Semaine du 7 février 2000

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Quand les abeilles vont à l'école


L
e club des animaux capables d'apprendre compte un nouveau membre : l'abeille.

 

Dans le cadre d'une expérience qui représente en même temps un exploit technologique, des chercheurs américains ont suivi à la trace les vols de plusieurs abeilles, pendant des mois. Ils espéraient en dégager des tendances, et tendance il y a bel et bien eu : les abeilles " débutantes " sont celles qui s'éloignent le moins de la ruche. Plus elles prennent de l'expérience, et plus elles s'aventurent loin pour aller chercher leur nectar.

Mais ce n'est pas tout : leurs " plan de vol " semblent avoir un objectif bien précis, celui de tourner en rond au-dessus d'un territoire, comme si elles effectuaient une mission de reconnaissance; une fois ce territoire bien " cartographié ", elles passent au suivant, et ainsi de suite. Bref, elles apprennent progressivement, par essais et erreurs -comme nous.

Preuve supplémentaire : les abeilles qui parcourent les plus grandes distances ne sont pas celles qui restent le plus longtemps absentes de la ruche. Ce qui signifie qu'elles sont celles qui volent le plus vite, sans faire tout un tas de détours, comme si leurs missions de reconnaissance leur avaient servi à découvrir le meilleur raccourci!

Cette découverte, rapportée dans la dernière édition de la revue Nature, constitue, mine de rien, une première mondiale.

L'exploit technologique derrière tout cela, c'est le radar, associé à la miniaturisation : des centaines d'abeilles ont été équipées d'une antenne et d'une micro-puce, permettant aux humains de les suivre à la trace, une par une. Ce n'est qu'en 1996 qu'on a fait les premiers pas vers le " suivi électronique " des insectes; avant cela, il n'y avait aucun moyen de reconstituer le parcours d'une abeille sur de longues distances, puisqu'elles volent trop vite pour être suivies à l'oeil nu, ou même par une caméra.

Tout ce que les scientifiques pouvaient faire, et ils l'ont fait pendant des décennies, c'était de rester sagement assis à proximité d'une ruche, et d'observer le vol des seules abeilles qui n'effectuent que de petits déplacements, à proximité de la ruche -par exemple, en identifiant certaines d'entre elles avec une tache de peinture. La méthode paraît primitive et pourtant, c'est grâce à elle qu'on sait depuis 30 ans que les abeilles communiquent par ce que d'aucuns ont appelé une " danse " : lorsque l'une d'elles a trouvé un garde-manger, elle le signale aux autres, à son retour près de la ruche, par une série de cercles et de virages indiquant grossièrement distance et direction.

L'utilisation du radar ne s'arrête pas là, expliquent les chercheurs, dirigés par Elizabeth Capaldi, de l'Université de l'Illinois. "Ce n'est que le début", renchérit Thomas Collett, de l'Université du Sussex, en Angleterre. Nous ne savons pas, par exemple, si les vols de reconnaissance sont effectués dans la zone où l'abeille trouvera plus tard son nectar. " En d'autres termes, procède-t-elle entièrement par essais et erreurs, ou bien a-t-elle, avant de commencer, déjà quelques informations sur la direction qu'elle doit choisir?

En fait, le radar fait carrément rêver les entomologistes. Une des questions que ceux-ci se posent depuis des décennies, c'est : les insectes encodent-ils l'information dans leur cerveau de la même façon que nous? Une étude plus poussée de l'évolution de leurs " plans de vol " permettrait peut-être de répondre à cette question.

Coïncidence, en même temps que paraissait cette étude dans Nature, une autre, complètement distincte, apparaissait dans Science, sur la façon dont les abeilles mesurent les distances : en effet, comment font-elles, lorsqu'elles effectuent cette fameuse " danse ", pour savoir quelle distance elles ont parcourue entre la fleur et la ruche? Deux théories s'affrontent depuis longtemps : la première, que les abeilles évaluent l'effort physique qu'elles ont accompli pour revenir de la fleur; la deuxième, qu'elles emploient des repères visuels (après le septième arbre, tu tournes à gauche, et puis à droite après le bouquet de marguerites). Conclusion des biologistes qui publient dans Science : les abeilles emploient bel et bien des repères visuels.

La preuve a été obtenue lorsque l'équipe, dirigée par Mandyan Srinivasan, de l'Université nationale australienne, a installé des tunnels débouchant à proximité des ruches -à l'intérieur desquels les abeilles ont été attirées par des morceaux de sucre. Puisque toutes les abeilles passant par le même tunnel avaient le même parcours à effectuer, il n'y avait plus d'ambiguïté possible sur leurs " repères " : dans certains cas, le tunnel était plus long; dans d'autres, on y avait ajouté une tapisserie : lorsqu'on changeait la décoration, les abeilles qui étaient venues là en suivant les " indications " de leurs consoeurs ne s'y retrouvaient plus!

Après les humains, les chimpanzés et même les rats, que l'on sait depuis quelques mois capables d'apprendre, voici venir les abeilles. A qui le tour?

 

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