Vous twittez tout en lisant vos courriels, en surfant sur le web, en écoutant la télé et en lisant un document important? Félicitations, vous êtes multi-tâches. Mais peut-être souffrez-vous aussi de déficit de l’attention...

C’est ce que suggère une nouvelle étude, qui conclut que ceux qui « multi-tâchent » le plus sont aussi ceux qui échouent le plus aux tests où ils doivent se concentrer —par rapport à ceux qui ne « multi-tâchent » qu’occasionnellement.

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Mais la recherche avait à peine généré ses premiers comptes rendus —médias traditionnels, blogues, twitter, etc.— que des blogueurs en contestaient les conclusions —ou plus précisément, semblaient se rebeller à l'idée qu'eux-mêmes puissent souffrir de déficit de l’attention.

Il faut préciser que l’étude pointe le doigt vers ceux qui pratiquent intensivement le multi-tâches (heavy media multitaskers). Les chercheurs eux-mêmes sont conscients qu’il était statistiquement inévitable qu’on trouve chez ces utilisateurs intensifs un plus grand nombre de gens facilement distraits que chez les « multi-tâches légers ». Autrement dit, peut-être que les gens plus faciles à distraire sont plus susceptibles d’adopter intensivement le multi-tâches !

Dans tous les cas, cette étude n’est pas définitive, prennent bien soin d’écrire Clifford I. Nass et ses collègues de l’Université Stanford dans l’édition du 24 août des Proceedings of the National Academy of Sciences :

Ces résultats suggèrent que les multi-utilisateurs intensifs de médias (heavy media multitaskers) sont distraits par les nombreux flux de médias qu’ils consomment. Ou bien que, à l’inverse, ceux qui « multi-tâchent » de façon occasionnelle sont moins efficaces quand il s’agit de rester attentif en face de plusieurs distractions. Il est possible que de futurs tests cognitifs révéleront des bénéfices, autres que le contrôle cognitif, ou des habiletés spécifiques aux multi-utilisateurs intensifs de médias.

Une façon plus simple de le dire, dans les mots d’un des chercheurs, Eyal Ophir, interrogé sur un blogue : ceux qui multi-tâchent de manière occasionnelle « sont plus en contrôle de leur propre attention et de l’information qui pénètre leurs esprits, tandis que ceux qui le font de manière intensive sont plus réactifs à leur environnement ».

Une façon inattendue de le dire, dans les mots de Clifford I. Nass interrogé une semaine plus tard par un chroniqueur-blogueur : « le coeur du problème, c’est que les « multi-tâcheurs pensent qu’ils sont excellents dans tout ce qu’ils font; et ils en ont aussi convaincu tous les autres ».

Pas tous les autres, tout de même, à en juger par ces chroniqueurs et blogueurs qui, 10 jours plus tard, décortiquent encore cette étude. Tout dépend peut-être, spéculent plusieurs, du type de « multi-tâches » qu’on fait. Etre attentif à tout ce qui passe dans votre champ visuel peut être fort utile pour réagir vite quand vous êtes au volant d’une voiture. Mais pas très pratique quand vous lisez un livre... ou si vous avez essayé de lire cet article jusqu’au bout.

Pascal Lapointe

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