La semaine dernière, la découverte d'une petite
planète glacée en orbite autour d'une étoile située
à près de 20,000 années-lumière de la Terre a été
abondamment publicisée dans les médias. Les détails
à propos de cette nouvelle planète, affublée du nom
peu flatteur de "OGLE-2005-BLG-390Lb", sont publiés
dans un article de la revue Nature (Vol.439,
26 janvier 2006).

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Pourquoi tant d'attention pour cette "n ième" exoplanète ? Après tout, le nombre de planètes extrasolaires identifiées à ce jour ne cesse d'augmenter depuis la découverte d'un premier candidat il y a un peu plus de 10 ans. Le catalogue des planètes extrasolaires compte aujourd'hui 170 objets.

Pourtant cette découverte est loin d'être banale. L'équipe internationale d'environ 75 chercheurs a repéré ce qui s'avère être la plus petite planète extrasolaire connue à ce jour. Sa masse, estimée à 5.5 fois la masse de la Terre, est environ trois fois plus petite que celles des moins massives du catalogue.

Une analyse des données du catalogue révèle que, jusqu'à maintenant, la masse de la majorité des planètes détectées est de l'ordre de celle de Jupiter (environ 320 fois la masse de la Terre) et même plus. Seules quelques planètes ont une masse inférieure, les moins massives ayant environ la masse de Neptune, soit environ 17 fois la masse de notre planète. On estime que toutes ces planètes s'apparentent beaucoup aux géantes gazeuses dans notre système solaire (Jupiter, Saturne, Uranus, et Neptune) plutôt qu'aux petites planètes rocheuses comme Vénus, Mars, ou la Terre.

Or, plusieurs chercheurs s'accordent pour dire que la vie ne peut se développer qu'à condition d'avoir un environnement propice et stable comme celui offert par notre planète. Le "Graal" de la recherche dans le domaine des exoplanètes est donc l'identification d'une ou plusieurs "exoTerres", c'est-à-dire des planètes ayant des caractéristiques physiques similaires à celles de la Terre (masse, rayon, distance à son étoile, etc.).

Malgré le nombre respectable de planètes extrasolaires identifiées à ce jour, leur découverte demeure un défi colossal. Pour le moment, à cause des distances "astronomiques" de ces systèmes solaires (plusieurs dizaines d'années-lumière) et de la faible luminosité des planètes par rapport à leur étoile (moins de 1 ppm dans le domaine infrarouge), les techniques d'imagerie directe des exoplanètes ont été peu fructeuses. Seuls quelques candidats ont été confirmés au cours des dernières années. Les liens suivants illustrent les maigres résultats:

http://www.eso.org/outreach/press-rel/pr-2005/pr-12-05.html

http://www.eso.org/outreach/press-rel/pr-2005/pr-09-05.html

La plupart des découvertes sont le fruit de techniques de détection indirecte basées sur les perturbations dynamiques qu'une planète extrasolaire exerce sur son étoile. En effet, le mouvement d'une planète en orbite autour de son étoile change la position et la vitesse de cette étoile. Les techniques d'astrométrie et de spectroscopie permettent de mesurer les variations de la position et de la vitesse de l'étoile parente et d'en déduire la présence d'une ou plusieurs planètes autour de celle-ci. Toutefois, la précision de ces techniques est limitée à l'identification de planètes massives, semblables à Neptune ou Jupiter. L'identification d'une planète comme la Terre n'est pas encore possible avec ces méthodes.

La méthode utilisée pour découvrir cette nouvelle planète est une autre technique indirecte. Elle s'appuie sur la déviation et l'intensification de la lumière d'une étoile lointaine dans le champ gravitationnel d'un système planétaire plus proche le long de la ligne de visée. Cet effet de "lentille gravitationnelle" est similaire à celui que j'ai décrit dans un billet précédent (voir "Le seigneur des anneaux", 21 nov. 2005). Grâce à cette technique il est possible de détecter des planètes beaucoup moins massives autour d'étoiles lointaines. Malheureusement, puisque la détection dépend d'un alignement parfait entre la Terre, le système planétaire, et l'étoile lointaine, elle ne peut être reproduite à nouveau pour un système donné.

Malgré tout, la découverte de cette petite planète laisse supposer que l'existence de planètes peu massives comme la Terre soit un phénomène courant. En effet, puisque la détection de cette planète, par l'effet de lentille gravitationnelle, résulte d'un alignement très précis et rare, le simple fait que nous ayons une première détection indique que ce genre de système planétaire (étoile + planète de faible masse) doit être assez commun. C'est une excellente nouvelle!

On peut imaginer que d'ici quelques années le catalogue des planètes extrasolaires contiendra plusieurs nouvelles "exoTerres".

 

 

 

 

Je donne