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L’astéroïde qui a mis fin à la carrière des dinosaures a aussi envoyé une telle quantité de poussière dans l’atmosphère que cela aurait pu interrompre en moins de deux semaines une bonne partie de l’activité de photosynthèse à travers la planète, pendant au moins deux ans.

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On parle d’un astéroïde appelé Chicxulub, d’environ 10 km de large, dont l’impact est souvent comparé à plus de 4 milliards de fois, voire 10 milliards de fois, la puissance de la bombe atomique qui a détruit Hiroshima en 1945. Ce qui veut dire une quantité si énorme de matière dans l’atmosphère que pour autant qu’elle y soit restée en suspension assez longtemps, elle aurait pu empêcher la majeure partie des rayons du Soleil d’atteindre le sol. Entraînant du coup la mort d’une bonne partie des végétaux. 

Cette description fait partie des modèles théoriques qui circulent depuis longtemps: on sait qu’une collision cosmique s’est produite il y a 66 millions d’années —elle a laissé une empreinte géologique et l’impact a eu lieu au large de ce qui est aujourd’hui la péninsule du Yucatan, au Mexique. Et on peut aussi déduire quelle masse aurait été nécessaire à ce caillou cosmique pour provoquer l’extinction des trois quarts des espèces animales de l’époque. Un débat subsiste quant à ce qui s’est accumulé dans l’atmosphère: on se doute qu’il y a eu des quantités énormes de poussières, de soufre et de suie (à cause des incendies), mais la question est de savoir dans quelles proportions. 

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Dans une étude parue le 30 octobre dans la revue Nature Geoscience, des planétologues et des géologues de trois pays européens tentent de répondre à cette question. Ils ont réalisé une simulation informatique du type de poussière qui aurait été nécessaire pour provoquer cet obscurcissement, et ils y décrivent de fines poussières de silice —du sable pulvérisé. Celles-ci auraient été capables de rester en suspension dans l’atmosphère pendant des années, peut-être jusqu’à 15 ans pour une importante partie de ces particules. Assez pour réduire la température moyenne de plusieurs degrés. 

Cette simulation s’appuie aussi sur des récoltes d’échantillons. L’un des co-auteurs, le géologue belge Pim Kaskes, de l’Université Vrije de Bruxelles, avait participé à un tel travail en 2017, dans le Dakota du Nord. Bien qu’étant situé à plus de 3000 km du point d’impact, on trouvait dans cet État, dans la couche géologique marquant le moment de cette catastrophe, des particules de silice (de 0,8 à 8 millièmes de millimètre) dans une proportion plus élevée que prévu. 

Dans un scénario où ces particules auraient bloqué la lumière du Soleil et empêché une partie de la photosynthèse pendant deux ans, les animaux qui se trouvaient au sommet de la chaîne alimentaire n’avaient aucune chance. Des herbivores, en autant qu’ils soient de petite taille, auraient pu survivre dans des régions où une partie de la végétation aurait été épargnée. Et les conséquences de l’impact ont probablement été pires dans l’hémisphère nord. 

Ce travail est loin de clore le dossier sur cette extinction de masse, préviennent les auteurs. Il faudra davantage d’échantillons dans d’autres régions pour s’assurer d’avoir une base de comparaison. Mais cette recherche fournit de nouvelles pistes pour comprendre les conséquences qu’a eues cette catastrophe, dans les années et les décennies qui l’ont suivie. 

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