
Le 15 mars 2006

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Une gifle pour la fusion
(Agence Science-Presse) - Le problème
de la fusion nucléaire, c'est que depuis que les
scientifiques tentent de la maîtriser, la technologie
nécessaire semble toujours... à 50 ans dans
le futur! Un expert de 60 ans du domaine vient de jeter
un pavé dans la mare: arrêtons de nous illusionner.
La fusion nucléaire ne sera jamais
une source d'énergie électrique pratique,
tranche William Parkins dans une analyse publiée
par la revue Science. Le physicien William Parkins
a travaillé sur le Projet Manhattan la première
bombe atomique pendant la Deuxième guerre mondiale.
La fusion nucléaire à
ne pas confondre avec la fission, qui alimente les centrales
nucléaires c'est, littéralement, l'énergie
qui fait "brûler" le Soleil depuis des milliards d'années:
une énergie non-polluante et illimitée. Mais
après des décennies et 20 milliards de dollars,
les défenseurs de la fusion ont un examen de conscience
à faire, écrit Parkins. Celui-ci est appuyé
par le rédacteur en chef de Science, Donald
Kennedy, pour une raison qui donne un intérêt
très personnel à son analyse: Parkins est
décédé en octobre 2005, alors que son
texte était en phase de correction. Kennedy l'a jugé
suffisamment important pour le publier tout de même,
à titre posthume.
D'autres sont moins impressionnés.
Ce sont des arguments des années 1990 qui ont, depuis,
été réfutés, juge David Ward,
physicien à l'Autorité britannique de l'énergie
atomique et auteur de recherches sur l'économie de
la fusion nucléaire.
"L'histoire de ce rêve est aussi décourageante
que coûteuse", écrit Parkins, mais il
ne s'arrête pas au rêve, il soupèse
les immenses écueils techniques qui se dressent
encore sur la voie (ne serait-ce que la capacité
à maintenir stable un plasma à haute
densité chauffé à 100 millions
de degrés, une paille!).
En vertu d'une entente complétée en
2005, six nations construiront en France un réacteur
à fusion expérimental, ITER, première
étape en théorie d'un réacteur
à fusion pleinement fonctionnel. Il en coûtera
5,5 milliards, ce qui en fait l'un des projets scientifiques
les plus coûteux de l'histoire.
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Sur
le projet ITER, lire aussi:
ITER
en France, mais à quel prix?
(juillet 2005)
ITER:
le bon côté de l'énergie nucléaire
Où
logera l'énergie du Soleil? (octobre 2003)
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Ceci dit, Donald Kennedy apporte un bémol.
Même s'il s'avérait que la fusion soit à
jamais impossible à commercialiser, "il peut y avoir
de la très bonne physique" qui ressorte d'ITER, déclare-t-il
au New Scientist. La science en bénéficiera,
à défaut des réseaux d'électricité.
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