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semaine du 31 janvier 2005



L'ignorance au pouvoir

Un Etat, la Georgie, qui place sur ses livres scolaires des auto-collants remettant en question l'évolution des espèces. Un autre qui accepte d'enseigner en classe une variante du créationnisme. Portrait d'un débat surréaliste au sein de la première puissance mondiale.

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Le mois de janvier aura été un mélange de bonnes et de mauvaises nouvelles pour les créationnistes, ces gens qui persistent à croire que la Terre a été créée en six jours, il y a quelques milliers d'années. La mauvaise nouvelle pour eux: le 13 janvier, un juge fédéral du district d'Atlanta, capitale de la Georgie, ordonnait à la commission scolaire du comté de Cobb (banlieue d'Atlanta) de retirer les auto-collants remettant en question l'évolution des espèces. Ces auto-collants étaient systématiquement appliqués sur les manuels scolaires de biologie depuis 2002.

La commission scolaire a annoncé qu'elle ferait appel.

La bonne nouvelle pour les créationnistes: le 18 janvier, les élèves du secondaire à Dover, Pennsylvanie, se faisaient expliquer en classe, pour la première fois, la théorie du "design intelligent" –une façon maquillée de parler de créationnisme. Ce recul était le résultat d'une décision rendue en ce sens en novembre dernier (voir ce texte), qui ajoutait le "design intelligent" au programme des cours de biologie.

Ces petits événements, qui ne devraient être que deux escarmouches mineures dans une guerre qui se poursuit depuis des générations aux Etats-Unis, a contribué à relancer le débat sur de multiples tribunes, téléphoniques et Internet: celles des fondamentalistes religieux pour qui toute la biologie depuis 150 ans (soit depuis Darwin) n'est qu'un tissu de mensonges, celles des biologistes qui s'arrachent les cheveux face à l'ignorance crasse de certains de leurs contemporains, et celle des observateurs du milieu de l'éducation qui se demandent avec effroi comment ils ont pu à ce point se fourvoyer pour que plus du tiers des habitants du pays le plus riche du monde puissent croire que la femme a été créée à partir d'une côte de l'homme.

Le dit débat s'est, pour une fois, rendu jusqu'aux pages du New York Times et du Washington Post. Commentant l'auto-collant de Georgie qui affirme que "l'évolution est une théorie, pas un fait", le New York Times tente la carte de l'ironie: "si l'évolution est juste une théorie, alors le design intelligent devrait être qualifié de même pas une théorie".

Le Washington Post prend pour sa part la chose avec gravité: "la force et l'étendue du mouvement anti-évolution, qui s'est répandu à la grandeur du pays, presque sans être remarqué, devrait obliger les politiciens américains à réfléchir à deux fois à la manière dont l'expression de leurs convictions religieuses commence à affecter l'éducation et la science".

De fait, ils sont plus puissants avec chaque année qui passe, poursuit le journaliste du Times. Il y a 80 ans, lors du procès Scopes tenu au Tennessee (alors qu'un enseignant avait été poursuivi pour avoir osé enseigner l'évolution dans sa classe), les créationnistes avaient été déboutés lorsque la Cour suprême leur avait rappelé que la religion n'avait pas sa place dans les écoles publiques des Etats-Unis (voir ce texte). Depuis, ils essaient de réintroduire la Création en 7 jours par deux subterfuges, qui leur ont valu un certain succès, surtout au cours de la dernière décennie (lire Le chat et la souris créationnistes):

1) Prétendre qu'on veut simplement présenter aux élèves une alternative à la théorie de l'évolution; bref, le créationnisme ne serait rien d'autre qu'un élément du débat scientifique

2) Mettre de l'avant la théorie du design intelligent, qui prétend démontrer que l'univers ne peut être que le fruit d'un "designer intelligent". Les promoteurs de cette théorie se gardent évidemment bien de prononcer le mot "Dieu", sans quoi cela deviendrait de la religion...

L'enseignante Eugenie Scott, du Centre national pour l'enseignement des sciences à Oakland (Californie), grande pourfendrice des créationnistes devant l'éternel, s'est déclarée "encouragée" par le jugement rendu en Georgie, espérant que cela découragerait les promoteurs de l'auto-collant "une théorie, pas un fait".

Elle peut toujours rêver. Déjà, il y a des années que des professeurs de biologie du Kansas, de l'Alabama, du Nebraska, du Texas, de Georgie et d'autres encore, face au mur de briques que représentent des parents bornés... préfèrent, pour éviter toute controverse, escamoter toute mention de Darwin ou de l'évolution dans leurs cours.

Pascal Lapointe

 

Ailleurs sur le site de Science-Presse

- En 1999, le Kansas retirait des examens de fin d'année de tout le cursus scolaire (de la 1ere à la 12e année) toute référence à l'évolution (incluant le Big Bang). Lire Un grand pas en arrière pour l'humanité.

- Et sa suite, Le grand pas en arrière - Y a quelqu'un?

- L'année suivante, la décision était renversée au comité de l'Etat sur l'éducation. Lire Le Kansas évolue.

- Sur une décision similaire d'une commission scolaire de Georgie en 2002, voir Les imbéciles sont parmi nous.

- Et une décision similaire en Alabama

- Sur la décision de la commission scolaire de Dover, Pennsylvanie, rendue en novembre dernier, lire Le retour chronique des créationnistes.

- Pour approfondir votre réflexion sur l'enseignement, vous pouvez aussi lire Pourquoi les créationnistes gagnent à tous les coups.

 

 

En manchette la semaine dernière:
Titan: la chasse au liquide

A lire également cette semaine:
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