Le chimpanzé est, comme chacun sait, un proche cousin
à nous. Mais le bonobo, un singe d'Afrique centrale
apparenté au chimpanzé, est encore plus proche.
Génétiquement et biologiquement. Voire socialement:
il présente une organisation sociale et des traits
culturels uniques en son genre dans le monde animal. Entre
autres, un rôle prédominant joué par
les femelles et une sexualité débridée.
Mais à l'instar de milliers d'autres espèces
animales, il est en voie de disparition. Plus les mois passent,
et plus les rapports des chercheurs des années 2002-2003
se confirment: la chasse altère à ce point
son environnement que le bonobo est de plus en plus difficile
à trouver et moins les chercheurs savent où
il est, moins il est possible de le protéger. Ou
du moins, de protéger ceux qui restent.
Un nouveau recensement de la forêt Lomako, une zone
de 3600 kilomètres carrés située au
Congo, a permis d'observer davantage de bonobos que prévu,
mais davantage dispersés qu'auparavant, ce qui signifie
qu'il y a moins de nids qu'avant. Ce qui explique aussi,
au passage, que certains recensements des dernières
années n'en aient pas vu un seul.
Selon
Jeff Dupain, de la Fondation africaine de la faune à
Kinshasa (Congo), qui a dirigé cette dernière
étude, les pressions accrues des chasseurs ces dernières
années chasseurs qui sont eux-mêmes poussés
par la famine, la pauvreté et les guerres civiles
sont une cause probable de la dispersion des bonobos: ceux-ci
sont progressivement poussés hors de leurs habitats
traditionnels.
Le même constat a été posé à
quelques reprises, ces dernières années sur
les gorilles d'Afrique centrale. Mêmes causes: braconnage,
misère humaine, guerres civiles. Mais on a traditionnellement
moins parlé des bonobos, parce qu'ils sont moins
médiatiques que les gorilles et parce que les
chercheurs ont plus de mal à les observer, donc à
en parler en connaissance de cause. Jeff Dupain lui-même
avait mené un semblable recensement dans la forêt
Lomoko en 2002, et n'avait compté que le quart des
bonobos qu'il s'attendait à trouver.
En décembre, la Fondation mondiale pour la nature
publiait un recensement majeur des bonobos, incluant le
Parc national Salonga, le seul endroit de la planète
où ces singes sont protégés. Les chercheurs
en ont trouvé si peu qu'il leur fut impossible de
dire avec certitude combien il en restait.
La dernière étude Dupain rassurera donc en
partie les chercheurs: oui, les bonobos sont encore là.
Mais leurs plus proches cousins ne sont pas des membres
de la famille dignes de confiance...