La nouvelle a déclenché une
tempête médiatique. Une entité venue
des confins de lunivers aurait envoyé un signal
capté par les scientifiques du projet SETI@home.
Malheureusement, les amateurs dovni
peuvent aller se rhabiller. Le scientifique en chef de SETI@home,
Dan Wertheimer, a démenti la rumeur en qualifiant
dexagérée la possibilité
que le fameux signal vienne dune intelligence extra-terrestre.
Depuis six ans, le radio-télescope
dArecibo, situé à Porto Rico, scrute
le ciel à la loupe afin de découvrir un tel
message radio. Et pour analyser les milliards de données
tombées du ciel, les concepteurs ont eu une idée :
mettre à profit les ordinateurs de millions dinternautes.
Ainsi est né le logiciel gratuit SETI@home,
un écran de veille qui analyse les données
envoyées par Arecibo, à la recherche d'un
signal "suspect" qui se dégagerait du bruit de fond
cosmique.
Or, la semaine dernière, coup de théâtre:
le magazine New Scientist publie
un article sur un signal dont lorigine serait
possiblement extraterrestre. Le papier a rapidement fait
le tour des médias. " Toute cette agitation
nest que pure fantaisie, affirme
Dan Wertheimer. Nous navons rien trouvé
danormal. Cette
histoire est devenue disproportionnée",
rapporte le site Internet de la BBC.
Le fameux signal, capté en mars 2003,
se situe à 1420 mégahertz, la fréquence
de lhydrogène, lélément
le plus courant dans lunivers. On
présume qu'une civilisation extra-terrestre utiliserait
cette fréquence. Par contre, le signal fluctue
très rapidement on ne peut donc l'entendre
que pendant quelques secondes ce qui réduit
considérablement les chances quil ait été
envoyé par E.T. Certes, il a été capté
trois fois, mais sur les cinq milliards de données
reçues, il est statistiquement probable que certains
bruits se répètent trois fois par hasard.
Et pourquoi ne pas utiliser la poste?
En attendant, avons-nous raison de
rêver
à des signaux radio extra-terrestres? Un physicien
et un ingénieur électrique prétendent
que non. Sur la base de calculs publiés par rien
de moins que la revue britannique Nature, ils affirment
que pour une civilisation lointaine, il serait bien plus
économique d'envoyer une lettre qu'un message radio.
Christopher Rose, l'ingénieur de l'Université
Rutgers, et Gregory Wright, le physicien de la firme Antipodes
Associates (New Jersey), ont même tenu compte, dans
leurs calculs, d'une autre théorie surgie ces dernières
années: celle qu'une civilisation puisse envoyer
des signaux par rayons laser plutôt que par radio
(un signal lumineux voyage plus loin et se détériore
moins vite). Même ainsi, disent-ils, un colis envoyé
par un service de messagerie cosmique serait "énormément"
plus efficace qu'un signal lumineux. Il arriverait moins
vite, mais il arriverait intact. Et il ne serait pas soumis
à différentes contraintes, comme la nécessité,
pour le récepteur, d'observer le ciel juste au bon
moment et juste sur la bonne fréquence.
Leur recommandation semble tout droit sortie
d'un roman de science-fiction: les scientifiques qui cherchent
des messages extra-terrestres seraient plus avisés,
écrivent-ils, de chercher
des façons par lesquelles de tels messages pourraient
être inscrits ou cachés dans notre environnement.
C'était l'inspiration derrière le roman et
le film 2001, l'odyssée de l'espace: un monolithe
enfoui sous le sol lunaire par une civilisation passée
par ici il y a trois millions d'années. Et les nanotechnologies
ouvrent tout un nouveau spectre de possibilités:
on peut désormais enregistrer beaucoup d'informations
dans fort peu d'espace.
La revue Nature a non seulement consacré
sa Une au sujet, elle a même confié à
un troisième scientifique le soin de pondre une analyse
de cette recherche inusitée. "Si des astroarchéologues
devaient trouver une telle chose, ce ne serait pas la première
fois que la science-fiction deviendrait réalité",
écrit le Dr Woodruff T. Sullivan, de l'Université
de Washington.
Les vétérans du programme SETI
se sont toutefois contentés de sourire à cette
pierre dans leur jardin. "C'est une lecture amusante, admet
Paul Horowitz, de l'Université Harvard. Mais je n'éteindrais
pas mon radio-télescope tout de suite."
- "Inscribed matter as an energy-efficient means
of communication with an extraterrestrial civilization",
par Christopher Rose et Gregory Wright. Nature,
2 septembre 2004.