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Qu'une «découverte» s’avère plus tard être fausse, rien de plus normal. Toute l’histoire des sciences est faite d’avancées et de reculs. Ce qui a récemment changé toutefois, c’est Internet: les surveillants sont beaucoup plus nombreux, et la chute n’en est que plus rude.

1. La saga de l’année: les cellules souches dans l’acide

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Le dernier clou vient juste d’être planté: le 19 décembre, le laboratoire japonais Riken a annoncé avoir été incapable de reproduire ce qui, en janvier, avait été annoncé comme une immense percée: la possibilité de produire des cellules souches à partir d’un simple bain d’acide. Et dans la prestigieuse revue Nature, rien de moins. La jeune chercheure, Haruko Obataka, a envoyé sa démission le même jour.

Cette saga a toutefois mis en lumière une chose: le processus de révision par les pairs... sans les pairs. Entre le 29 janvier, jour de la publication et le moment où un des co-auteurs a demandé la rétractation de cette étude, il ne s’est écoulé que cinq semaines. Pendant cette brève période, on a eu le temps d’apprendre que de sérieux doutes étaient soulevés quant à l’authenticité des photos, et que les chercheurs qui tentaient de reproduire ces résultats n’y arrivaient pas. Avant Internet, ces cinq semaines se seraient comptées en années —le temps qu’une autre équipe refasse l’expérience, rédige sa recherche et que celle-ci soit publiée dans une autre revue. On peut comprendre certains chercheurs d’être mal à l’aise face à ce processus...

Par contre, cette saga s’est aussi soldée le 5 août par le suicide d’un des co-auteurs, le biologiste japonais Yoshiki Sasai...

2. De la variole dans mon entrepôt!

Si vous travaillez dans un laboratoire, faites le ménage de vos frigos! C’est la blague qui a circulé en juillet, mais il n’y avait pas de quoi rire: on a trouvé six fioles de variole, un virus éradiqué depuis 35 ans, au fond d’un entrepôt médical du Maryland. Les fioles y dormaient manifestement depuis les années 1950. Et ce n’est pas tout, il y avait d’autres joyeusetés oubliées dans cet entrepôt, a-t-on appris par la suite. La réaction des autorités se mérite le prix de l’euphémisme de l’année: «la raison pour laquelle ces échantillons sont passés inaperçus aussi longtemps est une chose que nous essayons activement de comprendre.»

3. Le tourisme spatial vaut-il un mort?

Jadis, les astronautes étaient perçus comme des héros mettant leur vie en danger pour permettre à l’humanité de conquérir une nouvelle frontière. Mais le 31 octobre, la mort d’un pilote d’essai de la compagnie privée Virgin Galactic a obligé à faire un pas en arrière: l’avion spatial qu’il pilotait, SpaceShipTwo, ne sera pas un véhicule d’exploration, mais un engin destiné à emmener des millionnaires faire une balade de quelques minutes en apesanteur. Un billet pour un de ces (hypothétiques) vols se vend 250 000$, ce qui en fait «la montagne russe la plus coûteuse de l’histoire», a critiqué le journaliste Adam Rogers dans Wired.

4. Cent vingt faux articles pour faux congrès

La surveillance accrue qui a rayé de l’histoire les cellules souches dans l’acide fait qu’on ne s’étonne plus d’entendre parler d’un article retiré des archives parce que l’éditeur a découvert des erreurs, bien intentionnées ou mal intentionnées. Mais 120 articles retirés d’un seul coup, c’est beaucoup.

Surtout quand on apprend qu’il y a derrière ces articles... un logiciel capable de générer automatiquement du texte. Le chercheur français Cyril Labbé, concepteur d’un système capable de détecter les textes générés par ce logiciel, SciGen, a ainsi pointé 120 textes dans les Actes de 30 congrès publiés entre 2008 et 2013. Les congrès en question, dont la majorité sont censés avoir eu lieu en Chine, sont apparemment tous faux (arnaque connue: des chercheurs sont approchés pour soumettre leur recherche à un congrès bidon, à un prix défiant toute concurrence). Les éditeurs Springer (Allemagne) et surtout IEEE (États-Unis, 104 des 120 textes), deux éditeurs par ailleurs fort respectables, ont aussitôt retiré ces textes de leurs archives.

5. L’après-Big Bang s’envole en poussière

Ils ont fait rêver, en mars, avec leur empreinte provenant d’une fraction de seconde après le Big Bang, Au final, en septembre, il s’avère qu’ils n’avaient pas suffisamment tenu compte de la poussière cosmique, et la grande annonce a été rangée dans la grande boîte des découvertes annoncées prématurément.

Mais s’il y avait plus que de simples virgules mal placées au sein de complexes équations mathématiques? S’il fallait y voir un artefact de la pression subie par les chercheurs pour publier de plus en plus et de plus en plus vite? Car derrière cette course à l’inflation cosmique et aux poussières interstellaires, il y a deux équipes concurrentes, l’une, BICEP2, derrière l’annonce du mois de mars, et l’autre, du télescope spatial Planck, derrière la correction de septembre...

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