
Le 30 mars 2004

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Visa la mouche, tua la malaria
(Agence Science-Presse) - Après avoir
décodé l'an dernier le génome du parasite
responsable de la malaria, puis le génome du moustique
qui transporte le parasite, les chercheurs viennent de pointer
avec précision les gènes qui permettent à
ce moustique de transmettre la malaria.
Un pas de plus, espère-t-on, vers une
lutte anti-malaria qui, plutôt que de cibler le malade,
ciblerait le moustique: en manipulant ses gènes,
on pourrait en théorie l'empêcher de transmettre
la maladie.
Car c'est bien ainsi que procède Plasmodium,
ce micro-organisme qui cause le malaria, ou paludisme. Il
croît à l'intérieur du moustique, l'anophèle,
sans lui causer de dommages, et s'en va ensuite habiter
la bestiole par exemple, l'humain que l'anophèle
choisit de piquer.
Or, si le Plasmodium peut vivre aussi
confortablement dans l'insecte, c'est parce que, les généticiens
l'avaient compris depuis longtemps, il y a dans cet insecte
une séquence génétique particulière
qui empêche son système immunitaire de reconnaître
ce corps étranger. Désactivez le gène
CTL4, et
le système immunitaire de la mouche attaque le parasite,
vient de découvrir une équipe du Laboratoire
européen de biologie moléculaire à
Heidelberg (Allemagne), dirigée par George Christophides.
Leur étude est parue dans la dernière édition
de la revue américaine Science, et une recherche
parallèle est également parue en même
temps dans la revue Cell.
Plus curieux est le fait que ce gène
fait partie d'un quatuor: la moitié, dont CTL4, empêche
le système immunitaire d'attaquer le parasite, alors
que l'autre moitié de ces gènes provoque l'attaque
contre le parasite. C'est donc à un délicat
effet de balance que ces généticiens ont assisté.
Mais seul compte le résultat final: avec CTL4 sorti
du décor, jusqu'à 97% des micro-organismes
de l'espèce Plasmodium sont éradiqués.
Resterait
par contre à trouver comment désactiver ce
gène . On pourrait certes imaginer qu'une population
de moustiques au gène CTL4 désactivé
seraient relâchés dans la nature après
avoir été manipulés génétiquement
en laboratoire, mais nul n'est en mesure de dire s'ils se
multiplieraient plus vite que leurs homologues. Au contraire,
il est fort possible que de jouer avec ce gène ne
rende la survie du moustique plus difficile, étant
entendu qu'aucun gène ne travaille tout seul dans
un organisme.
Il serait plus simple de chercher à
découvrir un produit chimique qui, à la manière
des pesticides, ferait le travail et les scientifiques
ont intérêt à se hâter: le Plasmodium
devient de plus en plus résistant aux médicaments
anti-malaria. Selon l'Organisation mondiale de la santé,
la malaria tue un million de personnes par année,
et 300 millions en sont malades: c'est davantage que le
sida et la tuberculose réunis.
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