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semaine du 31 mars 2003



Le secret du virus de Hong Kong

L'étau se resserre. Moins de trois semaines après l'alerte mondiale lancée à propos d'une étrange forme de pneumonie venue de Chine, le virus commence à se dévoiler sous les microscopes.

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Ou plus exactement, les virus: puisqu'ils agiraient par paire, croient à présent plusieurs biologistes. Ce qui en ferait une infection différente de tout ce à quoi la nature nous a habitués.

Le principal coupable serait ce qu'on appelle un coronavirus. Il s'agit d'une famille assez courante de virus, si courante que c'est l'un des membres de cette famille qui cause le banal rhume.

Mais là où ça devient intriguant, relèvent ces derniers jours les magazines spécialisés, c'est que ce coronavirus ne semble pas agir seul. Il serait accompagné d'un membre d'une autre famille, paramyxovirus, responsable d'infections respiratoires. "Il pourrait s'agir d'une combinaison importante", a déclaré au service d'information de la revue britannique Nature le virologue Albert Osterhaus, de l'Hôpital universitaire Erasme, à Rotterdam (Pays-Bas).

Le paramyxovirus avait été identifié par plusieurs laboratoires -en Allemagne, à Hong Kong et au Laboratoire national de microbiologie à Winnipeg (Canada), dans les poumons et le sang de certains patients. Le corona l'a été la semaine dernière, par une équipe dirigée par Malik Peiris, à l'Université de Hong Kong. La confirmation de ce travail par paire tarde toutefois à venir.

Si les soupçons des scientifiques se révèlent fondés, l'attaque se ferait en deux temps: le coronavirus affaiblirait d'abord le système immunitaire du patient. Ce qui ouvrirait toute grande la porte à l'arrivée du deuxième larron. C'est cette forme d'attaque qui constitue "une infection comme on n'en a jamais vu auparavant", juge Nature.

Et même si le premier agissait seul, ce qui demeure une possibilité, ce ne serait pas davantage une bonne nouvelle, puisque les médicaments pour combattre un coronavirus sont rares. "Ca n'a jamais été une priorité", explique Robert Sidwell, de l'Institut de recherche anti-virale à l'Université d'État de l'Utah, puisqu'un coronavirus cause rarement des dommages plus graves qu'un rhume. Par conséquent, celui qui a frappé en Chine est donc un mutant –sans quoi on n'aurait pas mis autant de temps à l'identifier– ce qui repousse encore plus loin la mise au point d'un médicament efficace. Il pourrait par exemple s'agir d'une souche d'un virus affectant les animaux, et dont un mutant aurait fait le "saut" vers les humains: un phénomène rare, puisque les mêmes virus n'affectent pas des espèces animales différentes, mais qui se produit à l'occasion.

Pour l'instant, de nombreux hôpitaux à travers le monde –onze laboratoires dans neuf pays, une collaboration internationale décrite comme "sans précédent" pour un virus d'apparition aussi récente– travaillent à un médicament qui, à défaut d'éliminer le virus, en ralentirait la croissance. Un antibiotique d'usage commun, la ribavirine, aurait été testé en Asie, mais il est encore trop tôt pour savoir si les patients qui l'ont eu se rétablissent plus vite que les autres.

D'autant plus que l'épidémie n'est pas aussi virulente que ce que laisse soupçonner le ton paniqué des médias: le lundi 31 mars, on dépassait les 1600 personnes (si on compte tous les cas chinois présumés) qui ont eu le virus à un moment ou à un autre, mais "seulement" 55 à 60 en étaient mortes (les deux tiers en Chine, en janvier et février). Et cela, bien que certains malades aient été exposés à d'autres malades pendant plusieurs jours d'affilée.

Déjà, le 24 mars, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) confirmait que le simple fait d'avoir mis des patients suspects en isolation à Hong Kong, avait ralenti énormément la progression de la maladie —en particulier parmi le personnel médical (voir ce texte). A Hong Kong, le 27 mars, on a élargi les mesures de précaution jusqu'aux écoles, fermées pour une semaine. En fait, la plupart des cas apparus ces derniers jours, aussi bien à Hong Kong, à Singapour, à Taïwan qu'au Canada (le 31 mars, on en était à 4 décès, et 38 personnes contaminées) sont en réalité des gens qui ont été contaminés avant que l'alerte ne soit lancée. Parmi eux, triste ironie, le Dr Carlo Urbani, décédé samedi, médecin italien attaché à l'OMS, celui-là même qui, en Thaïlande, avait été le premier à traiter cette nouvelle maladie, sur un patient américain.

En fait, le gros sujet de frustration pour les scientifiques, c'est la Chine. Tout confirme que c'est bien de là qu'est partie cette épidémie de pneumonie atypique (ou syndrome respiratoire aigu sévère, de son nom pour l'instant officiel). Plus de 800 personnes en auraient été atteintes entre décembre et la fin-février, dans la province du Guandong (au Sud du pays). Les experts de l'OMS sont arrivés dans cette province le 21 mars. Mais il a fallu attendre le 28 mars pour que le gouvernement chinois ne consente enfin à dévoiler ses chiffres et à collaborer pleinement avec l'OMS.

Et encore certains chiffres, comme ceux de la province de Canton, s'arrêtent-ils au 28 février, ce qui laisse présager que le total de 800 cas pourrait être encore plus élevé. Et on ne sait rien non plus des provinces du Nord, où plusieurs travailleurs employés à Canton sont rentrés chez eux à la fin-janvier, pour les fêtes du nouvel an chinois.

La presse chinoise, selon Libération, "a reçu l'ordre de rester très discrète".

 


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