
Le 3 mai 2005

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Planète sur photo (suite)
(Agence Science-Presse) - Plus de 140 nouvelles
planètes, et pourtant pas une seule qui n'avait encore
été prise en photo. En voici finalement une.
Petite tache rouge sur grand projecteur blanc.
Il y a eu, il est vrai, d'autres annonces
du même genre depuis que nous suivons l'actualité
des planètes extra-solaires (entre autres: novembre
1999 et août
2000). Celle-ci est la première qui ne soit pas
de l'ordre du "peut-être", du "probable" ou du "on
attend confirmation". Les astronomes européens et
américains s'entendent pour dire que la petite tache
rouge sur la photo est un compagnon de son étoile.
Elle ferait environ cinq fois la taille de
Jupiter et tournerait autour de son étoile à
une distance de quelques milliards de kilomètres,
deux fois plus loin que ne l'est, chez nous, la planète
Neptune. L'étoile est cataloguée sous le banal
code 2M1207A. Le tout est à 230 années-lumière
d'ici.
La première photographie avait été
prise à l'Observatoire européen du Sud, basé
au Chili, en septembre dernier (lire: Planète
sur photo). Comme il subsistait un doute sur le lien
entre ces deux objets, une autre équipe, également
installée dans les montagnes du Chili, a effectué
un suivi de cette étoile, dans la constellation de
l'Hydre. Lequel a confirmé que les
deux objets se déplaçaient bel et bien ensemble.
La découverte sera publiée dans
une prochaine édition de la revue Astronomy and
Astrophysics.
La photo met donc fin à une
des compétitions auxquelles se livrent les astronomes
depuis la première détection d'une planète
tournant autour d'une autre étoile, en 1995. Ils
ont déduit la présence de dizaines de planètes
géantes grâce à l'effet gravitationnel
qu'elles exercent sur leurs étoiles respectives;
tout récemment, ils ont commencé à
en détecter grâce à l'infime variation
dans la lumière de l'étoile, lorsque cette
planète passe directement entre l'étoile et
nous. Mais toutes ces détections demeuraient indirectes:
jamais de photos.
Et on comprend pourquoi quand on se rappelle
que, déjà, une étoile apparaît
comme une petite balle dans les plus puissants télescopes.
Photographier une planète, même géante,
à côté de son étoile, relève
déjà de l'exploit. La photographier malgré
l'étoile qui nous aveugle quand on regarde droit
dessus constitue une mission impossible.
Presque impossible. Mais dans ce cas-ci, l'étoile
est une naine brune, c'est-à-dire une étoile
qui ne s'est pas "allumée". En d'autres termes,
elle est trop petite pour avoir engendré les réactions
nucléaires qui font briller en permanence une étoile
comme notre Soleil. Ce qui, évidemment, a constitué
une opportunité pour ceux qui tentaient de prendre
en photo son compagnon.
A présent qu'on a une photo, d'autres
vont peut-être rapidement suivre, profitant de l'expérience
acquise par l'équipe européenne, dont le Français
Gael Chauvin, à qui on attribue "l'observation cruciale"
et leur joujou, l'instrument d'optique adaptative Naos.
Mais pour espérer avoir une telle photo d'une planète
de la taille de la nôtre, de surcroît autour
d'une véritable étoile qui brille, il faudra
attendre la prochaine génération des super-télescopes
qui pour l'instant, n'existe que sur les planches à
dessin.
Dans l'immédiat, ce n'est pas ce qui
intéresse les astronomes et astrophysiciens. Pour
eux, il y a un autre objectif, plus stimulant, ainsi exprimé
par Anne-Marie Lagrange, de l'Observatoire de Grenoble,
sur
les ondes de la BBC: "notre découverte représente
un premier pas vers un des plus importants Saint-Graal de
l'astrophysique moderne. Décrire les caractéristiques
physiques et la composition chimique de planètes
géantes et, éventuellement, de planètes
de la taille de la Terre."
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