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semaine du 28 février 2005



Le livre de Mars

Un océan gelé, aujourd'hui, sur Mars. Un livre ouvert sur les climats des 3 derniers millions d'années là-bas. Et des indices d'une activité volcanique il y a très, très longtemps. D'hier à aujourd'hui, trois percées dans la même semaine autour de la planète rouge: le portrait prend forme.

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L'annonce la plus spectaculaire, c'est évidemment celle qui concerne l'aujourd'hui: il y aurait une mer congelée, de 800 à 900 kilomètres de long, et de 45 mètres de profondeur, cachée à quelques mètres seulement sous la surface. Et ce non pas au Pôle Nord, mais à l'équateur.


1) La mer qu'on voit geler le long des golfes rouges

La sonde européenne Mars Express, en orbite depuis un an, a renvoyé des images suffisamment convaincantes pour que les chercheurs aient jugé bon de soumettre leurs conclusions à la revue britannique Nature. Celle-ci publiera le tout à la mi-mars; une première présentation des données a déjà été faite lors du premier "congrès Mars Express", tenu aux Pays-Bas le 21 février.

En gros, ces images de la plaine Elysium présentent les caractéristiques auxquelles on est en droit de s'attendre –ce sont les glaciologues qui le disent– de la part d'une plaine de sable recouvrant une couche de glace. Or, s'il y a de la glace aussi près de la surface, cela signifie qu'elle a gelé assez récemment –il y a 5 millions d'années évalue, sur la base de l'absence de cratères, le chercheur principal, John Murray, de l'Université Open à Milton Keynes (Angleterre). Cinq millions d'années, à l'échelle géologique, ce n'est rien du tout. Juste le temps d'être recouvert par une fiche de couche de poussière volcanique ou météoritique –une couche de poussière qui a en même temps protégé cette couche d'eau, l'empêchant de s'évaporer dans la fine atmosphère.

Donc, des poches d'eau liquide auraient subsisté jusqu'à tout récemment –peut-être même aujourd'hui.

Rappelons que les deux sondes américaines, Spirit et Opportunity, n'ont fait que confirmer, en 2004, que de l'eau avait coulé il y a très, très longtemps: un milliard d'années, peut-être plus. La sonde européenne Mars Express, de son côté, avait confirmé la présence d'eau glacée au voisinage du Pôle Nord, ce qui était une première; mais comme il s'agissait du Pôle Nord, lequel est encore plus froid que le nôtre, rien ne permettait de dire depuis combien de temps cette eau avait gelé.

En revanche, ici, on est près de l'équateur (au 5e degré de latitude Nord). Avec cette annonce, la science s'approche considérablement de notre réalité –et le débat sur la vie martienne dispose d'une nouvelle assise. Pour couronner le tout, les chercheurs ressortent une vieille carte de leur manche: l'une des régions où des concentrations élevées de méthane ont peut-être été détectées en 2004, est justement la plaine Elysium. Or, le méthane peut être émis, entre autres choses, par des micro-organismes.


2) Ton histoire est une épopée glacée

Sachant qu'une falaise révèle son passé couche par couche –plus vous descendez, plus les roches sont anciennes– une falaise de glace peut faire la même chose, pour peu qu'elle n'ait pas bougé depuis quelques millions d'années. Sur Terre, avec les cycles climatiques, ce serait difficile de trouver une telle falaise, mais pas sur Mars. La sonde américaine Mars Global Surveyor, en orbite depuis 1997, a ainsi photographié une "carte" glacée du climat des 3 derniers millions d'années, affirment des géologues de l'Université Brown (Rhode Island), dans l'édition en ligne de la revue Journal of Geophysical Research: Planets.

L'histoire du climat, expliquent-ils, est écrite en bandes sombres et claires dans cette montagne de glace située près du Pôle Nord. Des bandes qui semblent se succéder avec suffisamment de régularité pour suggérer des variations régulières (tous les 51 000 ans) dans l'orbite que suit Mars autour du Soleil. Et la qualité des images permet d'obtenir une résolution de quelques mètres. Ce n'est pas assez pour lire le climat année par année, ni même siècle par siècle, mais ça suffit pour avoir le tout premier témoignage concret de l'histoire martienne.


3) Folle jeunesse

Enfin, il se confirme que Mars fut active pendant son premier milliard d'années (au moins). Tout comme la Terre, elle a dû être secouée par des éruptions volcaniques, des séismes à répétition et autres événements caractéristiques d'une planète géologiquement vivante.

C'est ce que révèle un mélange d'observations menées depuis l'orbite martienne et sur des météorites martiennes tombées chez nous: on retrouve les signatures de cette activité interne dans la magnétisation de la croûte martienne et dans les isotopes des météorites, résume une équipe américaine de près d'une vingtaine de personnes, dans la dernière édition de la revue Science.

Cela confirme que pendant ce premier milliard d'années, Mars a dû ressembler à la Terre. Or, plus une planète est géologiquement active, plus la chaleur que cela provoque favorise la présence d'eau, "même après la perte de l'essentiel de l'atmosphère primitive", lit-on dans l'étude. Et des poches d'eau souterraines suffisamment grandes auraient laissé comme trace des "anomalies magnétiques" que de futures sondes spatiales en orbite basse pourraient détecter.

***

En attendant, il y en a une, de sonde spatiale, qui doit bientôt commencer des analyses plus détaillées du sol et du sous-sol martien: après un long retard, le radar MARSIS (Mars Advanced Radar for Subsurface and Ionosphere Sounding) de la sonde européenne Mars Express doit finalement être déployé en avril ou mai. Capable en théorie de "fouiller" jusqu'à 5 km sous la surface, il pourrait, toujours en théorie, confirmer l'existence de la mer souterraine de la plaine Elysium –et qui sait, peut-êtres 'autres mers encore.

Pascal Lapointe

 

 

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