
Le 21 juin 2005

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Les 8 grands pays ne veulent pas parler de climat
(Agence Science-Presse) - Il ne faut pas attendre
de virages sur la lutte contre le réchauffement lors
de la prochaine rencontre des huit pays les plus industrialisés
(le G8). Un document prometteur a été balayé,
ont appris les journalistes. Et la Maison-Blanche exerce
une forte pression, a ajouté un quotidien britannique.
Une première version du communiqué
final, qui avait été "coulée" aux médias
le 27 mai, décrivait les changements climatiques
comme un fait acquis et lançait un appel à
des injections de fonds pour des projets d'économies
d'énergie. Cette première version du communiqué
final c'est-à-dire le document qui fait le
bilan de la rencontre annuelle du G8 et des priorités
pour l'année à venir proposait également
un "concours du carbone", genre de compétition pour
accoucher des manières les plus efficaces de combattre
le réchauffement climatique.
Or, dans la nouvelle version du communiqué,
les mots "notre planète se réchauffe" apparaissent
désormais entre accolades, ce
qui signifie qu'au moins un pays est en désaccord
avec cette formulation. Toute mention de nouveaux fonds
a disparu.
Le mouton noir en question serait Washington,
selon
l'ex-ministre travailliste de l'Environnement britannique
Michael Meacher. C'est la Grande-Bretagne qui accueille
le Sommet du G8, les 6 et 7 juillet à Gleneagles.
Intuition
confirmée en fin de semaine par le quotidien britannique
The Observer, qui a obtenu des documents révélant
les "efforts extraordinaires" de la Maison-Blanche pour
bloquer les Britanniques qui veulent faire figurer le réchauffement
planétaire sur l'ordre du jour de cette rencontre.
Les documents, émanant de la Maison-Blanche,
s'inscrivent dans la même lignée: négociations
en vue de la rédaction du communiqué final
du Sommet de Gleneagles. Et ces documents, conclut The
Observer, révèlent un durcissement de
la position américaine au cours des deux derniers
mois. Les fonctionnaires américains souhaitent désormais:
- que soit effacée toute référence
aux menaces que le réchauffement fait peser sur
la santé et l'environnement;
- que soit effacée toute référence
au fait que le réchauffement est déjà
commencé;
- que soit effacée toute référence
à une responsabilité humaine dans les
changements climatiques.
En clair, si Washington maintient son bout,
le Sommet du G8 ne parlera qu'en des termes vagues du réchauffement
planétaire, sous le prétexte que les données
scientifiques sont encore trop incertaines.
Ces documents glissés en sous-main
aux journalistes britanniques arrivent deux semaines à
peine après une prise de position historique, celle
de 11 académies nationales des sciences, dont l'américaine
et la britannique, plaidant auprès des chefs d'État
pour qu'ils prennent acte au plus vite de la réalité
du réchauffement et qu'ils agissent en conséquence
(voir
ce texte). De toute évidence, les conclusions
de 11 Académies nationales des sciences ne pèsent
pas aussi lourd que les croyances du Président Bush...
Du côté des organisateurs du
Sommet du G8, on rappelle que les négociations ne
sont pas terminées et que la seule version du communiqué
final qui compte, c'est celle qui sera dévoilée,
justement, à la fin du Sommet.
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