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La science n’est pas le sujet le plus populaire des médias. Pour cette raison, en 2010, bien des sujets d’importance sont passés à peu près en-dehors des écrans radars.

Il y a des exceptions. Au Québec, le vocabulaire s’est enrichi des gaz de schiste, dont la population en a appris beaucoup sur les aspects scientifiques — et politiques, et économiques. Aux États-Unis, la marée noire du golfe du Mexique fut elle aussi une saga à l’intérieur de laquelle la science s’est taillée une place de choix.

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Mais à côté de ces géants, plusieurs nains auraient mérité davantage d’attention. Voici donc notre liste — sans prétention — des sujets « sous-représentés » de 2010. Quelle est la vôtre?

1. Les ficelles reliant les « événements extrêmes »

La vague de froid qui vient de frapper le centre des États-Unis et les tempêtes qui viennent de frapper l’est du Québec font partie d’un même ensemble, que les météorologues peinent encore à décoder. De même, cet été, entre les inondations majeures du Pakistan et les canicules en Russie, il y avait un lien direct. Pas facile pour les médias d’écrire là-dessus, parce que ça nécessite des explications sur les courants atmosphériques, la « circulation moussonique » et autres airs très humides qui s’en vont vers l’intérieur des terres... ou le contraire. Toutes choses qui semblaient bien triviales tandis que les morts s’alignaient au Pakistan.

Mais ces liens nous révèlent combien le mot « mondialisation » ne devrait pas être utilisé seulement en économie. Les événements climatiques majeurs au-dessus d’un pays en ont toujours nourri d’autres, parfois à des milliers de kilomètres. Or, à l’heure du réchauffement climatique, ces événements dits « extrêmes » risquent de se produire de plus en plus souvent.

2. Le quart de la nourriture produite dans les pays riches est gaspillée

Cette statistique, publiée en juillet par deux chercheurs de l’Université du Texas, constitue le genre de « découverte » qui paraît dans une revue scientifique et après laquelle on tourne la page. Un chiffre, dans un long concert de chiffres.

Mais celui-ci ouvre la porte à beaucoup plus. Si, rien qu’aux États-Unis, le quart de la nourriture produite chaque année est gaspillée, cela signifie 2 150 000 milliards de kilojoules perdus chaque année. Utilisons une métaphore : c’est davantage que tout ce qui pourrait être économisé par les meilleures politiques d’économie d’énergie.

Autrement dit, non seulement pourrait-on nourrir pas mal de gens qui n’ont actuellement pas les moyens de manger trois fois par jour, mais on pourrait, en plus, réduire les émissions de gaz à effet de serre. De quoi avoir envie de creuser les causes et les remèdes à ces gaspillages...

3. Le plancton affecté par le réchauffement

Le réchauffement climatique est une bête dont les effets ne seront perceptibles qu’à long terme. Aucun climatologue n’osera par exemple affirmer que les inondations majeures au Pakistan en sont la cause : ce n’est qu’après 10 ou 20 ans de tels événements qu’on pourra en être sûr. Or, les psychologues le savent bien : l’humain ne s’inquiète que pour des menaces immédiates.

C’est pourquoi le recul du phytoplancton depuis 1950 constitue un événement important. Non seulement peut-on pour la première fois établir une corrélation entre le déclin d’un être vivant et le réchauffement, mais en plus, ce déclin n’est pas rien : la masse de cet organisme microscopique aurait diminué de 40% depuis un demi-siècle. Et tout microscopique qu’il soit, cet organisme n’est pas rien non plus : le plancton est la base de toute la chaîne alimentaire des océans. Les chercheurs de l’Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse, qui ont passé en revue quelque 450 000 mesures de la transparence des eaux effectuées entre 1899 et 2008, ont eu de quoi tracer des parallèles avec les hauts et les bas des températures océaniques.

4. Tests sanguins pour Alzheimer

Bien que l’Alzheimer soit connu depuis près d’un siècle, l’absence de traitement témoigne combien nous sommes encore largement ignorants de ce qui gouverne notre cerveau. Ici, ni protéines ni gènes qu’il serait possible d’activer ou d’éteindre pour empêcher cette maladie dégénérative de frapper —e t de frapper de plus en plus souvent, à l’heure où la population vieillit, dans les pays occidentaux. En fait, à ce jour, la seule façon infaillible de diagnostiquer l’Alzheimer est... l’autopsie.

Aussi, un test sanguin — et peut-être un test du liquide cérébro-spinal — qui semble permettre de détecter le mal à un stade précoce, dans 80% des cas étudiés, est-il un énorme pas en avant. Du moins, aussi « en avant » qu’il soit possible d’aller, dans l’état actuel des connaissances.

5. L’assèchement du sud-ouest de l’Amérique

Même les médias de là-bas (Californie, Arizona, Nouveau-Mexique, Nevada) en parlent peu et pourtant, c’est une catastrophe... économique qui se dessine : si le niveau d’eau du réservoir artificiel, appelé le lac Mead, continue de descendre pendant un an ou deux encore, il atteindra un niveau jamais vu.

Dans un premier temps, cela pourrait signifier la mort de nombreuses communautés agricoles, parce que les autorités devront, littéralement, leur couper le robinet : toute cette région était, avant la construction du barrage Hoover sur la rivière Colorado, semi-désertique. Dans un deuxième temps, il faut s’attendre à ce que certains Américains réclament qu’il soit mis beaucoup de pressions sur leur voisin canadien pour qu’il dérive une partie de l’eau des Grands lacs.

C’est la baisse dramatique des précipitations depuis 2000 qui cause cette situation. Qu’elle soit elle aussi le résultat ou non du réchauffement climatique, importe peu à présent. Elle est avant tout une gifle de l’histoire : le barrage Hoover, construit dans les années 1930, et qui a engendré le lac Mead, fut un monument de l’ingéniosité humaine qui permit l’explosion démographique du sud-ouest de l’Amérique du nord, de Los Angeles jusqu’à Las Vegas. Mais si ça continue, il pourrait devenir un monument de l’orgueil humain face à la nature.

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