Semaine du 1er février 1999

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La planète des mutants

 

Vous êtes composé de 100 000 gènes. Au milieu de ces gènes, au moment où votre père et votre mère vous ont conçu, quatre erreurs se sont glissées. Et vous transmettrez peut-être ces quatre erreurs à vos enfants, en même temps que quatre autres. Dont une ou deux seront nocives.

 

Le chiffre a de quoi surprendre: notre bagage génétique subirait donc, en moyenne, 4,2 mutations par génération.

Autrement dit, au moment où le spermatozoïde et l'ovule qui allaient vous créer se sont rencontrés, il s'est produit, dans le processus consistant à copier votre futur bagage génétique, quatre erreurs. C'est un chiffre plus élevé que tout ce que les biologistes auraient soupçonné. Pire encore, parce que les progrès récents de la médecine contribuent à diffuser ces erreurs à grande échelle, c'est le bagage génétique de l'espèce humaine tout entière qui est en danger. D'autant plus que sur ces 4,2 mutations, 1,6 sont mauvaises: aussi, avec l'accroissement de l'espérance de vie, les chances que ces "mauvaises" mutations soient transmises d'une génération à l'autre sont considérablement accrues.

Certes, soulignent dans Nature les Britanniques Adam Eyre Walker, de l'Université de Sussex en Grande Bretagne et Peter Keightley, de l'Université d'Edinbourg, certaines de ces mutations "nocives" sont bénignes: mauvaise vue, maux de tête ou de ventre, etc. Mais du point de vue des scientifiques, elles témoignent tout de même, si on les considère à l'échelle mondiale, d'une "dégradation globale du patrimoine génétique humain". Bref, explique M. Eyre Walker au New York Times, notre génome "dégénère". Ca ne vous suggère pas un ou deux scénarios de science-fiction?

En fait, ce chiffre de 4,2 mutations est si élevé -et encore s'agit-il d'une estimation "conservatrice"- que l'on peut carrément se demander comment l'espèce humaine a pu éviter l'extinction... jusqu'à aujourd'hui (l'estimation vaut également pour les chimpanzés et les gorilles). Dans un commentaire publié également par Nature, James Crow, de l'Université du Wisconsin, avance l'hypothèse de la sélection naturelle, qui aurait éliminé au fur et à mesure les "mauvaises" mutations. Et cette sélection naturelle, elle a un autre nom: sexualité.

C'est en effet cette "stratégie" de reproduction qui, en brassant continuellement les cartes, aurait permis jusqu'à aujourd'hui cette "élimination naturelle" des "mauvais" gènes: le foetus qui en est porteur aura plus de chances que les autres de ne pas parvenir à terme, ou produira un bébé mort-né dans un plus grand nombre de cas, où ne parviendra pas à l'âge adulte, donc n'aura jamais d'enfants auxquels il aurait pu transmettre ces "mauvais" gènes, etc. Par exemple, l'espérance de vie d'un enfant myope était beaucoup moins élevée, avant l'invention des lunettes.

Voilà pourquoi, en notre ère de la science, tout vient de changer.

Les conséquences de cette découverte ne sont pas claires. Elles peuvent être dramatiques. Il peut s'agir d'un signal d'alarme: les effets de ces mutations nocives s'accumuleront de génération en génération, et même s'accéléreront à partir de maintenant, médecine aidant. Ou bien, les conséquences peuvent être moins graves qu'elles en ont l'air: compte tenu du fait qu'il s'agit de la toute première étude à avoir pu calculer cette "moyenne" d'erreurs sur des animaux avancés, il n'est pas impossible qu'il s'agisse d'un phénomène plus répandu qu'on ne l'imagine, et qu'il nous manque en conséquence un élément pour bien comprendre l'ensemble.

"Notre génome dégénère en quelque sorte", insiste Eyre-Walker. Ce n'est pas un problème maintenant, de toute évidence. Mais je m'attend à ce qu'à long terme, par là j'entend dans un millier d'années ou à peu près, cela puisse faire une différence."

En attendant, il nous faut nous faire à l'idée que nous sommes tous des mutants -plus exactement, chacun de nous est le résultat d'une accumulation... d'erreurs.


 

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