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L'oeil qui prédit
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Transformer l'humain?
Pas si sûr
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Le deuxième Big Bang
Il n'y a pas de mot assez fort pour décrire ce "flash".
En quelques secondes, il est capable d'émettre autant d'énergie
que toutes les étoiles de l'Univers. Et cette fois, pour la toute
première fois, on a réussi à le prendre en photo.
Enfin, presque. Les rayons gamma étant invisibles, ce n'est pas
demain la veille que vous en verrez un à l'oeil nu. Mais le gigantisme
de ces explosions de rayons gamma est tel qu'on peut au moins en observer
les effets -sous la forme d'un vrai "flash" de lumière.
A condition de faire vite. Les astronomes détectent ce type de
méga-explosions par intermittences depuis 1967, en provenance d'un
coin ou l'autre du cosmos. Le problème, c'est que leur extrême
brièveté -quelques secondes- les rend très difficiles
à étudier. Le temps de tourner le télescope vers le
bon coin du ciel, et le phénomène a déjà pris
fin!
En 1997, un satellite italien, BeppoSax, avait, pour la première
fois, réussi à détecter les effets d'une telle explosion,
avec moins d'une journée de retard. L'expérience
ainsi acquise (article de Nature du 15 octobre 98)
allait permettre, le 23 janvier dernier, d'en détecter une autre,
tout
juste 22 secondes après l'explosion, et d'ainsi amasser un foisonnement
de données inédites. Et ce cataclysme cosmique a conduit cette
semaine à une explosion d'articles: trois dans Science et
trois dans Nature -un phénomène aussi rare qu'un trou
noir.
Pas qu'on ait pourtant l'impression d'être beaucoup plus avancés.
Les explosions de rayons gamma, résume Nature, sont les
phénomènes les plus violents de l'Univers depuis... le Big
Bang! Tellement violents... "qu'ils
défient toute explication plausible".
Collision entre des étoiles à neutrons? Effondrement d'une
étoile donnant naissance à un trou noir? Particules exotiques
encore inconnues? Dans
un des articles, un groupe de l'Université du Michigan dirigé
par l'astrophysicienne Ann Arbor détaille ses observations de la
brillance du phénomène et suggère que l'origine de
cette brillance serait "la source", quoi que ce soit que cette
source puisse être, et non le résultat d'une interaction entre
cette source et le milieu interstellaire qui l'entoure. Dans un autre article,
un groupe de l'Observatoire Palomar, en Californie, confirme que l'événement
s'est produit à des milliards d'années-lumière d'ici,
peut-être 9 milliards d'années-lumière, ce qui confirme
la
puissance colossale, titanesque, de cette explosion -pour qu'on ait
été capable de la détecter sur notre petite planète!
"Si ces rayons gamma étaient émis également
dans toutes les directions -car pour l'instant, tout ce qu'on peut "voir",
c'est le "jet" qui s'en est allé droit vers nous- leur
énergie équivaudrait à celle émise par notre
Soleil pendant toute son existence... concentrée pendant seulement
quelques dizaines de secondes", évalue pour la BBC le Dr S.
George Djorgovski.
A moins, évidemment, que l'énergie en question ne soit
pas dissipée, et qu'elle soit justement concentrée sous la
forme d'un seul jet -celui que nous avons détecté ce 23 janvier.
C'est là une autre des hypothèses désormais mises sur
la table.
En tout, ce sont des astronomes d'une bonne dizaine de pays, dont en
particulier les Etats-Unis et l'Espagne, qui ont contribué à
ces six articles -chacun faisant partie d'un réseau d'alerte qui,
depuis BeppoSax, attendait avec impatience la répétition d'un
tel événement. Mais ces chercheurs ont beau avoir la langue
pendante devant ce phénomène qui dépasse l'entendement,
ils n'ont pas avancé d'un électron quant à sa cause.
Un
reportage de la revue Science met de l'avant l'idée du
trou noir mais dans les faits, rien dans les six articles ne permet de croire
qu'on est plus près qu'avant d'une réponse.
Quoi qu'il en soit, cette "source", désormais nommée
GRB 990123 (pour Gamma-Ray Burst) est
désormais une célébrité astronomique.
"C'est une grande découverte, résume Martin Rees,
chef de file des théoriciens de ces "GRB". C'est la première
fois qu'une émission optique a pu être observée pendant
l'explosion elle-même". Pour une explosion survenue à
quelque 9 milliards d'années-lumière, donc il y a quelque
9 milliards d'années, faut le faire...
A lire aussi: Le phare de l'Univers
(11 mai 98) |