
Le 23 février
2004

Retour
au sommaire des capsules
Quand des scientifiques s'occupent d'un président
(Agence Science-Presse) - C'était à
prévoir: le couvercle de la marmite allait finir
par sauter. La semaine dernière, plus de 60 scientifiques,
dont 20 Prix Nobel, ont signé une lettre conjointe
dénonçant l'ingérence de l'administration
Bush dans la recherche scientifique.
Les auteurs y accusent le président
et ses acolytes de "dénaturer et étouffer
les connaissances scientifiques", tout particulièrement
les connaissances qui vont à l'encontre de leur idéologie:
réchauffement planétaire, pollution atmosphérique,
sexualité et usage du condom, plomb dans la peinture,
contrôle des armes nucléaires, etc. Ces étouffements
se font en plaçant sur les comités scientifiques
des hommes de main, en
censurant des résultats ou en supprimant des comités
de consultation.
Le texte incendiaire, une intervention politique
rare dans le monde feutré de la recherche scientifique,
est une initiative de l'Union of Concerned Scientists (UCS),
un organisme américain à but non lucratif
qui revendique 100 000 membres, scientifiques et citoyens.
La lettre est accompagnée d'un rapport de 38 pages
étayant les accusations -le rapport ne contient toutefois
rien de plus qui n'ait déjà été
rapporté par les médias américains
ou sur cette page en août dernier (voir
ce texte).
Parmi les signatures les plus prestigieuses:
David Baltimore, président du California Institute
of Technology, Harold Varmus, ancien directeur des National
Institutes of Health, l'organisme-parapluie de la recherche
en santé financée par le gouvernement, Sherwood
Rowland, prix Nobel pour ses recherches sur la couche d'ozone,
Steven Weinberg, Nobel de physique, Russell Train, qui fut
directeur de l'Agence de protection de l'environnement sous
les présidents Nixon et Ford.
Pour le président de l'UCS, Kurt Gottfried,
physicien des particules à l'Université Cornell,
la
nature et la portée des interventions politiques
en science sont "sans précédent". C'est
"l'éthique même de la science qui est en jeu",
selon lui.
La Maison-Blanche a réagi en se disant
déçue de cette déclaration, et en rétorquant
que les décisions politiques étaient prises
sur la base "de la meilleure science disponible".
Capsule
suivante
Retour
au sommaire des capsules
Vous aimez cette capsule? L'Agence Science-Presse
en produit des semblables -et des meilleures!- chaque
semaine dans l'édition imprimée d'Hebdo-science
et technologie (vous désirez vous abonner?).
Vous voulez utiliser cette capsule? Contactez-nous!
|