C'est le genre d'hypothèses tellement
énorme qu'elle nécessitera toutefois bien
plus qu'une seule première étude pour
passer la rampe. Et bien plus qu'une seule étude
pour comprendre quelle forme a ce curieux Univers dans
lequel nous vivons.
Au centre du problème: des observations
de la sonde américaine WMAP (Wilkinson Microwave
Anisotropy Probe) dont la tâche est d'explorer
le "bruit de fond" du cosmos -les résidus de
radiations du Big Bang. En théorie, les grumeaux
dans cette sauce cosmique, celle des premiers âges
de l'Univers (à peine 380 000 ans après
le Big Bang) doivent donner de précieuses indications
sur les débuts de l'Univers -et sur sa taille
actuelle, si taille il y a.
Si l'Univers était infini, ces
grumeaux devraient être de toutes les tailles
possibles et imaginables -une infinité de tailles
possibles, autrement dit. Or, ça ne semble justement
pas être le cas: dans l'univers des micro-ondes,
sur de très grandes échelles, les creux
et les bosses des résidus du Big Bang disparaissent
presque entièrement.
Ce que cela peut signifier, c'est que
l'Univers
ne serait tout simplement pas assez grand pour abriter
les "grumeaux" les plus gros, écrivent l'astrophysicien
français Jean-Paul Luminet et le mathématicien
américain indépendant Jeffrey Weeks dans
la revue Nature. "Tout comme les vibrations ne
peuvent pas être plus grandes que la cloche elle-même."
Et leur supposition ne s'arrête
pas là, puisqu'ils vont jusqu'à supputer
sur la forme que prendrait ce "petit" cosmos. Une
série de dodécaèdres (une surface
formée de 12 pentagones, comme sur les ballons
de football), repliés sur eux-mêmes, ce
qui signifie qu'un vaisseau spatial ne risquerait jamais
de heurter le "bord" du cosmos. Il finirait par revenir
à son point de départ, s'il voyageait
assez longtemps.
S'il en est ainsi pour un vaisseau spatial,
il en est également ainsi pour la lumière:
la lumière émise par une galaxie pourrait
suivre deux routes différentes jusqu'à
nous: nous pourrions donc bel et bien voir deux images
d'une même galaxie, à des époques
différentes de son évolution. Il y a toutefois
peu de chances pour qu'on puisse reconnaître une
même galaxie à des époques si éloignées
de son évolution (un peu comme tenter de reconnaître
un homme de 50 ans à partir d'une photo de ce
qu'il était à 3 ans). Par contre, avancent
les scientifiques, il serait peut-être possible
de reconnaître des tendances communes dans les
creux et les bosses des micro-ondes formant le bruit
de fond cosmique.
Quelle taille aurait notre cosmos? Peut-être
70 milliards d'années-lumière d'une "extrémité"
à l'autre, ce qui donnerait bien des choses à
explorer, mais serait tout de même considérablement
plus petit qu'un cosmos infini. Assez petit pour qu'on
puisse en théorie en arriver à voir la
totalité du cosmos, et éliminer ainsi,
du coup, quelques théories exotiques que traîne
la physique depuis longtemps: par exemple, la théorie
d'une inflation chaotique -qui dit que l'Univers croîtrait
à des vitesses différentes suivant les
régions- et surtout la théorie d'une infinité
de Terre avec une infinité de nous-mêmes,
ce que seul un Univers infini pourrait permettre
S'ils ont raison, et le successeur de
la sonde WMAP, en 2007, permettra peut-être de
le confirmer, c'est une découverte majeure de
l'histoire de l'astronomie, de la physique et de la
cosmologie
et une découverte aux conséquences
bibliques.