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Humains en pot: c'est légal
Les perspectives de clonage humain viennent de
faire un bond en avant: les autorités américaines ont fait
savoir la semaine dernière qu'elles financeraient des recherches
visant à utiliser des cellules d'embryon humain "à des
fins thérapeutiques".
Jusqu'ici, ces recherches étaient marquées d'un interdit:
aucune subvention gouvernementale, était-il stipulé depuis
deux ans, ne pouvait servir à des recherches impliquant l'utilisation
d'embryons humains, ou de cellules d'embryons humains. Encore que cet interdit
ne pesait pas si lourd: l'essentiel de ces recherches de pointe en biotechnologie,
aux Etats-Unis, est financé par l'entreprise privée. Par exemple,
en novembre dernier (voir notre manchette),
deux laboratoires américains indépendants avaient simultanément
annoncé la possibilité de "commander" à des
cellules d'embryons humains -des cellules-souches- de produire n'importe
quel type d'organe (poumon, foie, rein) ou de tissu (osseux, sanguin, peau,
etc.). Or, c'est uniquement grâce à des fonds privés
qu'ils avaient pu parvenir à ce résultat.
Ce sont ces événements de novembre qui ont incité
les National Institutes of Healh (NIH), principal organisme subventionnaire
pour la recherche médicale, à changer de cap: pas question
de laisser un tel marché exclusivement entre les mains de l'entreprise
privée.
Avec la levée de l'interdit, écrit Libération, la révolution
de "l'embryon-médicament" est lancée.
Car c'est évidemment de l'utilisation de ces cellules d'embryons
humains à des fins pharmaceutiques dont on parle ici, et non de clonage.
Et pourtant, la ligne entre les deux est très mince. En novembre,
dans la foulée de la double annonce, on avait plusieurs fois expliqué
que l'utilisation de cellules souches -des cellules d'un embryon qui en
est à ses premières heures, et qui ne se sont pas encore spécialisées-
pour "produire" en éprouvette des organes ou des tissus
-à des fins de transplantation, par exemple- serait encore plus efficace
si on pouvait l'allier à la technologie du clonage: un individu se
verrait prélever des cellules, lesquelles seraient clonées,
puis utilisées pour produire le "matériel" pour
la transplantation -éliminant du même coup les risques de rejets.
Le potentiel
économique et financier de cette découverte se mesure en milliards
de dollars -et on comprend mieux, alors, la hâte des NIH.
C'est une bonne nouvelle, se réjouit Science, pour les chercheurs
anxieux d'étudier ces fameuses cellules-souches, vouées à
devenir un domaine extrêmement actif dans les prochaines années.
La technologie pour faire ainsi "pousser" des organes en laboratoire
est loin d'être au point, mais les balises sont toutes là,
et n'attendent que des recherches plus approfondies.
La décision des NIH, de plus, n'ouvre pas seulement une brèche
aux Etats-Unis, mais aussi en Europe. En France par exemple, la loi de bioéthique
votée en 1994 interdit toute recherche sur l'embryon. Ce point devrait
être débattu lors de la révision de la loi ce printemps.
On peut d'ores et déjà se demander comment les gouvernements
pourront résister à la pression de leurs chercheurs, qui réclameront
de pouvoir lutter à parts égales avec leurs collègues
et néanmoins concurrents des Etats-Unis...
Soit dit en passant, le jour où la décision des NIH était
annoncée, tandis que Libération consacrait un long
article à cet aspect "économico-financier" de la
chose, CNN consacrait tout son reportage aux
réactions négatives des... groupes religieux américains.
A chacun ses priorités...
De Dolly à Ian
En Grande-Bretagne, on est déjà rendu plus loin. La loi
britannique autorise les recherches sur les embryons de moins de 14 jours.
Et c'est aussi de Grande-Bretagne que nous parvenait la semaine dernière
un reportage nous annonçant que le Dr Ian Wilmut -le "père"
de Dolly- était en
négociation avec une importante firme de biotechnologie américaine
pour lancer des expériences liées au clonage humain.
Cette firme, c'est Geron Corp., celle-là même qui a financé
l'une des deux recherches ayant mené à l'annonce de novembre.
Autant Geron que Wilmut ont insisté sur le fait que de créer
un clone humain n'était pas un objectif -ni même une option.
Leurs ambitions sont purement pharmaceutiques: allier la technologie du
clonage et celle de la "cultures" des cellules-souches pour produire
en quantité industrielle des organes et des tissus à des fins
de transplantations ou de greffes.
Le président de Geron, David Greenwood, a reconnu que d'autres
chercheurs financés par Geron avaient d'ores et déjà,
l'an dernier, cloné des cellules humaines d'embryons. Mais, a-t-il
ajouté, ce n'est pas ce que vous pensez. "Il faut que vous distinguiez
entre le clonage à des fins de reproduction et le clonage de cellules
à des fins thérapeutiques." Seul le deuxième type
est envisagé: les recherches que financera Geron, conclut-il, "ne
produiront pas d'embryons qui pourraient évoluer jusqu'à l'humain".
Clonage thérapeutique: voilà une nouvelle expression
à laquelle il faudra s'habituer.. |