. Les deux suivantes sont les sondes américaines
Mars Exploration Rover 1 et 2 (voir
autre texte), dont les plus optimistes espèrent
qu'elles permettront aux Américains... de laver
un peu de leur amour-propre sali par les échecs
précédents.
Pourquoi trois en même temps, après
des années de quasi-silence? Parce qu'on entre
actuellement dans cette période, qui ne revient
qu'une fois tous les 26 mois, où Mars et la Terre
sont alignées, ce
qui permet un voyage moins long et donc, moins coûteux.
Mais
Mars jouit d'un statut particulier qui commence
à faire des jaloux. Car Vénus et la Terre
sont toutes deux bien plus souvent alignées,
mais Vénus n'a pas l'honneur d'autant de visites
que Mars. En fait, c'en est au point où, depuis
maintes années, bien des planétologues
se plaignent du fait que Mars fait l'objet d'une d'attention
démesuré: pas mal de millions de dollars
catapultés vers la planète rouge pourraient
servir à apprendre bien davantage de choses si
on les dirigeait plutôt vers des planètes
autrement plus mystérieuses, comme Jupiter et
Saturne.
Et quant à la mythique recherche
de vie, elle aurait peut-être plus de chances
d'aboutir à des résultats rapides si on
la dirigeait vers cette fameuse lune de Jupiter, Europe,
dont les plus optimistes croient qu'elle cache une mer
sous sa couche de glace.
Car Mars la quatrième planète
par ordre d'éloignement du Soleil, après
Mercure, Vénus et la Terre est d'ores et
déjà la planète la mieux connue,
la plus cartographiée, celle dont on en sait
le plus sur les climats et la géologie. Le niveau
de connaissances accumulées à son sujet,
ne serait-ce qu'avec les dizaines de milliers de photographies
prises depuis quatre ans par la sonde Mars Global Surveyor,
est gargantuesque, en comparaison des quelques bribes
récoltées sur Uranus et Neptune.
Mais c'est tout de même vers Mars
que le public continue de diriger ses regards. Et si
le public dirige ses regards vers elle alors, politique
oblige, les agences spatiales aussi.
Y trouvera-t-on de l'eau cette fois? Les
photos de Mars Global Surveyor ont fait fleurir nombre
d'hypothèses à ce sujet, mais
rien encore de concluant. Et la vie? Les scientifiques
avaient eu un bref moment d'espoir en 1976, lorsque
les deux sondes américaines Viking avaient obtenu
des réactions chimiques encourageantes dans leurs
échantillons de poussière. Ils avaient
ensuite dû déchanter.
En 1997, la sonde suivante, Pathfinder,
a elle aussi gratté le sol, sans succès,
mais n'était pas équipée pour rechercher
spécifiquement de la vie. Les Rover ne pourront
guère aller plus en profondeur; or, c'est dans
les profondeurs du sol qu'on a une chance de trouver
des microbes martiens, si tant est qu'ils existent.
Par contre, comme les petits véhicules qu'ils
libéreront pourront se promener plus loin, ils
tomberont peut-être s'ils ont beaucoup de
chance sur une roche dont la composition témoignera
du passage de l'eau, il y a des centaines de millions
d'années.
Beagle 2 a, à cet égard,
quelques cartes de plus dans sa manche. Il n'a pas de
véhicule mobile, mais une "taupe" capable
de s'enfoncer à quelques centimètres dans
le sol. Même si elle ne trouve ni eau ni vie,
elle permettra immédiatement de comparer la composition
minérale avec celle de la surface.
Une procédure originale, comme
l'est en fait le reste de Beagle 2: même les
ingénieurs de la Nasa reconnaissent qu'avec un
budget minimal, une sonde minuscule et une expérience
inexistante, leurs homologues européens ont accouché
d'une mission plus originale et d'un équipement
scientifique plus innovateur.
Reste à voir si ça va marcher.
Rendez-vous en janvier 2004.