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semaines du 20 mars 2006



Effet secondaire: effondrement du système immunitaire

Etre cobaye humain présente des risques d'effets secondaires. Mais jamais on n'aura vu dérapage aussi catastrophique qu'avec ces six cobayes britanniques qui ont été expédiés le 14 mars aux soins intensifs, dont deux dans un état extrêmement critique.


Le médicament a-t-il été mal dosé? Y a-t-il eu contamination? S'agit-il d'une erreur du manufacturier? Ou ce premier test du médicament chez des humains démontre-t-il simplement que ces derniers réagissent différemment des animaux?

Car le médicament, est-il besoin de le rappeler, avait auparavant fait l'objet, comme c'est systématiquement l'usage, de tests chez des singes. Et avant cela, sur des lapins. Et avant cela, sur des tissus en éprouvette. Par conséquent, s'il s'est rendu jusqu'à l'étape des essais cliniques, c'est parce qu'à toutes ces étapes préalables, il a apporté des résultats encourageants, voire très encourageants.

Que des cobayes rémunérés subissent des effets secondaires n'a rien de rare dans l'univers des essais cliniques: cela fait partie des risques du métier. Mais que ces cobayes en bonne santé, âgés de 18 à 30 ans, subissent des défaillances subites aux quatre coins de leur organisme qui ont failli les faire mourir tous les six, est aussi inattendu qu'incompréhensible.

"Une machine lui vide les poumons. Sa poitrine est gonflée, son visage tout enflé, de couleur violette et jaune", a décrit à la BBC l'amie d'un des cobayes.

L'anticorps qu'ils testaient devait en théorie stimuler le système immunitaire pour l'aider à combattre les cellules cancéreuses.


Les secrets du système immunitaire

L'idée n'est pas nouvelle. Il y a des années que les biologistes tentent de tracer un lien entre le système immunitaire et le traitement du cancer: ils savent par exemple qu'à la surface des cellules appelées lymphocytes T, combattantes par excellence de notre système immunitaire, réside un récepteur, le CD28. C'est à ce récepteur que s'accroche l'anticorps dont il est question ici (TGN1412). L'espoir est que, avec ce coup de pouce, le système immunitaire combatte non seulement le développement des cellules cancéreuses, mais puisse aussi combattre les inflammations causées par l'arthrite rhumatoïde.

Ces objectif peuvent paraître ambitieux, mais ils sont au contraire tout à fait vraisemblables, au vu des avancées de la médecine des 15 dernières années.

Mais un échec aussi spectaculaire illustre peut-être que le système immunitaire est plus complexe qu'on ne le soupçonnait. Celui-ci "est capable d'une puissance extraordinaire, de sorte qu'il faut être très prudent lorsque nous jonglons avec lui", résume pour les soins de Nature l'immunologiste Louis Weiner, du Centre Fox Chase sur le cancer à Philadelphie.

A lire aussi:

L'idée d'utiliser le système immunitaire pour combattre le cancer est dans l'air depuis des années. Voir par exemple ce texte de 2001 sur une recherche québécoise en cours depuis 10 ans: Un traitement innovateur contre la leucémie

 

Plus récemment, des chercheurs australiens ont proposé de modifier génétiquement nos globules blancs, armes du système immunitaire, pour en faire de meilleures combattantes anti-cancer.

Et c'est cette puissance extraordinaire qui est probablement derrière le drame qui s'est produit à Londres, chez ces six cobayes: le médicament a sans doute déclenché une "sur-stimulation catastrophique" du système immunitaire, risque le New Scientist. Une "super-réponse du système, envoyant des globules blancs à travers l'ensemble du corps, détruisant ses propres tissus" comme s'ils étaient des corps étrangers.

Or, il se trouve que le TGN1412 est un anticorps différent des autres: il est justement conçu pour générer une réponse immunitaire plus forte que les anticorps classiques. Mieux encore, le chercheur américain Peter Linsley avait écrit en mars 2005 que cette super-stimulation, qui n'existe pas dans la nature, risquait "d'attaquer des tissus sains, sans discrimination". Cela rend donc plus vraisemblable l'hypothèse du New Scientist –quoique cela n'explique pas qu'une réponse aussi catastrophique n'ait eu lieu ni chez les singes, ni chez les lapins, même quand on sait que ceux-ci n'ont pas cette protéine CD28.

La compagnie allemande TeGenero, fabricante du médicament, s'est murée dans un mutisme la semaine dernière. L'enquête des autorités médicales britanniques révélera peut-être où ce médicament a aussi magistralement failli. Mais quelle que soit la réponse, elle vient de donner un coup de massue à tous les laboratoires qui, à travers le monde, expérimentent différentes formules pour stimuler le système immunitaire.

 

 

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