Dans le cadre de la Journée internationale du Sida, Mark Wainberg, le directeur du McGill AIDS Centre et l’un des éminents scientifiques canadiens de la lutte contre le VIH se confie à l’Agence Science Presse.

Chercheur renommé en virologie, Mark Wainberg a été l’un des premiers scientifiques canadiens à plonger dans la lutte contre le VIH. Il a participé à l’élaboration du traitement 3TC (trithérapie) et poursuit ses recherches au sein du McGill AIDS Centre qu’il dirige.

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Grand activiste et conférencier, Mark Wainberg a présidé la Société internationale sur le Sida, de 1998 à 2000, et a organisé le Congrès international de Durham. Il a été nommé Officier de l’Ordre du Canada (2001) et Officier de l’Ordre national du Québec (2005). En 2006, il a coprésidé la XVI International AIDS Conférence de Toronto (1).

ASP — Qu’est-ce qui a changé depuis le début de votre implication, en 1983-84, dans la lutte contre le sida ? Mark Wainberg — Le développement des médicaments qui connaît un grand succès. Actuellement, quelqu’un qui se soigne peut vivre très longtemps, jusqu’à 90 ans. Il mourra d’une crise cardiaque, mais pas du sida.

ASP — Où en êtes-vous dans vos recherches au sein de l’Université McGill ? Mark Wainberg — Nous travaillons dans le domaine de résistance aux médicaments, nous cherchons des molécules susceptibles de la contrer. Malheureusement, il se développe différentes mutations de différents sous-types du VIH. Il nous faut comprendre comment le virus opère pour muter si rapidement et résister aux médicaments.

ASP - Où en sommes-nous du côté du diagnostic ? Quelles sont les avancées majeures ? Mark Wainberg — Les journaux ont annoncé récemment le développement d’un test rapide basé sur les anticorps — développé par Biolytical Laboratory — et susceptible de donner une réponse au médecin en 60 secondes. Il faut généralement de 10 à 14 jours pour avoir savoir si la personne est infectée. Nous désirons que le gouvernement du Québec approuve son utilisation – le test est déjà approuvé par Santé Canada. Obtenir un résultat rapide améliore d’autant la prévention.

ASP — Où en sommes-nous du côté de la prévention ? À part le port du condom, existe-t-il des technologies prometteuses ? Mark Wainberg — Pas beaucoup. Que cela soit du côté d’un vaccin ou d’un onguent microbicide vaginal, qui permettrait de protéger les femmes de l’infection, la plupart des essais cliniques ont échoué. La seule piste vient de la circoncision. On a découvert que les hommes circoncis diminuaient jusqu’à 60 % leur risque de contracter le VIH. C’est, pour l’instant, notre seul espoir.

ASP — Vous affirmez que du côté de la thérapie, c’est très positif. Vous dites même que « nous sommes victimes de notre succès ». Pouvez-vous nous expliquer ce que vous entendez par là ? Mark Wainberg — Il y a l’émergence d’une drôle de mentalité, particulièrement chez les hommes gais qui pensent que ce n’est pas grave d’être infectés puisque la thérapie permet d’y survivre, alors ils font moins attention et adoptent des rapports sexuels non protégés. C’est une attitude stupide. Ce n’est pas à moi de leur dire ça, mais les groupes de pairs doivent délivrer le message qu’en dépit du succès traitement, il reste important de rester en santé... et leurs partenaires aussi.

ASP — Êtes-vous optimiste ? Comment voyez-vous les prochaines années ?

Mark Wainberg — Bien sûr que je le suis, je n’ai pas le choix. Nous allons continuer à trouver d’autres médicaments. Il faut aussi développer l’accès de la thérapie auprès des malades des pays en voie de développement. Nous vivons plus que jamais dans deux mondes, celui du Nord où l’on peut se soigner et celui du Sud où l’on continue de mourir du sida.

(1) La prochaine conférence internationale sur le Sida se déroulera à Mexico du 3 au 8 août prochain.

Pour les insatiables Courte présentation de Mark Wainberg

XVI International AIDS Conference, 2006 Société canadienne du sida VIH et sida par Santé Canada

Centre canadien d’information sur le sida

Réseau canadien d’info-traitements sida

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