En manchettes la semaine dernière:
Thérapie génique ou histoire
d'horreur?
A lire également cette semaine:
Vous reprendrez bien des antibiotiques,
pour vos légumes?
Les femmes discriminées
en médecine
Oh, le beau pitou...
Comme dans Star
Trek
Un coup de pouce
de l'autre Univers
Et plus encore...
Archives
des manchettes

LE KIOSQUE
Tous vos médias sur une seule page!
A voir aussi:
Le Kiosque des
sciences humaines
Le Kiosque des
sciences religieuses
|
Le crâne des premiers Américains
D'un côté, des crânes des quatre coins
du monde qui contribuent à construire l'arbre généalogique
des premiers habitants des Amériques. De l'autre, un squelette
énigmatique, que ces mêmes premiers habitants ne
veulent pas qu'on étudie.
Ce fut un travail de moine : étudier, mesurer et comparer
des milliers de crânes anciens et modernes, récoltés
pendant 20 ans. C'est la tâche que se sont imposés
des anthropologues de l'Université du Michigan, dans le
but d'en savoir plus sur l'origine des premiers habitants de
l'Amérique. Et leur conclusion s'ajoute aux travaux qui,
depuis quelques années, affirment que l'origine de ces
premiers habitants est beaucoup plus complexe qu'on ne le croyait.
Des travaux en archéologie bien
sûr, mais aussi en génétique, et même
en linguistique.
Dans le cadre d'un séminaire sur le peuplement des
Amériques qui avait lieu dans le cadre du congrès
de l'Association américaine pour l'avancement des sciences,
vendredi dernier à Washington, l'anthropologue C. Loring
Brace a affirmé que les Amérindiens actuels, qu'ils
soient aux Etats-Unis, au Mexique ou au Pérou, n'ont pas
une filiation aussi évidente que prévu avec les
Asiatiques. En fait, leur configuration crânio-faciale
oblige, selon lui, à les distinguer entre plusieurs groupes
ou familles.
S'il a raison, alors cela s'ajouterait à la série
croissante de découvertes, qui nous disent que les Amériques
ne se seraient pas peuplées en une seule fois, il y a
quelque 12 000 ans -la thèse courante, quoique de plus
en plus contestée- mais en plusieurs migrations, séparées
par plusieurs milliers d'années. D'autres crânes,
en provenance de Sibérie et de l'Ouest de la Russie, devrait
permettre d'en savoir plus.
Le problème toutefois, avec toutes ces " preuves
", c'est qu'elles demeurent circonstancielles, comme diraient
les détectives. Jamais encore n'a-t-on découvert
de traces tangibles d'habitations vieilles de plus de 12 000
ans, où que ce soit, de l'Amérique du Nord à
l'Amérique du Sud.
Nos chercheurs de l'Université du Michigan concluent
qu'un groupe, composé entre autres des Pieds-Noirs, des
Iroquois et d'autres nations du Minnesota, du Michigan, de l'Ontario
et du Massachusetts, pourrait avoir pour ancêtres les Jomon,
le peuple du Japon préhistorique. Les Inuit de leur côté,
pourraient avoir eux aussi les Jomon pour ancêtres, mais
des Jomon plus récents. Un second groupe, originaire de
Chine, aurait pour descendants actuels des groupes vivant en
Alaska, dans les Territoires du Nord canadien et en Arizona.
" Leur configuration crânio-faciale les lie de plus
près aux Chinois actuels que toute autre population de
cette hémisphère ", affirme Brace.
L'ADN de Kennewick
Parallèlement à cela, et passant outre aux objections
des nations amérindiennes locales, le gouvernement américain
a autorisé
les scientifiques à poursuivre leurs recherches sur l'homme
de Kenniwick, l'un des plus anciens squelettes jamais trouvés
en Amérique du Nord.
Et en fait de recherches, il n'y en a qu'une qui n'a pas pu
être encore menée : l'analyse de son ADN. Cet
homme de 9000 ans, dont la forme du crâne est étrangement
caucasienne -comme les Européens- plutôt qu'asiatique
-comme les Amérindiens- intrigue les chercheurs depuis
sa découverte, sur les rives d'une rivière de l'Etat
de Washington, il y a trois ans.
Le problème, c'est qu'il est aussi au centre d'une
dispute entre, d'une part, cinq nations amérindiennes
locales, qui réclament ce corps pour l'inhumer comme l'un
des leurs, et d'autre part, les scientifiques qui le réclament
aussi, pour résoudre ce qu'ils considèrent être
une énigme scientifique.
C'est le 31 janvier que le ministère américain
de l'Intérieur a annoncé sa décision d'autoriser
les tests d'ADN, mais ce n'est que le 18 février que cette
décision a été rendue publique, après
plusieurs jours de discussion avec les autorités amérindiennes.
Attention, toutefois, aux faux espoirs : en dépit de
tout le brouhaha autour de ce défunt, il est possible
que les tests d'ADN n'apportent même pas de réponses.
Rien ne garantit que les ossements de cet individu contiennent
encore, après neuf milliers d'années, suffisamment
de matériel génétique pour se faire une
idée précise de ses origines.
|