Deux zones de notre matière grise: l’une, d’où surgit l’égocentrisme des adolescents. L’autre, qui explique que langage et démence, même combat...

Zone un: les adolescents sont plus égoïstes que les adultes parce qu’ils utilisent une partie différente de leur cerveau. De plus, c’est le fait que certains adultes continuent d’utiliser cette zone qui pourrait expliquer l’absence d’empathie chez eux.

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Zone deux: la partie de notre cerveau responsable de notre compréhension des mots et des concepts a été localisée –et c’est une région perturbée dans certaines formes de démence.

Entre ces deux percées, à l’avant-scène du dernier Festival de l’Association britannique pour l’avancement des sciences, un même cheminement: plus nous nous enfonçons dans les profondeurs de notre cerveau et plus des comportements jusque-là analysés en terme purement psychologiques prennent une nouvelle dimension.

Adolescents et empathie

Par exemple, on se doutait depuis longtemps que certains des changements de comportement liés au passage à la puberté avaient leur origine dans notre cerveau. Les neurologues avaient même constaté que cette période de notre vie correspondait à un accroissement des connections entre les neurones, particulièrement dans une région associée à la prise de décision et à la conscience des sentiments des autres.

Mais ce que Sarah-Jayne Blakemore et ses collègues du Collège universitaire de Londres viennent d’ajouter, c’est que les adolescents utilisent la partie arrière de cette région, tandis que les adultes utilisent la partie avant; or, alors que la partie utilisée par les adolescents (sulcus supérieur temporal) est impliquée dans le traitement d’informations comportementales de base, la partie utilisée par les adultes (cortex préfrontal) est impliquée dans le traitement d’informations plus complexes, comme la façon dont nos comportements affectent les autres.

Est-ce la raison pour laquelle un adolescent agit plus impulsivement et pense moins aux dommages que ses actions peuvent causer chez les autres? Et les adultes qui agissent ainsi utilisent-ils moins la partie "adulte" de cette région de leur cerveau? Les résultats préliminaires de l’étude britannique ne permettent pas d’aller aussi loin, mais le contexte du Festival des sciences a poussé tout le monde, auteurs de l’étude y compris, à mettre cette hypothèse de l’avant.

Langage et démence

Quant à l’autre percée, elle est plus complexe. Des neurologues, effectuant des scans du cerveau, ont localisé la région responsable de ce qu’ils appellent la mémoire d’encodage sémantique: c’est ce type de mémoire qui fait que, dès l’enfance, nous apprenons à associer des mots à des objets précis, ou à des concepts.

Or, c’est aussi cette région qui est impliquée dans une forme de démence caractérisée par des patients qui deviennent incapables d’associer des images à des mots –bien qu’ils continuent de parler avec la même facilité. C’est la deuxième forme de démence la plus commune chez les moins de 65 ans, après l’Alzheimer.

En théorie, cette percée pourrait permettre de traiter ces gens, si on est un jour capable de concevoir un médicament qui ciblerait spécifiquement cette région (lobe temporal antérieur).

Dans les deux cas, ces recherches ouvrent une fenêtre de plus sur la façon dont notre cerveau donne un sens au monde qui l’entoure. Pour notre plus grand bien parfois, mais parfois aussi pour notre plus grand malheur, et celui des autres.

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