Betty
est
désormais
une
vedette
internationale.
Ainsi
que
ses
entraîneurs
qui,
depuis
la
semaine
dernière,
à
lUniversité
Oxford
(Angleterre),
multiplient
les
entrevues
dans
les
médias.
Tout
cela,
grâce
à
un
article
de
quelques
paragraphes
seulement,
une
expérience
tout
ce
qu'il
y
a
de
préliminaire,
parue
dans
la
revue
scientifique
Science,
mais
dont
le
thème
a
touché
une
corde
sensible:
lintelligence
animale.
Dans
ce
cas-ci,
lintelligence
dune
corneille.
On
appelle
ça
la
cause
et
l'effet.
Pour
un
humain,
effectuer
une
action
(la
cause)
tout
en
prévoyant
le
résultat
(l'effet)
est
banal.
Pour
un
animal,
ça
l'est
beaucoup
moins.
Des
chimpanzés
ont
déjà
été
vus,
en
train
d'utiliser
un
outil
pour
se
nourrir:
une
brindille,
qu'ils
introduisent
dans
une
termitière,
et
qu'ils
ressortent
ensuite,
avec
tout
plein
de
délicieux
insectes
collés
dessus.
Mais
Betty
a
fait
mieux
encore.
D'un
fil
de
fer
droit
-un
"outil"
qu'elle
n'est
évidemment
pas
habituée
à
trouver
dans
la
nature,
elle
a
fabriqué
un
hameçon
pour
aller
"pêcher"
de
la
nourriture
au
fond
d'un
récipient.
Les
chercheurs
avaient
placé
de
la
nourriture
au
fond
d'un
long
récipient
s'apparentant
à
une
éprouvette,
de
telle
façon
que
la
corneille
ne
pouvait
l'atteindre
avec
son
bec.
Et
ils
lui
avaient
laissé
un
fil
de
fer.
Après
avoir
tenté
en
vain
d'attraper
la
nourriture
avec
le
fil
de
fer
bien
droit,
l'oiseau
en
a
tordu
une
extrémité,
comme
pour
en
faire
un
hameçon,
et
a
réussi
avec
succès
à
attraper
la
nourriture.
Son
compagnon,
un
mâle
nommé
Abel,
n'a
pas
été
testé
pour
voir
s'il
aurait,
lui,
le
réflexe
de
tordre
le
fil
de
fer,
mais
il
a
découvert
une
méthode
plus
rapide
pour
obtenir
la
nourriture.
Il
attend
que
Betty
l'ait
sortie
du
récipient
et
il
la
lui
vole.
Betty
et
Abel
sont
deux
corneilles
de
Nouvelle-Calédonie
étudiées
au
Groupe
de
recherche
en
écologie
des
comportements,
à
l'Université
Oxford.
On
sait,
depuis
un
article
paru
dans
Nature
en
1996,
que
dans
leur
habitat
naturel,
ces
oiseaux
fabriquent
des
outils,
mais
davantage
à
la
manière
des
chimpanzés
mentionnés
plus
haut:
soit
avec
des
feuilles
ou
des
brindilles
dont
ils
se
servent
pour
tirer
des
insectes
de
leur
cachette.
Et
c'est
ce
comportement
que
voulait
étudier
en
réalité
le
biologiste
Alexandre
Kacelnik,
avec
des
"outils"
que
la
corneille
ne
peut
pas
trouver
dans
la
nature.
Il
ne
s'attendait
pas
à
ce
qu'elle
"améliore"
l'outil.
"Pour
nous
assurer
qu'il
ne
s'agissait
pas
d'une
erreur,
nous
avons
testé
à
nouveau
l'animal,
mais
avec
un
fil
droit.
Neuf
fois
sur
dix,
elle
a
résolu
le
problème
à
la
perfection.
Mieux
encore,
elle
ne
l'a
pas
résolu
de
la
même
façon,
chaque
fois.
Parfois,
elle
se
tenait
sur
le
fil
avec
une
patte,
tout
en
tirant
sur
l'extrémité
avec
son
bec.
Ou
bien,
elle
coinçait
le
fil
dans
un
interstice
et
travaillait
dessus,
de
différents
angles.
Si
ça
ne
marchait
pas
du
premier
coup,
et
qu'elle
ne
pouvait
pas
atteindre
la
nourriture,
elle
ressortait
le
fil
et
l'ajustait
pour
que
ça
fonctionne."
De
l'intelligence
étonnante
de
cette
corneille,
il
a
résulté
un
article
inhabituellement
court
pour
une
revue
de
chercheurs
-mais
il
n'y
avait
pas
grand-chose
à
raconter-
qui
a
toutefois
largement
suffi
à
assurer
la
célébrité
à
son
auteur.
En
attendant
sûrement
d'autres
études
sur
d'autres
corneilles
de
Nouvelle-Calédonie