Semaine du 30 novembre 98

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Le chaînon manquant du chaînon manquant


Des chercheurs de l'Université de Chicago croient avoir découvert une des bases fondamentales de la vie, et du fait qu'elle se perpétue de siècle en siècle: un groupe de molécules qui, littéralement, gère l'évolution.

 

"Les bases moléculaires de l'évolution", décrit un reportage de la BBC. Plus précisément, des scientifiques décrivent dans la dernière édition de la revue Nature ce qui se produit dans les gènes d'un être vivant pour permettre à ses descendants de s'adapter et de survivre.

Rappelons avant d'aller plus loin la base de la biologie moderne: toute espèce vivante, animale ou végétale, est en constante évolution. Des changements climatiques ou géologiques, la présence ou non de prédateurs, obligent tous les êtres vivants, du plus microscopique au plus grand, à s'adapter, à changer, bref, à évoluer au fil des générations. L'espèce qui ne s'adapte pas meurt, ou est supplantée par une autre.

Ce que nos chercheurs de Chicago avancent dans leur article, c'est que, bien que l'ADN d'un individu évolue au fil du temps, la plupart des variations génétiques restent indécelables: elles s'accumulent et ne deviennent effectives qu'au moment où l'organisme est soumis à un "stress environnemental" -autrement dit, elles ne se mettent en marche que le jour où on a besoin d'elles.

"Si la planète devient soudain plus chaude, donne en exemple l'Associated Press, vous pourriez mieux survivre avec une peau plus sombre, ou vous pourriez utiliser une queue pour manoeuvrer dans la forêt tropicale plus dense... Et si les scientifiques ont raison, vous pourriez d'ores et déjà être porteur de ces gènes."

"Bien qu'un animal, résume la BBC, puisse être parfaitement adapté à son environnement, dans l'arrière-scène, des copies redondantes des gènes sont en mutation. C'est seulement lorsque l'environnement de la créature s'altère, et que celle-ci a besoin de s'adapter, que ces mutations surgissent à l'avant-scène." La plupart de ces mutations seront sans conséquence et n'aideront en rien la créature. Mais quelques-unes d'entre elles pourraient lui fournir un avantage décisif. Et ces mutations se produisant au niveau des gènes, elles peuvent par conséquent être passées aux enfants.

L'auteur de ce tour de magie s'appelle Hsp90, une molécule -une protéine, plus précisément- que l'on connaissait jusqu'ici comme étant celle qui vient en aide aux autres molécules de la cellule lorsqu'elles sont aux prises avec une trop grande chaleur (Hsp: Heat Shock Protein, si vous voulez tout savoir). Autrement dit, Hsp90 est un gardien de sécurité: quand la température s'élève, il empêche les autres protéines de trop s'énerver et de déranger le reste de la cellule dans son travail.

 

Le secret du changement

Bien que ce portrait de l'évolution soumise aux fluctuations du reste du monde soit connu depuis longtemps, "pour la première fois, explique Susan Lindquist, professeure de génétique moléculaire et biologie cellulaire, nous avons un mécanisme moléculaire qui explique comment les organismes qui ont gardé la même forme pendant des millions d'années peuvent évoluer vers de nouveaux traits qui les aident à s'adapter aux conditions changeantes". Et cette découverte, mine de rien, vient confirmer une idée qui était de plus en plus répandue parmi les biologistes: l'évolution n'est pas toujours d'une extrême lenteur, étalée sur des millions d'années. Elle peut aussi, à l'occasion, être brusque, ou saccadée.

Susan Lindquist et Suzanne Rutherford, étudiante au post-doctorat, en sont arrivés à ces résultats à partir de manipulations génétiques sur des banales mouches à fruits.

Mais il n'y a pas que de bonnes nouvelles derrière cette découverte, tout comme il n'y a pas que de "bons" gènes. Si un travail s'effectue en coulisse dans notre bagage génétique, cela signifie qu'au milieu des mutations potentiellement bénéfiques s'en glissent d'autres, qui ne nous seraient d'aucune utilité, voire carrément malsaines. Existe-t-il un risque de voir ces mutations malsaines se "réveiller" au mauvais moment? Pire encore: le fait que l'on ait maintenant trouvé le mécanisme pour les réveiller, ouvre-t-il la porte à des manipulations génétiques d'une ampleur que les expériences de clonage et d'aliments transgéniques n'ont pas encore laissé soupçonner?

On n'en est pas là. Si on a trouvé le coupable, à savoir Hsp90, on ignore encore comment il contrôle cette alternance entre des périodes de "stabilité génétique" et d'autres de soudaines fièvres de changement. C'est là une tout autre question, et la réponse, on ne l'aura sans doute pas avant des années.


 

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