En manchettes la semaine dernière:
Humains en pot
A lire également cette semaine:
Mitch: y a-t-il un coupable?
L'Univers qui accélère:
l'hypothèse tient toujours
Encore un dinosaure, s.v.p.
Soigner le traumatisme
par le virtuel
Les dangers du centre
commercial
Et plus encore...
Archives des manchettes

LE KIOSQUE
Pour être branché sur la science
Notre nouvelle section:
Capsules québécoises
Qui sommes-nous?

Retour à
la page d'accueil

En manchettes sur le Net est
une production Agence Science-Presse
 |
Humains en éprouvettes: gros sous et gros obstacles
La possibilité de faire pousser n'importe
quel organe humain en éprouvette, que nous rapportions la
semaine dernière, a généré une série
impressionnante de réactions, comme c'était prévisible;
si vous voulez parier sur ce qui obtiendra le statut de découverte
de l'année 1998, il n'est pas trop tard. Par contre, si vous voulez
parier sur les actions de la compagnie derrière cette découverte,
il est déjà trop tard.
La firme Geron Corp., de Menlo Park, Californie, peut dire merci au gouvernement
américain: comme celui-ci a voté une loi interdisant l'utilisation
de fonds publics pour toute expérience tournant autour d'embryons
humains, les deux groupes de chercheurs qui ont annoncé simultanément
leur découverte au début du mois ont dû se tourner vers
des "commanditaires" privés. Et dans les deux cas, Geron
Corp. s'est retrouvée en position de force.
Geron, relate un reportage de la revue Science, était dans
le rouge depuis 1994, et était encore à des années
d'un hypothétique profit, lorsqu'un article sur une méthode
permettant de prolonger l'espérance de vie des cellules humaines
était parue dans Science en janvier dernier. Les actions de Geron
avait alors effectué un bond en avant.
Le même scénario s'est produit cette fois, avec la publication
le 6 novembre de ces deux recherches évoquées la semaine dernière,
dans deux publications distinctes, sur la possibilité de cultiver
en éprouvette des "cellules souches", c'est-à-dire
des cellules tirées d'un embryon -un embryon humain- âgé
de quelques heures seulement, donc encore capables de se "transformer"
en n'importe quel organe de notre corps (pour plus
de détails, voir la manchette de la semaine dernière).
Les applications pratiques sont inombrables, de la "création"
d'organes pour des greffes jusqu'au remplacement de portions de la peau
brûlées en passant par les tissus de notre corps détruits
par une maladie, du diabète jusqu'à l'Alzheimer.
Et les actions de Geron ont même fait un bond en avant dans les
jours précédant l'annonce officielle, révèle
Science: le 30 octobre, la revue envoyait à 1200 journalistes, comme
elle le fait chaque semaine, une annonce de cette découverte "sous
embargo", c'est-à-dire avec interdiction de publier avant le
6 novembre. Dès le lendemain par contre, des rumeurs commençaient
à se répandre, et le 2 novembre au matin, on apprenait que
les actions de Geron Corp. étaient en train de "défoncer
le plafond". Parties d'environ 6$, elles avaient atteint, le 5 novembre
en fin d'après-midi, 10$. Deux jours plus tard, elles étaient
à 24,50$!
Réactions absurdes, dirent les analystes une fois la poussière
retombée puisque cette découverte, aussi riche en potentiel
soit-elle, ne déboucherait pas sur des applications pratiques après
des années de tests -et beaucoup d'obstacles à surmonter.
La première, et non la moindre, étant que pour l'instant,
personne ne
sait comment "convaincre" une cellule souche de croître
pour devenir un organe ou un tissu plutôt qu'un autre. Un autre obstacle,
est qu'on ignore pour l'instant si ces cellules, une fois transplantées,
cesseraient vraiment de se diviser -puisque dans le cas contraire, on assisterait
au cas assez embêtant d'un organe qui, une fois transplanté,
poursuivrait
une croissance incontrôlée -un cancer, quoi.
La semaine suivant la découverte, les actions de Geron étaient
retombées à 13,75$.
La
découverte est donc beaucoup plus importante scientifiquement que
commercialement explique un de ces analystes, cité dans l'édition
du 13 novembre de Science.
Raison de plus, allait
déclarer le New Scientist en éditorial le 11 novembre,
pour déréglementer: le National Institute of Health "devrait
faire pression pour (que le gouvernement américain) change rapidement
sa réglementation", afin que ses éventuels bénéfices
profitent à tous -à travers un programme financé par
le secteur public- et non à une seule compagnie.
"Cela ne signifie pas de permettre n'importe quel type de recherche
sur des embryons humains, mais la définition de "recherche sur
des embryons humains" devrait être précisée",
poursuit l'éditorialiste, sans toutefois lui-même préciser
s'il a une idée de ce que pourrait être cette définition
idéale.
"Plusieurs compagnies de biotechnologie beaucoup plus grandes que
Geron sont connues pour être très actives dans la recherche
sur les cellules souches. Personne ne sait si elles ont déjà
fait d'importantes percées -et ce sera encore plus difficile à
savoir si ce secteur de la recherche n'est financé que par le privé".
Ce qui nous replonge dans toutes les craintes évoquées
la semaine dernière.... |