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semaine du 20 juin 2005



Les USA (re)découvrent leur vache folle

Et c'est parti. Les Etats-Unis ont découvert plus tôt ce mois-ci leur deuxième cas de vache folle. Ou plutôt redécouvert. Et la liste ne fait peut-être que commencer.

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La vache avait en fait été identifiée en novembre dernier: suspectée d'être malade, elle avait ensuite été innocentée. C'est un nouveau test, effectué avec une méthode différente et réputée plus complète, qui a permis de détecter la maladie.

Si cette mauvaise nouvelle se confirme, cela en fera la deuxième vache ainsi identifiée sur le territoire américain, mais la première née aux Etats-Unis: l'autre, en décembre 2003, dans l'État de Washington, était une vache importée du Canada.


Les tests sont-ils fiables?

Il n'y a pas bien longtemps que l'on admet que la maladie de la vache folle (encéphalopathie spongiforme bovine) est causée par une mystérieuse protéine appelée prion. Et parce qu'on ne la connaît pas encore très bien, les tests de dépistage ne sont pas efficaces à 100%.

L'un de ces tests est appelé ELISA. C'est lui qui a été utilisé par le gouvernement américain, après la découverte du premier cas, en 2003, sur les bovins "à risque": ceux qui montrent des comportements neurologiques bizarres, qui sont retrouvés morts ou sont incapables de se tenir debout. Quelque 375 000 animaux ont été testés, et aucun cas de vache folle n'a été détecté.

En comparaison, le Canada a testé 30 000 animaux et a détecté trois cas de vache folle. Mais il y a un hic: le Canada a employé un autre test, appelé "western blot" (littéralement: tache de l'Ouest). Et plusieurs experts affirment que western blot est plus fiable qu'Elisa, parce qu'il est plus complet (et plus coûteux).

A lire aussi

La vache qui rend fou (12.01.2004)


Et

La douce folie de la vache folle (26.05.2003)

Le défaut d'Elisa: il détecte davantage de "faux positifs": c'est-à-dire des cas qui semblent d'abord suspects, puis se révèlent sans dangers. De fait, en 2004, Elisa avait détecté trois cas parmi le bétail américain, dont celui qui nous occupe ici, identifié le 18 novembre. Lorsque les cerveaux de ces trois bovins avaient été à nouveau analysés, Elisa s'était avéré, cette fois, négatif. Le 23 novembre, ils avaient même été soumis à un troisième type de test, dit immuno-histochimique (IHC): on injecte dans une mince couche du cerveau des anticorps du prion. Là encore, résultats négatifs.

L'Inspecteur général du ministère américain de l'Agriculture n'était sans doute pas convaincu, puisqu'il a été révélé, le 10 juin, qu'il avait ordonné une nouvelle batterie de tests utilisant, cette fois, la méthode western blot. Et c'est là qu'un des trois animaux a été déclaré porteur de la maladie.


Risqué pour la santé ou non?

Les médias américains ont été remarquablement discrets. La dépêche de l'Associated Press se contente de signaler ce cas possible et de souligner tout de suite qu'il n'y a aucun risque pour la santé.

Il est exact que cette vache de 9 ans n'est jamais entrée dans la chaîne alimentaire. Autrement dit, personne n'en a pris la moindre bouchée. C'est l'ingestion de la viande d'animal contaminé par l'encéphalopathie spongiforme bovine qui peut, dans un petit nombre de cas, provoquer chez l'humain la maladie de Creutzfeldt-Jakob.

Mais combien d'autres cas de vaches folles reste-t-il à détecter aux États-Unis? Ce n'est qu'en 1997 que ce peays a mis fin à l'alimentation à base de viande chez les bovins. Cette vache suspecte est donc née juste avant l'interdit. Statistiquement, il doit y en avoir d'autres.

Par ailleurs, les premiers timides programmes de dépistage (19 000 animaux) ne remontent qu'à 2002, et le gros programme dont il est question ici (375 000 animaux) n'a eu lieu qu'en 2004 (voir la chronologie). Déjà, il y a 18 mois, deux journalistes américains, Sheldon Rampton et John Stauber, avaient déploré que moins d'un bovin sur 1000 soit testé avant d'être envoyé aux abattoirs, loin en-dessous des normes britanniques.

En Grande-Bretagne, l'épidémie a touché, après 1986, quelque 200 000 bovins. On peut se rassurer en se rappelant que, depuis le premier décès, en 1994, "seulement" 120 personnes en sont mortes.


Pourquoi échapper à un test et pas à un autre?

Le prion est une protéine encore peu connue. "Si elle n'est pas suffisamment présente dans le cerveau, vous pouvez obtenir un signal faible avec le test Elisa, et un signal négatif avec l'IHC", explique au New Scientist Marcus Doherr, de l'Université de Berne, en Suisse, qui a contribué à développer le système de surveillance dans son pays.

Conclusion optimiste: peut-être est-ce le test western blot qui est dans l'erreur. Autrement dit, peut-être que cette vache est tout à fait saine. Un échantillon de son cerveau a été expédié au laboratoire britannique de Weybridge, qui constitue la référence internationale en la matière.

Conclusion pessimiste: peut-être faudra-t-il au contraire reprendre les 350 000 animaux déjà testés, ou une partie d'entre eux, et les faire passer par le test western blot.

Pascal Lapointe

 

 

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