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semaine du 2 mai 2005



Créationnisme: quand une pseudo-science entre à l'école

Si le dialogue avec un créationniste borné et dogmatique est impossible, en revanche, les scientifiques auraient tort de rejeter du revers de la main leur montée en puissance: car avec cette pseudo-science appelée le design intelligent, ils rejoignent une clientèle étudiante qui, elle, est ouverte à des explications rationnelles.

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"Plutôt que de l'ignorer, les scientifiques doivent comprendre les raisons de sa popularité et aider les étudiants à reconnaître les alternatives", écrit la revue britannique Nature en éditorial.

Nature consacre rien de moins que sa page couverture, cette semaine, à la montée du créationnisme, ou plutôt du "design intelligent", ce maquillage par lequel les créationnistes tentent de tasser l'enseignement de l'évolution des écoles.

Ayant abandonné l'idée d'une création du cosmos en six jours, plusieurs d'entre eux s'appuient désormais sur un savoir scientifique, de sorte que leur théorie du design intelligent passe mieux la rampe chez certaines clientèles. En particulier, parce qu'elle se donne l'apparence d'une théorie scientifique, elle permet de contourner, aux États-Unis, l'interdiction de faire entrer la religion dans les écoles publiques.

Il y a par ailleurs longtemps que cette montée en popularité n'est plus réservée aux commissions scolaires les plus conservatrices des États du Sud. Le concept de design intelligent gagne en effet popularité dans les universités nord-américaines –et même européennes.

- Depuis la création du premier club Intelligent-Design (IDEA) à l'Université de Californie à San Diego en 1999, plus de 20 autres ont ouvert dans des collèges américains.

- En octobre, une école de Pennsylvanie est devenue la première à adopter l'inclusion du design intelligent dans son programme scolaire (voir L'ignorance au pouvoir).

- Des projets similaires sont à l'étude dans au moins six États, dont le Kansas, le Mississipi et l'Arkansas. C'est cette semaine que commencent à ce sujet des audiences publiques au Kansas, que les principales associations de scientifiques boycottent (voir Créationnisme: l'impossible dialogue).

- Dans tous ses cas et plusieurs autres, on s'apprête à coller, ou on a déjà collé, des auto-collants sur les livres de biologie stipulant que l'évolution n'est qu'une banale théorie parmi d'autres

- Selon un sondage Gallup, les trois quarts des adolescents américains croient que Dieu joue un rôle dans la création des animaux et l'évolution de notre planète.

Le concept touche donc une corde sensible, ne serait-ce que chez les jeunes qui tentent de réconcilier leur foi avec leur intérêt pour la science. On aurait donc tort de l'ignorer. Le problème réside dans le fait que ces jeunes ne voient pas que le design intelligent n'est pas une théorie scientifique, parce qu'il entre en conflit avec le raisonnement scientifique le plus élémentaire.


Le pourquoi et le comment

Explication. La science a pour fonction de base d'expliquer le "comment": comment ça marche, comment ça évolue, comment ça se rend du point A au point B.

La religion et la philosophie ont plutôt pour mission de proposer des explications au "pourquoi": pourquoi sommes-nous ici, où allons-nous, quel est le sens de la vie. Toutes des choses auxquelles la science ne peut pas, par définition, apporter de preuves.

Or, le design intelligent prétend justement apporter des preuves du pourquoi –alors qu'en réalité, il n'en propose aucune, se contentant de critiquer les preuves relatives à l'évolution. C'est ce qui lui vaut de basculer du côté des pseudo-sciences.

Tout ceci est clair pour un scientifique, mais fort abstrait pour un non-scientifique. Et c'est là que le bât blesse, dénonce Nature: les scientifiques ne s'impliquent pas assez dans les débats, n'interviennent pas assez sur la place publique, n'osent même pas prendre le temps de dire à leurs étudiants comment eux-mêmes réconcilient leur foi avec la science.

Ils sont divisés sur l'entrée du design intelligent dans les universités. Mais comme il est impossible d'empêcher une idée de circuler, il revient aux scientifiques de prendre leur craie et d'expliquer les bases même de la biologie: la complexité d'un organisme et le parcours qui y a mené et la méthode scientifique qui a permis d'arriver à ces conclusions.

"Je pense que les professeurs de biologie peuvent faire un meilleur travail pour expliquer l'évolution", affirme Eugenie Scott, directrice du Centre national pour l'éducation aux sciences, un groupe californien qui est à l'avant-poste de la promotion de l'enseignement de l'évolution.

Se contenter "d'attaquer ou rejeter le design intelligent, conclut Nature, aggravera le fossé entre science et foi qui entraîne un intérêt plus grand encore des étudiants pour le design intelligent."

Pascal Lapointe

 

 

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