En manchettes la semaine dernière:
Ebats transgéniques
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La défaite du transgénique
On a décrit cela comme un compromis et une victoire
pour les deux camps. Mais dans les faits, les " pro-aliments
transgéniques " viennent d'essuyer leur première
grande défaite.
Jamais jusqu'ici une entente internationale n'avait réglementé
d'une quelconque façon les " OGM " -organismes
génétiquement modifiés. Au terme de la conférence
internationale sur la biodiversité, qui a eu lieu à
Montréal la semaine dernière,
les représentants de 130 pays sont repartis chez eux avec,
pour la toute première fois, une entente qui met de sérieux
bâtons dans les roues aux uns, et procure aux autres la
marge de manoeuvre qu'ils réclamaient.
L'entente
-ou plus exactement le compromis- " satisfait tout le monde
", a-t-on pu lire sur les fils de presse. Il serait
plus juste de dire que les écologistes ont eu ce qu'ils
réclamaient, et que les producteurs ont sauvé la
face. Les compagnies ont en effet évité le pire
: l'étiquetage des aliments transgéniques ne leur
a pas été imposé, et ils peuvent continuer
d'exporter leurs produits. Sauf que, désormais, le nouveau
" Protocole de biosécurité " (rédigé
sous l'égide des Nations Unies) oblige un pays exportateur
à avertir les autres pays avant d'envoyer pour la première
fois un type de semences transgéniques. Autant dire que
les lobbys écologistes auront maintenant des cibles de
choix...
Certes, comme le soulignait Le Devoir, " un éventuel
refus d'importer des OGM dans un pays... pourrait
amener un Etat à devoir défendre sa décision
devant l'Organisation mondiale du commerce ". Et les
compagnies ont certainement réalisé que devant
ce tribunal, elles avaient des chances de gagner leur cause,
si le pays en question n'a pas d'arguments rationnels ou scientifiques
pour justifier son refus de laisser entrer les OGM. Le problème,
c'est qu'il pourrait s'écouler un an, voire deux ans,
avant qu'un premier litige ne soit tranché par l'Organisation
mondiale du commerce et dans l'intervalle, nombre de produits
transgéniques seront refoulés aux frontières,
avec tout ce que cela implique pour le portefeuille des compagnies.
La victoire des écologistes était prévisible,
comme nous l'écrivions la semaine
dernière. Jusqu'aux ministres européens de
l'Environnement qui en avaient ajouté, dans les derniers
jours de la conférence de Montréal, alors qu'ils
étaient venus dire aux producteurs que " la
santé publique doit passer avant le commerce ".
Le genre de message qui ne permet aucune réplique...
" C'est un pas en avant historique ", a déclaré
sur les ondes de la BBC Benedikt Hearlin, porte-parole de Greenpeace.
Et avec la porte qui vient de leur être ouverte, nul doute
que ce n'est que le premier pas.
Prochaine étape : les groupes écologistes dirigeront
leurs efforts vers les produits importés dans leurs pays
respectifs et brasseront la cage pour obtenir leur interdiction.
Etape suivante : puisque certains de ces produits passeront
inévitablement entre les mailles du filet -l'entente ne
couvre que les semences transgéniques- et que les citoyens
seront à ce moment plus sensibilisés au problème,
les protestataires auront beau jeu de réclamer un étiquetage
sur tout, absolument tout, ce qui est transgénique. Qu'un
tel étiquetage soit faisable
ou non importe peu : dès lors, la question de l'étiquetage
sera à l'avant-scène de l'actualité pour
la prochaine année, et peut-être la suivante...
Recherche et rédaction: Pascal Lapointe
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