Une petite nouvelle astronomique est passée quasi-inaperçue au cours des dernières semaines. Il s'agit de l'explication d'un mystère entourant les échantillons de sol lunaire rapportés par les astronautes des missions Apollo il y a plus de 30 ans. Cette nouvelle illustre à quel point l'explication d'un phénomène scientifique nécessite souvent une bonne dose de patience et de persévérance.

Un des objectifs des missions lunaires était d'obtenir la composition chimique du vent solaire. L'idée est relativement simple: puisque la Lune n'a ni atmosphère ni champ magnétique important, les particules du vent solaire percutent sa surface sans rencontrer d'obstacle. Ces particules se fixent alors dans les roches lunaires. En principe, le sol lunaire se comporte donc comme une archive de l'activité solaire des 4 derniers milliards d'années !

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L'analyse du rapport isotopique entre le néon 20 et le néon 22, contenu dans les échantillons rapportés sur Terre par les astronautes, indique que le vent solaire est formé de deux composantes distinctes. Une première correspond au vent solaire "classique" de basse énergie, celui qui est responsable des aurores boréales. L'autre est associée à un flux de particules solaires à très haute énergie. Le mystère est que cette deuxième composante semble avoir été beaucoup plus importante dans le passé par rapport au flux que l'on observe aujourd'hui. Selon cette analyse, notre étoile aurait donc été beaucoup plus active dans le passé que ce que l'on soupçonnait.

C'est ici qu'intervient la sonde Genesis . La mission de la sonde orbitale était de recueillir des échantillons du vent solaire pendant une période de 27 mois. L'avantage de cette mission est que les particules du vent solaire sont recueillies directement dans l'espace sur des plaques de céramique parfaitement caractérisée dont les propriétés physico-chimiques, contrairement aux roches lunaires, sont beaucoup plus faciles à interpréter.

La mission Genesis serait probablement demeurée peu connue n'eut été de son retour spectaculaire et catastrophique sur Terre en septembre 2004. En effet, le module contenant les précieux échantillons devait redescendre doucement vers le sol suspendu au bout d'un parachute. Malheureusement, le mécanisme contrôlant le déploiement du parachute n'a pas fonctionné correctement. Le module scientifique a alors suivi une trajectoire balistique dans l'atmosphère terrestre et s'est écrasé violemment dans le désert de l'Utah.

L'aspect le plus remarquable de cette mission est certainement que près de 70% des échantillons recueillis dans l'espace ont survécu à l'écrasement et n'ont pas été contaminés par des matériaux terrestres. Évidemment, la plupart des collecteurs en céramique était fracturé en petits morceaux. Néanmoins, une fraction appréciable des échantillons a pu être récupéré après un travail long et minutieux des techniciens en laboratoire. C'était assurément un des puzzles les plus coûteux et difficiles dans l'histoire de la science !

Après plus de deux ans d'analyse, les échantillons recueillis par Genesis commence à livrer leurs secrets. Dans le cas du mystère des roches lunaires, l'analyse isotopique du "néon de Genesis" montre que l'activité solaire n'a probablement pas variée autant que les échantillons lunaires le laissent supposer. En fait, il semble plutôt que le flux de particules solaires énergétiques n'était pas plus élevé dans le passé que maintenant. L'interprétation correcte des mesures isotopique des échantillons lunaires est que ceux-ci ont été altérés au fil du temps par "l'érosion spatiale", un phénomène causé par l'impact de milliards de petites particules (micrométéorites, rayons cosmiques, etc.) qui voyagent à haute vitesse dans l'espace. L'érosion a ainsi modifié le rapport isotopique du néon 20 et du néon 22 de telle sorte que la composante correspondant au flux solaire de basse énergie a diminué, laissant croire à une composante de haute énergie plus importante.

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