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Les trois planètes d'Andromède
Si vous avez écouté les nouvelles la semaine dernière,
vous avez entendu parler de ces trois nouvelles planètes découvertes
autour d'une étoile pas si lointaine. Mais ce que vous n'avez peut-être
pas retenu, c'est que cette découverte en annonce douze à
la douzaine...
Depuis octobre 1995, les astronomes
ont détecté la présence de 18 planètes autour
d'autant d'étoiles. Une par une, ces planètes aussi grandes
que Jupiter et souvent plus grandes, ont révélé leur
présence aux instruments infiniment précis des lointains Terriens.
Les astronomes avaient pourtant cherché en vain pendant des décennies
la preuve que notre Soleil n'était pas le seul à avoir des
planètes. Et soudain, voilà que les découvertes se
mettaient à déferler à la queue leu leu. La technologie
était mûre.
La
semaine dernière, un duo d'astronomes faisant partie des habitués
-Geoff Marcy et Paul Butler, de l'Université d'Etat de San Francisco-
a annoncé, de concert avec une équipe du Harvard-Smithsonian
Center for Astrophysics, avoir détecté non pas une, mais trois
planètes. Et qui plus est, toutes
les trois autour de la même étoile: c'est une première.
Sauf que lorsqu'on examine les circonstances qui ont mené à
la découverte de ce trio de planètes, on s'aperçoit
qu'une foule d'autres planètes doivent attendre au tournant.
"Cela change ma perspective, lorsque je regarde les étoiles
la nuit", déclare aux journalistes l'astronome Debra Fischer,
qui fait partie des découvreurs. "A présent, je peux
facilement imaginer que toutes les étoiles que je regarde ont un
cortège de planètes autour d'elles."
Ce
n'est pas que ce soit une surprise: on ne voyait pas pourquoi les étoiles
n'auraient pas eu de planètes. Mais encore fallait-il le prouver.
Et pour y arriver, c'était pas évident.
Il faut savoir qu'aucune de ces 18 planètes -ou plutôt,
21- n'a vraiment été vue: aucune photo ne dort où que
ce soit (une annonce d'une première photo, en mai 1998, s'est révélée
erronée). Les astronomes ont plutôt détecté indirectement
leur présence: en tournant autour de leur étoile, ces planètes
font osciller celle-ci dans un sens, puis dans l'autre, à la manière
du lanceur de marteau, aux Olympiques. Ce sont ces oscillations que nos
instruments arrivent à détecter. En mesurant leur rythme,
on en vient à savoir en combien de temps la planète tourne
autour de son étoile -donc à quelle distance elle se trouve.
Par conséquent, les astronomes doivent accumuler des données
pendant des mois, voire des années, avant d'avoir une certitude.
C'est la raison pour laquelle les découvertes déferlent maintenant.
Et c'est aussi la raison de la découverte annoncée la semaine
dernière: l'étoile dont il est question ici, Upsilon Andromède,
à 44 années-lumière d'ici, était
sous le regard de l'équipe californienne depuis 1996. Ils avaient
découvert d'abord des oscillations causées par la plus rapprochée
des planètes, mais avaient aussi détecté "des
oscillations dans l'oscillation". Ils avaient tout de suite présumé
qu'il pouvait s'agir d'une autre planète, mais comme celle-ci était
plus éloignée de son étoile, elle mettait plus de temps
à en faire le tour. Il faudrait donc plus de temps pour mesurer un
cycle complet d'oscillations.
Un peu comme si un astronome, à 44 années-lumière
d'ici, détectait les oscillations causées sur notre Soleil
par Jupiter: puisque Jupiter met 11 ans à faire le tour du Soleil
-contre un an pour la Terre- alors il faudrait des années à
cet astronome avant d'avoir accumulé suffisamment de données
pour être sûrs de leur coup.
Or, comme des dizaines d'étoiles sont dans le champ des chasseurs
de planètes depuis au moins trois ans, des montagnes de données
doivent être à présent sur le point d'apporter plusieurs
révélations aux astronomes impatients.
Et ce faisant, peut-être un autre mystère sera-t-il résolu.
Jusqu'ici, la majorité des 18 planètes découvertes
sont des géantes comme Jupiter, qui gravitent à une distance
incroyablement rapprochée de leur étoile: 5,5 millions de
km, par exemple, dans le cas de l'une des trois d'Upsilon Andromède,
ce qui est dix fois moins que la distance entre le Soleil et Mercure. Plusieurs
se sont mis à dire que cela pouvait signifier que notre système
solaire était atypique; une anomalie cosmique, en quelque sorte.
Par contre, le mystère pourrait venir du simple fait que nos données
n'ont permis jusqu'ici de détecter que les Jupiter faisant le tour
de leur étoile en quelques jours ou quelques semaines. Autrement
dit, à mesure que les années passent et que les données
s'accumulent, d'autres découvertes vont peut-être venir nous
révéler la présence de systèmes de planètes
de plus en plus semblables au nôtre...
Si la chose vous intéresse, Upsilon Andromède sera visible
à l'oeil nu à partir de juin. Mais pour ce qui est de ses
planètes, même si la plus grosse fait quatre fois Jupiter,
il vous faudra vous contenter de les imaginer... |