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Ce ne sont pas juste des bombardements qui tuent et vont tuer à Gaza. Dans le scénario du pire, un quart de la population pourrait mourir dans l’année qui vient si rien n’est fait pour réduire la prolifération des maladies.

La rareté de l’eau potable, le manque de nourriture, l’insuffisance des équipements médicaux, sont déjà des ingrédients délétères. En ajoutant à cela que des centaines de milliers de personnes s’entassent dans des camps ou dans des lieux improvisés sans toilettes fonctionnelles ni systèmes d’évacuation des eaux ni électricité, on se retrouve avec un cocktail mortel, particulièrement pour les enfants et les personnes âgées. 

Dès la fin de novembre, la porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Harris, prévenait que le taux de diarrhées chez les enfants était de 100 fois supérieur aux niveaux jugés sécuritaires. Les maladies associées aux diarrhées, qui sont la deuxième cause de décès d’enfants à travers le monde, sont causées par des sources d’eau contaminées et un manque d’accès à des liquides pour réhydrater le corps. 

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L’OMS alertait également sur le risque de voir surgir à tout moment une éclosion incontrôlée des cas de varicelles, et sur l’inévitable hausse des cas d’infections des voies respiratoires qui se produit dans des lieux surpeuplés. Médecins sans frontières alertait sur le risque de choléra, dans un contexte où autant de gens boivent de l’eau contaminée. Quatorze maladies « à potentiel épidémique » en tout, selon l’OMS. 

Et c’est en plus des patients souffrant de cancer, de problèmes cardiaques ou de diabète, qui ne peuvent plus recevoir de traitements. Et des problèmes de santé mentale qui s’additionnent.

« Le système de santé de Gaza s’effondre » prévenait le 10 décembre le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Seulement 14 des 36 hôpitaux de Gaza étaient encore fonctionnels, dont 12 dans le sud. Des cas de méningite et de jaunisse étaient rapportés chez les enfants

« Nous sommes devant la recette parfaite pour des épidémies et un désastre de santé publique », renchérissait le 13 décembre la coordonnatrice des Nations unies aux affaires humanitaires pour les territoires palestiniens, Lynn Hastings. « C’est en partie, bien sûr, parce que ces abris ont depuis longtemps dépassé leur pleine capacité avec des gens qui font la queue pendant des heures, rien que pour accéder aux toilettes. Une toilette disponible pour des centaines de personnes. » 

Ce n’est pas comme si on manquait de précédents : une analyse parue en 2002 dans la revue médicale The Lancet estimait que les taux de mortalité chez les personnes réfugiées à cause d’une guerre étaient 60 fois plus élevés que les taux de mortalité au début du conflit. C’est si ce sombre calcul devait s’appliquer à Gaza que jusqu’au quart de ses 2 millions d’habitants pourraient mourir dans l’année à venir, écrivait le 29 décembre la professeure Devi Sridhar, de la Chaire de santé publique globale à l’Université d’Edimbourg. 

Je travaille en santé publique depuis 20 ans, et je n’ai jamais entendu des organismes d’aide et de santé être aussi directs et aussi inquiets… C’est un conflit sans précédent, qui bat les records les plus tragiques.

Dans un communiqué publié le 5 janvier, l’UNICEF (Fonds des Nations unies pour l’enfance) ajoutait aux constats sur le haut taux de diarrhées —l’équivalent de 3200 nouveaux cas par jour à la mi-décembre et un total de 60 000, uniquement chez les enfants de moins de 5 ans, entre le 29 novembre et 10 décembre— celui des cas de malnutrition. « Environ 90% des enfants de moins de deux ans ne consomment que deux ou moins des groupes alimentaires », contre 80% deux semaines plus tôt. « La diversité alimentaire pour les femmes enceintes ou qui allaitent est elle aussi sévèrement compromise. »

Il en résulte un cercle vicieux: moins une personne est nourrie adéquatement, plus elle est vulnérable à des infections sévères.

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